Pour entamer une fin de règne qui s’annonce pathétique, Jacques Chirac a décidé de retirer du tableau électrique le fusible Raffarin, un fusible grillé depuis belle lurette, la Bérézina subie par l’UMP lors des régionales de 2004 l’ayant évidemment disqualifié de manière irréversible.
L’Union démocratique bretonne (UDB) ne regrettera guère un Premier ministre qui laisse un bilan désastreux,
Celui qui se plaisait à affecter une bonhomie paraît-il provinciale, cherchant ainsi à se démarquer ostensiblement de l’énarchie parisienne, s’était présenté comme le défenseur des modestes, inventant l’expression populiste de la « France d’en bas ». En réalité, il mena une politique confuse, socialement inique et économiquement inefficace. Au travers d’une série de réformes injustes, les coups n’ont cessé de pleuvoir sur les demandeurs d’emploi et les salariés et notamment les plus précaires d’entre eux tels les intermittents du spectacle.
L’UDB ne peut manquer d’observer que le ci-devant Premier ministre est l’auteur de deux « exploits » qui n’ont pas fini de pénaliser la Bretagne :
- Jean-Pierre Raffarin avait affirmé que la décentralisation serait le chantier majeur de son gouvernement. Si cette orientation avait pu faire naître quelque espoir du côté de ceux qui jugent impératif le rééquilibrage du territoire et une meilleure répartition des pouvoirs, la montagne a accouché d’un bien maigre souriceau. Mal conçue, mal expliquée, mal préparée, mal appliquée, la pseudo-décentralisation, rapidement avortée, a abouti concrètement pour l’essentiel à transférer des charges aux collectivités sans les moyens correspondants. Psychologiquement, elle aura eu pour effet de rendre suspecte une idée qui avait largement progressé dans l’opinion publique depuis 1981 et de donner des arguments aux jacobins.
- Le débat sur le Traité constitutionnel a été complètement pollué par des considérations de politique interne et l’impopularité justifiée du gouvernement Raffarin a littéralement plombé le camp du Oui. Que le Premier ministre et Jacques Chirac n’en aient pas pris conscience bien avant le vote témoigne d’un manque de lucidité et d’un degré d’irresponsabilité qui dépassent l’entendement.
La démission de Jean-Pierre Raffarin intervient beaucoup trop tardivement et les dégâts sont faits. La décentralisation est en panne, l’Europe est en panne. Bravo !
Toutefois, au-delà du cas Raffarin, c’est évidemment Jacques Chirac qui porte l’essentiel de la responsabilité de ces années catastrophiques à tous égards et du désastre intervenu dimanche. On peut ne pas apprécier le de Gaulle des années soixante, mais au moins le général avait tiré les conséquences de l’échec du référendum de 1969. Son petit et lointain avatar corrézien n’a à l’évidence pas la même conception de l’honneur.
La nomination de Dominique de Villepin ne paraît certes pas de nature à changer fondamentalement la donne. Nommer à Matignon un haut fonctionnaire, parisien jusqu’au bout des ongles, et qui n’a jamais affronté le suffrage universel, ne traduit pas une volonté farouche de se mettre à l’écoute de la population. La « positive attitude » consiste à se dire que cela ne peut guère être beaucoup pire. Au moins peut-on espérer échapper au couplet démagogique de « la France d’en bas ».
Ronan Divard Porte-parole de l’Union démocratique bretonne / Mouezh Unvaniezh Demokratel Breizh (contacts : ronan.divard [at] wanadoo.fr; 02 98 07 01 32 ; 06 32 29 30 84)