Après un premier débat à Vannes en décembre organisé par le Préfet, les sous-préfets de Pontivy et Lorient vont eux aussi devoir mettre en place le débat sur l'identité nationale en janvier. À quelques mois des élections, le véritable but de ce débat sur l'identité nationale n'est-il pas de faire diversion par rapport aux vraies questions que se posent les citoyens sur les régressions sociales subies, l'inaction en matière environnementale et l'affaiblissement des territoires éloignés des grandes métropoles ?
À la lecture des questions posées dans la circulaire adressée aux Préfets, où les réponses sont déjà suggérées, on voit que n'en sortiront que des banalités nationalistes qui confirmeront les idées que l'UMP veut faire prévaloir.
Cette identité imposée sera artificielle. Comment pourrait-il en être autrement ? D'abord parce que la France, confondant nationalité et citoyenneté, s'est construite sur des mythologies historiques niant la diversité des peuples qui la composent. Mais aussi parce que chaque individu a son propre itinéraire et son identité découle de cet itinéraire, loin de l'uniformité voulue par l'État central. Nicolas Sarkozy opère un retour dans le temps qui le ramène au début de la IIIe République, quand la France interdisait de « cracher par terre et de parler breton » et imposait l'enseignement d'une histoire.
Aujourd'hui, les individus peuvent se revendiquer d'identités multiples, voyant là non une contradiction, mais une richesse. Cette idée s'oppose à l'obsession centralisatrice de niveler, régenter, dicter des normes. Le gouvernement Sarkozy est loin de la conception des Bretons de l'identité où l'on peut être à la fois Breton, Français, Européens... Être capable de combiner ces identités, c'est se rendre apte à la diversité.
Or, cette diversité, l'UMP n'en veut pas. La meilleure preuve de ce constat amer est le rejet de l'idée d'une loi pour les langues régionales.
Il est vrai que les identités régionales, pas plus que la construction de l'appartenance à l'Europe, ne sont le souci de l'UMP. Sur les 15 propositions déjà écrites par Éric Besson, 11 concernent les étrangers en France alors que les immigrés ne sont pas un problème pour l'Europe et ses régions, mais surtout une conséquence de problèmes dans les pays d'origine. C'est plutôt là-bas qu'il faudrait tourner le regard.
La conception française d'une identité exclusive a vécu. Mais elle a laissé une empreinte difficile à effacer, celle qui ne reconnaît l'autre que totalement assimilé, rejetant toutes les différences en son sein.
Les militants de l'UDB ne participeront donc pas à ce débat car, entre les élections européennes de juin dernier et les régionales de mars, le débat n'est pas celui du parti de l'identité unique, mais celui du renforcement de la place économique, institutionnelle ou culturelle de la Bretagne en Europe.
Pour l'Union Démocratique Bretonne,Yann Syz, Fédération Morbihan, responsable des Affaires extérieures