Agriculture et pollution des eaux : l'urgence du changement !
La qualité de l'eau demeure la préoccupation majeure de l'agriculture et notamment en Bretagne. Le 8 mars 2001, la Cour de Justice de la Communauté Européenne a condamné la France pour non respect de la directive des eaux brutes après une plainte de l'association « Eaux et rivières » ! Aujourd'hui, la Commission condamne la France à une amende de 28 millions € et à des astreintes journalières de 117 882€. En réponse, l'Etat annonce des mesures face auxquelles la profession agricole bretonne se mobilise fortement. Ce même Etat qui durant des décennies a laissé faire !
La question de la qualité de l'eau en Bretagne se pose depuis de nombreuses années. Les résultats des plans « Bretagne eau pure » malgré les sommes colossales investies ne sont pas à la hauteur des espérances. Pouvait-il en être autrement ? L'agriculture intensive, majoritaire en Bretagne a sa part de responsabilité, elle n'est pas seule en cause, l'urbanisation mal contrôlée et d'autres facteurs contribuent à la dégradation de la qualité de l'eau.
Des efforts ont été faits, mais certains secteurs sont clairement en surproduction. Au lieu de courir après des volumes de production, nous croyons « au travail sur les marges ». Produire mieux en dépensant moins (y compris de l'énergie et du temps), c'est l'orientation que l'agriculture bretonne doit prendre aujourd'hui. Il va de soi que les pouvoirs publics doivent l'accompagner avec intelligence et pragmatisme. Il est illusoire de croire ou de laisser croire que l'on pourra gagner la bataille de l'eau pure sans diminuer les volumes de productions. L'intensification agricole grande consommatrice d'énergie qui oblige à utiliser des intrants et autres produits chimiques… montre ses limites. Le modèle agricole breton doit faire sa deuxième révolution, celle de faire évoluer son type de production dominant vers ce que l'on appelle l'agriculture économe, biologique ou durable… en clair moins intensive. Le nombre d'exploitations agricoles a été divisé par 2 en Bretagne, ces 20 dernières années. L'installation des jeunes est et doit être une priorité sur l'ensemble du territoire breton. Il faut privilégier une agriculture nombreuse et familiale.
Il y a quelques années, l'Union démocratique bretonne employait une expression : « l'agriculture, le pétrole vert de la Bretagne », expression qui résume assez bien notre ambition agricole pour la Bretagne. L'agriculture et l'agro-alimentaire sont un pilier de l'économie bretonne, mais la Bretagne, première « région » agricole de France pour la production n'est que la 17ème ou la 18ème pour la valeur ajoutée par actif agricole.
La Bretagne, produit beaucoup en volume, mais la valorisation sur place de nos productions est insuffisante. La recherche-innovation a besoin d'être soutenue pour développer la valeur ajoutée et la création d'emplois. Des mesures prioritaires sont à imaginer en direction des PMI-PME.
En parallèle, il faut des règles et des outils d'encadrement, d'organisation et de régulation des marchés tant au niveau européen que mondial. Nous soutenons la nécessité de politiques agricoles fortes au niveau européen. Les aides publiques doivent être mieux réparties au niveau des actifs agricoles. Il est anormal, voire scandaleux que plus de 80 % des aides directes PAC aillent à moins de 20% des agriculteurs et les plus « gros ». L'UDB préconise une réorientation de la PAC et que les aides PAC soient régionalisées, mutualisées et orientées vers l'agriculture durable. Certains pays européens ont fait ce choix… la France a refusé de le faire.
Au-delà, les questions, de la préférence communautaire européenne et/ou celle de souveraineté alimentaire doivent être abordées sans tabou : pouvoir décider de son type d'agriculture et alimentation sans le diktat de la mondialisation débridée des marchés ? Et évidemment, il n'est pas admissible que les surplus de productions en Europe via des aides à l'exportation contribuent à déstabiliser les économies agricoles des pays les plus pauvres.
En conclusion, l'UDB croit fortement à l'avenir agricole breton et à la nécessité de réconcilier l'agriculture avec l'ensemble de la société bretonne, mais ce n'est pas qu'une question d'image.
Pour l'UDB, la porte-parole, Mona Bras
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