Chaque année, autour du 19 mai, la Bretagne célèbre la Saint-Yves (Gouel Sant Erwan), fête traditionnelle devenue progressivement une grande célébration culturelle bretonne. Initialement dédiée à Yves Hélory de Kermartin, prêtre du XIIIᵉ siècle reconnu patron de la Bretagne et des avocats, elle est aujourd'hui un événement majeur qui rayonne au-delà des frontières bretonnes, portée par une diaspora bretonne active partout dans le monde.
Depuis sa canonisation le 19 mai 1347, la mémoire de Saint Yves est célébrée chaque année lors du Grand Pardon de Tréguier (Côtes-d’Armor). À partir du XIXᵉ siècle, des mouvements régionalistes tentèrent, sur le modèle de la Saint-Patrick irlandaise ou de la Saint-David galloise, d'ériger la Saint-Yves en « fête nationale bretonne » . En 1932, une initiative commune du Gorsedd de Bretagne et de la Fédération des cercles celtiques, réunis à Nantes, fixa officiellement le 19 mai comme date symbolique de cette fête régionale, sans pour autant parvenir à l’imposer à grande échelle.
L'église catholique a su préserver l'importance du saint via la restauration de son tombeau profané en 1794. En 1880, la même année où le 14 juillet devient la fête nationale, l'évêque de Saint-Brieuc souhaite faire de la Saint-Yves la "fête nationale des Bretons". En 1924, les évêques bretons proclament officiellement Saint Yves co-patron de la Bretagne aux côtés de sainte Anne.
L’idée d'une célébration laïque renaît à Nantes en 1997, sous le nom de Fest’ Yves (Gouel Erwan). Née d’une rencontre au pub nantais « Le Graslin » , cette fête lancée par l’ Agence culturelle bretonne de Loire-Atlantique présidée alors par Claudie Poirier vise dès le départ à populariser la culture bretonne par des spectacles gratuits et accessibles à tous. Dès l'année suivante, la manifestation s'étend à plusieurs villes bretonnes puis, au fil du temps, à toute la France et à l’étranger, notamment grâce à l'engagement de la diaspora bretonne.
Sous la présidence de Jean-Yves Le Drian, le Conseil régional de la région Bretagne, séduit par le succès de cette manifestation et inspiré par l'exemple de la Saint-Patrick irlandaise, devenue une célébration mondiale grâce à la diaspora irlandaise, décide à partir de 2007 de soutenir officiellement cette fête. Rebaptisée en 2009 Fête de la Bretagne (Gouel Breizh) pour mieux refléter son caractère laïc et culturel, elle prend rapidement une ampleur exceptionnelle.
De 200 événements en 2009 à plus de 300 dès l’année suivante, cette célébration devient un véritable vecteur d’identité et d’attractivité culturelle, financée chaque année par la Région à hauteur de plusieurs centaines de milliers d’euros. À titre d’exemple, en 2015, la Fête de la Bretagne attirait déjà plus de 400 000 personnes réparties sur environ 150 événements.
À l’image de la Saint-Patrick, la Saint-Yves/Fête de la Bretagne connaît aujourd’hui une notoriété internationale croissante, principalement grâce aux communautés bretonnes expatriées très actives. Des festivités sont ainsi régulièrement organisées à Paris, au Havre, à Toulouse, mais aussi aux États-Unis, au Canada, en Chine, au Vietnam ou encore en Irlande. À Rome, l’église bretonne de Sant’Ivo dei Bretoni organise chaque 19 mai une messe en français pour honorer Saint Yves.
En 2025, pour sa 17ᵉ édition officielle sous sa forme actuelle, la Fête de la Bretagne se tient du vendredi 16 au dimanche 25 mai. Le festival musical Fest’Yves fête, quant à lui, sa 26ᵉ édition. À côté de ces festivités culturelles, le volet traditionnel demeure avec les messes en breton ou français à Versailles ou Paris, fréquentées par la diaspora bretonne et les professionnels du droit, ainsi que le traditionnel Grand Pardon à Tréguier où le crâne de Saint Yves est porté en procession.
Ainsi, en associant une célébration identitaire forte à une ouverture sur l’extérieur et en s’inspirant du succès international de la Saint-Patrick, la Bretagne fait désormais du 19 mai une date incontournable pour tous ceux qui portent haut ses couleurs, en Bretagne et dans le monde entier.