Arrêtée le 1er novembre, Aurore Martin la militante basque française, a aussitôt été extradée vers l'Espagne.
Coïncidence ? Lundi, Manuel Valls assurait au quotidien espagnol El Pais que la France poursuivrait avec fermeté son combat contre l'organisation séparatiste basque ETA. Trois jours après cette déclaration, Aurore Martin a été arrêtée dans les Pyrénées-Atlantiques. La jeune militante basque française, âgée de 33 ans, faisait l'objet d'un mandat d'arrêt européen (MAE) délivré par Madrid, sur lequel la France s'est appuyé pour justifier son extradition vers l'Espagne dans la soirée .
Aurore Martin, est accusée de "Participation à une organisation terroriste et de terrorisme"
En l'occurrence d'avoir participé en Espagne à des réunions publiques comme membre de Batasuna, formation politique interdite en Espagne où elle est considérée comme une organisation terroriste depuis 2003 et interdite pour ses liens présumés avec ETA. Mais, Batasuna est autorisée en France.... Aurore Martin a été par ailleurs salariée de EHAK, le parti communiste basque, bénéficiant à l'époque des faits qui lui sont reprochés, d'une représentation parlementaire...
Et pourtant,
le 23 novembre 2010, la cour d'appel de Pau validait le mandat d'arrêt européen délivré par un juge espagnol à l'encontre d'Aurore Martin. Elle risque douze ans de prison pour une conférence de presse, un meeting et une réunion politique !!
En 2010 et 2011, le PS, le Parti de Gauche, RPS, EELV, le NPA manifestaient par communiqués de presse leur soutien solidaire à Aurore Martin. Une centaine d'élus dont les députés Jean Lassalle et Didier Borotra, le sénateur Didier Borotra, six conseillers régionaux , trois conseillers généraux, la fédération des Pyrénées-Atlantiques du PCF, plus de 80 maires et élus locaux signaient une pétition contre ce MAE. la Ligue des droits de l'homme, l'Association européenne des droits de l'homme et la Fédération internationale des Ligues des droits de l'homme, Michel Tubiana et Stéphane Hessel s' élevaient contre le fait que la justice était «instrumentalisée» par les États espagnol et français afin de «museler des opposants politiques». La fédération du Parti socialiste des Pyrénées-Atlantiques demandait qu'«Aurore Martin ne puisse pas être extradée sur des faits qui ne relèvent que d'actes politiques à savoir sa participation à diverses manifestations publiques et politiques organisées par un parti légal en France.»
Processus de paix au Pays Basque et refus de dialogue des États espagnols et français.
Non seulement aucun élément nouveau ne vient annuler ces prises de position de 2010 et 2011 ; mais de plus, ETA annonçait l'arrêt définitif de sa lutte armée le 20 octobre 2011, trois jours après la Conférence internationale pour la paix au Pays Basque lors de laquelle, Kofi Annan, Gerry Adams, Pierre Joxe et Jonathan Powell demandaient solennellement à l'ETA une telle annonce et aux gouvernements français et espagnol d'ouvrir parallèlement un processus de dialogue.
Malheureusement, un an après l'annonce de l'ETA et après une année de paix, sans lutte armée, les gouvernements français et espagnols continuent de refuser tout dialogue et réclament la dissolution sans condition du groupe armé.
Une décentralisation sous haute surveillance ?
Ce lundi 29 octobre 2012, Manuel Valls, ministre de l'Intérieur, a pris le contre-pied de la ministre de la Décentralisation, Marylise Lebranchu, en fermant définitivement la porte dans une interview accordée à El Pais, à la création d'une collectivité spécifique du Pays Basque. Pourtant, le jeudi 11 octobre, Marylise Lebranchu avait reçu une délégation de parlementaires du Conseil des élus du Pays Basque et avait assuré, dans un communiqué, que "le Gouvernement était attentif au débat qui se déroulait actuellement pour mieux prendre en compte l'identité basque".
L'UDB soutient Aurore Martin et dénonce l'arrestation d'une militante politique et son extradition vers l'Espagne.
L'UDB dénonce la confusion délibérée entre libre expression politique et lutte armée.
L'UDB s'étonne du refus catégorique du Ministre de l'intérieur d'entendre la volonté quasi unanime des élu-e-s, y compris socialistes, et de la population du Pays basque nord : une collectivité spécifique basque dans le cadre de la République ; volonté politique et citoyenne, démocratique et pacifique, à l'opposé de la lutte armée.
Pour l'UDB, la porte-parole Mona BRAS