Chacun a pu lire dans la presse la tourmente qui agite la majorité du conseil municipal de la Ville de Brest.
Un élu socialiste, Premier Vice-Président de Brest métropole (Alain Masson) aurait touché pendant plusieurs années des indemnités indues, sans déclaration au fisc, et ce pendant plusieurs années.
Comment ? Le PS Brestois avait créé une association de gestion afin de mutualiser les indemnités des élu.es et les redistribuer solidairement, de manière à mieux soutenir celles et ceux qui en avaient le plus besoin (les élus perdant leur emploi ou contraints de travailler à mi-temps, par exemple). Rien à redire à ce principe somme toute, vertueux. L’association a fonctionné longtemps sur la base de la confiance entre personnes partageant les mêmes valeurs, mais cependant, en dépit de toutes les règles de la vie associative, de manière opaque, entre bénéficiaires et trésorier signant les chèques. Un fonctionnement hors règles qui a permis à l’élu concerné de percevoir des indemnités de deux sources différentes.
Les faits sont assez clairs, et la cour des comptes le confirme : il n’y a pas eu de détournement de fonds publics. Les premiers trompés, malheureusement pour eux, sont les élu-e-s socialistes qui ne se doutaient de rien, et au-delà de ce cercle, les autres élus de la majorité, éclaboussé-e-s par la suspicion, en ces temps difficiles où l’opinion publique disqualifie les politiques par un « tous pourris » qui alimente le populisme et la démagogie des extrêmes.
François Cuillandre, Maire de Brest, Président de Brest métropole n’a pas tardé à réagir sainement. Il a réuni immédiatement sa majorité pour annoncer la démission de l’élu concerné.
Mais quatre partis de cette majorité (BNC-EELV-UDB-LRDG) ont aussi demandé la démission du trésorier de cette association (Jean-Luc Polard), sous peine de retrait de la majorité et leurs dix élus se sont dits prêts à rendre leur délégation.
En tant qu’élue de l’UDB, j’ai participé à cette fronde dont je suis solidaire, non en électron libre, mais avec le soutien de mon parti. Pourquoi ? Parce qu’il est urgent que le Maire de Brest, Président de Bmo fasse un geste fort en direction de la population, montre son attachement à la probité et à la transparence. « Nous ne savions rien » est répété à l’envi par des élus qui auraient dû savoir. Et c’est sans doute vrai, bien que peu de gens le croient. Voilà pourquoi nous avons demandé à F. Cuillandre qu’il s’en explique lors d’une conférence de presse. Il le fait ce jour-même.
Elu-e-s BNC, EELV, UDB, LRDG, nous pensons qu’une telle ignorance affirmée révèle un manque d’exemplarité et un manque de respect des règles de la vie associative, respect des règles que, par ailleurs, nous exigeons des partenaires associatifs de nos deux collectivités. A l’objection que « ce n’est pas nos affaires », mais une affaire interne au PS, nous répondons que non, dans les affaires relatives à la probité des élu-es, il y a des dégâts collatéraux et nous sommes tous concernés, en priorité par la désaffection massive des citoyens pour la vie politique et le danger que cette désaffection représente pour la démocratie.
Rétablir la confiance dans l’action publique ne passera certainement pas par la loi de 2017 pour la confiance dans la vie politique, à cause de son caractère inabouti et frileux. C’est sur le terrain que nous devons d’abord faire preuve de transparence à l’égard des citoyens. Et si nous pouvons affirmer que le trésorier de l’association n’a pas démérité dans sa mission d’élu, mission qu’il a exercée avec compétence et dévouement à la chose publique pendant de très longues années, il n’en reste pas moins que dans le climat actuel, la négligence est une faute politique.
Nous avons demandé au Maire de Brest, Président de Bmo de s’engager à créer une délégation, à la Ville et à la Métropole, délégation directement rattachée au Maire-Président, qui aurait pour mission de coordonner l’état des lieux des bonnes pratiques en matière de transparence et de communication des données (open data) ainsi que de s’assurer de la mise en œuvre des bonnes pratiques basées sur les recommandations nationales. S’il y a accord sur une démarche de transparence assortie de moyens, alors, oui, nous sommes prêts à assumer des responsabilités. Nous pensons avoir été entendu-e-s.
En ce qui me concerne, j’ai aussi rappelé à F Cuillandre que travailler ensemble au bien commun suppose de la confiance et de la solidarité entre composantes de la majorité. Cette solidarité ne doit pas être à sens unique. Elle n’existe pas s’il n’y a pas de réciprocité. Or, cette situation étant connue de certains élus socialistes depuis plusieurs mois, sans que nous en soyons avertis, je considère qu’il y a eu déni de solidarité. A lui de faire ce qu’il faut pour restaurer la confiance.
En tant qu’élue UDB, je pense que ces circonstances malheureuses sont l’occasion de rappeler mon attachement à quelques principes démocratiques que nous défendons à l’UDB :
J’assure les Brestoises et les Brestois de mon attachement au bien commun. Si satisfaction nous est donnée sur la transparence, j’assumerai, comme je l’ai toujours fait, mes responsabilités avec le maximum d’engagement et de convictions.
Anne-Marie Kervern, Adjointe au Maire de Brest, Groupe UDB
Ce communiqué est paru sur UDB (voir le site)