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- Chronique -
"Tan", le premier album de VINDOTALÉ
Le premier album de VINDOTALÉ
Gérard Simon Par Culture et Celtie le 11/12/20 10:13
VINDOTALÉ - "Melezourioù Arc'han" - Extrait de 01:17. CD "Tan" de Vindotalé
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Jaquette du CD "Tan" de VINDOTALÉ

« Tan » : Le feu, en breton, tel est le titre de ce premier album publié par le duo morbihannais « VINDOTALÉ ».

« Tan »… Un nom choisi pour traduire le feu intense qui s’est emparé des deux créateurs, qui se connaissent depuis longtemps, pour, enfin, composer certaines paroles et musiques, ensemble, former cet incandescent couple musical, énergiquement interpréter vocalement et instrumentalement des textes et des mélodies enflammées de fête ou de tragédie, « passer » un feu sacré et partagé pour la Bretagne et les pays celtes par les flammes d’un électro-pop-rock qui met, sur nombre de plages du programme proposé… un sacré feu !

Tiré du recueil de poésie « La Sône des pluies et des tombes », figurant, discrètement, en 4e de couverture du livret accompagnant le Compact Disk, l’extrait du poème « Incandescences », signé du poète, écrivain et journaliste breton, Xavier GRALL, semble corroborer et cautionner cet état d’esprit artistique, ces, susnommées, intentions.

« Feux de mer,

feux de terre

terre de feu,

vie de feu

danse !

danse ! danse !

aime !

brûle ! brûle ! aime ! »

« VINDOTALÉ »… C'est le prénom « Gwendal » en langue proto-celtique, l'ancienne langue commune aux peuples celtes, avant que naissent le breton, le gaélique, le gallois, des racines, particulièrement, inspiratrices du répertoire de la chanteuse et du musicien.

Mais qui sont ces deux artistes bretons qui donnent vie à cet efficace et esthétique duo ?

Pour le chant, Bleunwenn MEVEL, dite, tout simplement… Bleunwenn !

Vous la connaissez, vraisemblablement, pour l’avoir entendue avec TRI YANN et pour des participations, auprès de Carlos NUNEZ ou de Dan AR BRAZ.

Souvenez-vous ! Elle a fait partie, avec le statut, d’alors, récente musicienne professionnelle, de la longue et pérenne aventure du groupe TRI YANN, en tant que membre, à part entière, précisément entre 2000 et 2001, en l’absence temporaire de Jean-Paul CORBINEAU. Ainsi, elle a participé à la tournée et au 12e disque des « 3 Jeans », titré « Le Pélégrin ».

En 2002, elle est l’invitée de Carlos NUNEZ qui enregistre son nouveau Compact Disk « Un Galicien en Bretagne ».

En plage 7, aux côtés de Gilles SERVAT, sur « An hini a garan - Celle que j’aime », elle intervient, en solo pour le 2e couplet, en duo pour le 3ème et, en très joli contre-chant, pour le 4e.

En 2003, Bleunwenn figure au cœur de la distribution du disque de Dan AR BRAZ, « À Toi et Ceux ».

Discrètement, pour les chœurs enjolivant la composition de Dan et de Clarisse LAVANANT, « La route vers l‘ouest » qui ouvre l’opus et, d’une façon plus marquée, pour les répliques du chant du deuxième titre « Mary’s dancing ».

Antérieurement à ses premiers pas professionnels, susmentionnés, dès l’âge de 15 ans, Bleunwenn a commencé par apprendre le piano à l’Ecole de Musique de Pontivy, avant de se consacrer, en amateur, au chant personnel et en chorale.

Elle s’initie, aussi, à la danse bretonne, qu'elle pratiquera, pendant une dizaine d'années, au sein des référentes formations

« Bagad/Cercle », Kerlenn Pondi (Pontivy) et Kevrenn Alré (Auray).

Puis, professionnellement, bercée par des genres musicaux très variés allant du classique au rock, en passant par les musiques du monde, inspirée par des chanteuses telles que, d'origines cherokee et irlandaise, Tori AMOS, écossaise, Karen MATHESON ou canadienne, Loreena McKENNITT, Bleunwenn a surfé entre les planches de l’Opéra de Rennes et la création bretonne.

