Malgré des débuts en fanfare et une complicité active des milieux financiers, le macronisme est déjà en crise d’impopularité. François Hollande avait aussi plongé dans les sondages d’opinion après un an de présidence. De quinquennat en quinquennat, les présidents de la République sont de moins en moins populaires. Cette évolution mine la légitimité de la Cinquième République fondée sur la figure de l’homme providentiel et sur un pouvoir centralisé, concentré dans les cabinets présidentiels.
Alors que de moins en moins de citoyens se satisfont de la figure présidentielle, les principes de la démocratie directe suscitent un regain d’intérêt. On voit toutefois de véritables caricatures de démocratie apparaître avec des mouvements dits « antisystèmes » ou « novateurs », qui reposent en réalité sur une illusion de lien direct entre les adhérents et un dirigeant.
En Bretagne, la tutelle persistante des organismes d’Etat, sont autant d’anomalies en démocratie et nous empêchent de relever les défis écologiques, sociaux et économiques.
La démocratie ne veut continuer à vivre dans les habits mal taillés de la Vème République, pas plus qu’elle ne peut s’incarner dans les mouvements suivistes à la remorque de chefs charismatiques. Une démocratie approfondie suppose à la fois une grande autonomie à la base et l’existence de corps intermédiaires reconnus. La Suisse reste un exemple en raison de son organisation confédérale, mais elle n’est pas la seule référence : l’Allemagne, avec ses 50 % de représentants des salariés dans les conseils d’administration, rappelle que la démocratie peut et doit s’applique aussi dans le fonctionnement de l’économie ; la Grande-Bretagne de son côté a prouvé en 2015 qu’un Etat pouvait accepter de laisser se dérouler un referendum d’autodétermination sur son territoire, en l’absence de conflit armé et dans des conditions démocratiques correctes. Quel contraste avec la gestion jacobine de l’État en France ou avec la répression policière et judiciaire en Catalogne !
En Bretagne, la division imposée de notre peuple, la sous-capacité financière et règlementaire de nos collectivités, la tutelle persistante des organismes d’Etat, sont autant d’anomalies en démocratie et nous empêchent de relever les défis écologiques, sociaux et économiques auxquels d’autres territoires parviennent à répondre en Europe. Tous ces exemples doivent nous inspirer pour construire en Bretagne une société plus autonome et plus démocratique, en obtenant la dévolution de compétences et de leviers fiscaux, en partageant le pouvoir a différentes échelles (région, pays, communes…) et en instaurant une culture de la démocratie dans tous les secteurs de la société.
L’Union démocratique bretonne appelle la gauche dans son ensemble à profiter de la période de recomposition en cours pour travailler sérieusement à l’idée d’une République fédérale, écologique et sociale, qui sortirait du présidentialisme et du centralisme pour partager le pouvoir dans les institutions, dans les territoires et dans les entreprises.
Ce communiqué est paru sur UDB (voir le site)