La Bretagne se caractérise par un réseau dense de villes moyennes et petites bien équipées qui font que les chefs-lieux de départements et les trois grandes villes ne polarisent qu'une partie des hommes et des activités. Cette réalité est complètement ignorée ou niée par le pouvoir actuel. Les mesures dites de réforme, d'économie et de réorganisation déjà prises ou en cours pénalisent durement une moitié du territoire breton et un tiers de sa population en supprimant des infrastructures, des services publics au nom d'un prétendu regroupement sur les chefs-lieux de département ou les grandes villes, qui n'ont d'ailleurs pas les moyens d'assurer ce surcroît d'activité.
C'est ainsi que les suppressions massives de tribunaux s'ajoutent aux projets de suppressions d'hôpitaux, de perceptions, de collèges, de bureaux de poste. Le plus souvent, il n'y a pas d'argument chiffré convaincant car on n'intègre jamais au calcul les coûts indirects de ces mesures. Un tribunal aux locaux neufs se voit supprimé et son activité concentrée sur un tribunal de chef-lieu vétuste et saturé. Les mesures en cours aggravent fortement l'inégalité territoriale et vont augmenter les fortes disparités de développement et d'emploi déjà observées en Bretagne.
Les villes moyennes et petites telles que Carhaix, Quimperlé, Guingamp, Lannion, Loudéac, Redon, Blain ou Ancenis, Morlaix ou Paimpol, ne peuvent pas s'en remettre pour leur desserte ou même pour leur survie aux villes chefs-lieux départementaux ou régionaux, et encore moins à la ville capitale Paris, récemment dotée d'un secrétariat d'État particulier.
Au total, toute la Bretagne est perdante, de Brest (sacrifiée en matière hospitalière à Nantes et à Rennes), aux chefs-lieux qui devront accueillir des populations jusque là desservies en service public de proximité. C'est un mauvais coup pour la justice et l'égalité, des principes que l'on pouvait croire défendus par la République. L'avenir des services publics du Trégor Lannion se joue aussi à Carhaix.
Fédération UDB du Trégor Goëlo