Bleunwenn a, également, participé à plusieurs groupes de folk-rock celtique :

« GLAZ », puis, avec ses frères Konan, Gurvan et Gwenhaël, « KAD » (1992 à 2001 - Groupe de rock celtique progressif, primitivement, dénommé Kadwaladyr), « BELSHAMA » avec, notamment, Konan et Gurvan, et ARZ NEVEZ, formation menée par Yves RIBIS, (CD Canntaireachd - 2012 où elle y interprète, magistralement, dans des volutes de réverbération, un onirique

« Kimiad To The Luthier ».

La chanteuse joindra sa voix à l’opéra-rock « Strinkadenn Ys » (Seven Reizh).

Elle donne des cours de chant et exerce ses talents, plutôt en classique-lyrique (Chœur de l'Opéra de Rennes, Orchestre des Jeunes de Méditerranée, ensemble vocaux, dont Chœur de chambre « Mélisme-s ». La musique bretonne et celtique reste, néanmoins, l’un de ses univers de référence, tant pour le chant que pour ses compositions dont vous retrouvez certaines d’entre-elles dans ce présent opus « Tan ».

De son côté, Gwenolé LAHALLE apprend la guitare à 12 ans, compose, chante et monte sur scène à 15 ans, au sein du groupe de rock celtique « TAN FLAM » (Décidemment !).

Il poursuit son parcours et nourrit sa passion musicale pour devenir… ingénieur du son !

A ce titre, il travaille, régulièrement et notamment, avec de nombreux artistes de la scène bretonne traditionnelle, comme CARRÉ MANCHOT, Annie EBREL, Yann-Fañch KEMENER, HAMON MARTIN Quintet … ou, plus pop, Gérard DELAHAYE, Sylvain GIRO, dans le cadre de nombreuses manifestations et festivals (Vieilles Charrues, Transmusicales, Art Rock, Festival de Cornouaille).

En 2008, ce brillant guitariste, chanteur et expert des techniques sonores, crée son propre studio d'enregistrement en continuant, simultanément, à composer, toujours inspiré par sa culture pop-rock et la musique bretonne et celtique.

« Tan » fusionne et synthétise, ô combien, ses compétences et son goût marqué pour la belle création artistique, musicale et technique, puisque c’est Gwenolé LAHALLE qui signe, ou co-signe avec Bleunwennn, quatre compositions et tous les arrangements du disque, joue de très enjôleuses lignes de guitare, assure la prise de son et, avec Louis SOLER, par ailleurs, chargé de la direction artistique, réalise le mixage… Sur des boucles électro, très efficaces, mais parfaitement maitrisées, dans une percutante nuance, le résultat est excellent, l’album étant, particulièrement bien produit, tant pour la stratification des plans sonores que la mise en espace !

A la lecture de ces deux respectifs itinéraires, il est aisé d’envisager la pertinence et la qualité de cette première publication discographique de « VINDOTALÉ ».

Une très belle voix féminine posée sur une rythmique tonique, cette dernière restant, toujours, dominée par de très harmonieuses mélodies, « Tan » est loin d’être un simple « guitare-voix ».

Pour enrichir la texture, la « colorimétrie » musicale et harmonique du projet, Bleunwenn et Gwénolé ont invité, pour quelques titres, Sylvain BAROU, à l’uilleann-pipe, au duduk et à la flûte traversière, Gwenaël MEVEL, à la bombarde et Louis SOLER, à la guitare basse.

Le répertoire choisi, tour à tour, dansant, intimiste ou franchement électrique, toujours pop-rock, où se mêlent compositions et arrangements de chants traditionnels bretons dont certains, peu connus, tirés du Barzaz Breiz, et celtiques d’origines irlandaise, galloise ou écossaise, présente une diversité qui ne nuit, en aucun cas, à la cohérence du programme, mais qui permet, au fil de l’écoute, de mettre, ça et là, plus en avant, la prenante, puissante, mais, ce n’est pas antinomique, suave voix de la chanteuse, les interventions guitaristiques électrisées, parfois échevelées ou acoustiques et voluptueusement jazzy du guitariste, ainsi que, ne l’oublions pas, les textes.

Ceux-ci, évoquent l’amour heureux et festif, comme le déçu, l’amour du pays breton, les relations homme-femme, tendres ou violentes, le drame, comme l'histoire d’une jeune femme se faisant ensevelir, durant trois jours, pour échapper au viol d’un capitaine, mais aussi des chants d'oiseaux ensorceleurs, des rêves de voyage dans le désert, des instants de fête et de danse...

Bleunwenn chante, avec la même aisance et expression, en breton, français et anglais.

C’est par une chanson traditionnelle, chantée en breton, que s’ouvre ce CD de 11 titres, avec « Melezourioù Arc’hant - Les miroirs d’argent » et, croyez-nous, ça démarre comme un cheval au galop, tous les ingrédients vocaux et instrumentaux, sus-décrits, étant au rendez-vous pour introduire ce programme aux larges aspects très électriques empruntant les chemins de la chanson bretonne ou de Bretagne et de l’univers celtique !

Sur des plans sonores et une mise en espace stéréophonique, très travaillés, les premières notes de guitare électrique, en

« fond de toile » sont, immédiatement, rejointes par le chant souple et déterminé de Bleunwenn, avant que les frénétiques et, à présent, frontaux riffs de Gwenolé s’emparent de l’effréné tempo, pour y développer de premières arabesques mélodiques au sein desquelles, subrepticement, viennent se fondre, se confondre les notes acidulées de l’uilleann-Pipe de Sylvain BAROU.

Une légère inflexion, des mots presque susurrés sur de persistantes boucles électro et la chevauchée reprend de plus belle, magistralement menée, par la voix de la chanteuse.

Les dialogues Uilleann-Pipe et guitare deviennent furieux…

Quelle belle idée d’introduction pour cet opus. C’est « Tan », cette promesse de feu qui sera, certes, au cours du programme proposé, modulée par les incandescences plus « couvantes » des ballades !

Vous le découvrirez, tous les morceaux sont, vraiment, dignes d’intérêt et nous ne vous engagerons pas dans une énumération et description systématiques de chaque pièce.

Nous nous arrêterons, néanmoins, en plage 3, sur le célèbre « Karantez-Vro - L’amour du pays », poème de la légendaire paysanne et poète originaire des Côtes d'Armor, Anjela DUVAL (1905-1981), texte mis en musique par Véronique AUTRET.

Vous le savez, sans nul doute, le poème raconte la blessure de jeunesse au cœur d'une femme qui n'a pas voulu quitter sa Basse-Bretagne pour suivre le marin qu'elle aimait, aux gouts si différents !

« E korn va c'halon 'zo ur gleizhenn,

'Baoe va yaouankiz he dougan

Rak, siwazh, an hini a garen

Ne gare ket pezh a garan.

Eñ na gare nemet ar c'hêriou,

Ar morioù don, ar broioù pell :

Ha ne garen 'met ar maezioù,

Maezioù ken kaer va Breizh-Izel ».

« Au coin de mon cœur est une blessure,

Elle est gravée depuis ma jeunesse.

Car, hélas, celui que j'aimais

Ce que j'aime, il n'aimait pas.

Lui n'aimait que les villes,

Les mers profondes, les pays lointains ;

Je n'aimais que les campagnes,

Les campagnes si belles de ma Basse-Bretagne ».

La délicieuse voix de Bleunwenn qui sait mêler puissance et émotion est portée, dans un premier temps et des couleurs musicales plus traditionnelles, par le jeu cristallin de la guitare électro-acoustique de Gwenaël, en prémices, en seconde partie, au retour des boucles électro et de la ligne de guitare électrique qui s’emparent, avec déférence, de cette belle mélodie, sans la dénaturer.

C’est là tout l’exploit de cet arrangement pour ce titre et, plus généralement, pour tous les morceaux de l’album.

Par son jeu électrifié et, parfaitement maitrisé dans ses développements, Gwenolé parvient à ajouter du « déchirement » à cette poignante situation sentimentale.

Puis, la bombarde « entêtée » de Gwenaël MEVEL qui, comme pour mieux s’unir, vient lutter avec les aigus du guitariste et donner, si nous osons dire, le « coup de grâce » identitaire, à ce titre bien connu.

Magnifique pièce, traduisant, à dessein, la démarche artistique de « VINDOTALÉ ».

Les pièces précédemment évoquées nous permettent de mentionner deux des musiciens invités, Sylvain BAROU et Gwenaël MEVEL. Il nous reste à retrouver, à la basse, Louis SOLER.

Après la prospective pièce de la 5ème plage, titrée « Son Al leur-Nevez - Chant de l’Aire neuve » où la maitresse voix de Bleunwenn règne et, se conjuguant aux effets sonores, envahit un final nourrit, Louis SOLER intervient, à nouveau, à la basse, en piste 6, pour le morceau le plus « World » du disque, aux côtés de Sylvain BAROU, cette fois au duduk, instrument « typé musique du monde ».

Sur une composition de Gwenolé LAHALLE, le texte écrit par Bleunwenn est chanté, alternativement en Français et en Breton.

« Hier au soir, dans tes bras de jade,

J’ai cru voir le désert qui me fascine.

Le désert dont rêve chaque nuit,

Nuit-douceur où le vent vous câline,

Pendant que d’autres, à jamais, s’enfuient ».

« Gouelec’h - Désert », notamment, merveilleusement « peint » par le duduk de Sylvain et le chant final « orientalisé » de Bleunwenn, traduit le désir de la chanteuse bretonne, attachée à ses racines, de s’ouvrir, aussi, aux autres cultures, aux autres racines. Tout l’esprit breton, depuis la nuit des temps, ouvert, sur le monde !

Avec la participation d’une voix d’enfant, celle de Maodez et celles d’un chœur improvisé d’une bonne quinzaine de copains et amis dont le crédit est spécifié, en avant-dernière page du livret joint, le morceau suivant, « Can Y Melinydd - « Chanson du meunier », nous emporte au Pays de Galles.

Pour notre part, nous avions découvert cette mélodie, sur un autre tempo et chantée en gallois, grâce à Alan STIVELL qui l’avait interprétée, en plage 4 de son disque vinyle 33 tours, « Chemins de terre », paru en 1973.

Pour définir l’origine de ce morceau, rien de mieux que de reproduire, ci-après, sa propre note :

« Comptine que les enfants gallois chantent, en dansant, dans les champs de poireaux. »

Grâce à l’arrangement de Gwenolé « VINDOTALÉ » nous en offre, ici, une entraînante version collective.

Si l’album « TAN » a été, sans nul doute, peaufiné par « VINDOTALÉ » et par ses talentueux complices, Bleunwenn et Gwenolé ont souhaité, également, pour leur « premier enfant », une présentation raffinée et évocatrice du contenu.

Pour la jaquette, où, vous l’aurez remarqué, induisant la parfaite concorde entre la femme et l’homme, le O de « VINDOTALÉ » est fruit de la conjonction des symboles ♂ et ♀, le duo a fait appel, à un graphiste inspiré, Laurent RICHARD.

Celui-ci, a su, remarquablement, traduire le feu, les racines inspiratrices et la silhouette des deux acteurs de ce « féérique » spectacle sonore qui verra, nous en sommes certains, un bel aboutissement scénique, largement imagé.

La matière est là, tant sonore que, virtuellement… visuelle !

Le livret interne, à la même charge graphique, illustré, en avant dernière page de photos en noir et blanc prises au cours de l’enregistrement par Myriam JEGAT, reprend tous les textes interprétés, avec, pour nombre d’entre eux, les traductions en français, réalisées par Gwendal MEVEL.

Nous vous conseillons, vivement, l’acquisition de ce disque qui a, entre-autres, pour mérite d’inscrire les racines mélodiques bretonnes, celtiques, dans la musique actuelle, sans forcer le trait par des boucles électro, comme trop souvent, intempestives et opportunistes, mais en habillant et valorisant, avec respect, les dentelles du passé dans des drapés d’acier et d’éclairs bleutés, qui transitent, sans toutefois dater, par certains virtuoses jeux de guitare, marqueurs des années 70.

Bien que certains morceaux puissent être dansés, il ne s’agit, aucunement, d’un album de fest-noz, mais, sans aucun doute, d’un substantiel répertoire pour concert.

Félicitations à Bleunwenn et Gwenolé, donc à « VINDOTALÉ », pour l’orientation, la « ligne éditoriale », donnée à leur projet

« Tan » qui nous le souhaitons, en générera, bien d’autres.

Gérard SIMON

Illustration sonore de la page : VINDOTALÉ - "Melezourioù Arc'han" - Extrait de 01:17.

Le site officiel de VINDOTALÉ : (Voir site)

D'autres extraits sonores sur Culture et celtie, l'e-MAGazine (Voir site)

Les titres du CD "Tan" de VINDOTALÉ

01. Melezourioù Arc'hant - 03:50.

02. Bremañ - 03:34.

03. Karantez Vro - 04:01.

04. Ar C'hazh Du - 03:44.

05. Son Al Leur-Nevez - 03:28.

06. Gouelec'h - 03:54.

07. Can I Melinydd - 03:35.

08. Bleunioù Mae - 03:29.

09. Dessous Les Lauriers Blancs - 04:36.

10. Marzhin En E Gavell - 04:13.

11. Son Ar Miz Even - 03:27.

CD "Tan" de VINDOTALÉ

Parution : 4 décembre 2020

Réf : 5112719

Distribution : Coop Breizh - (Voir site)

© Culture et Celtie

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