À l'occasion du décès du plus clairvoyant de tous les politiciens français depuis 50 ans, il est temps de ressortir l'étonnante révélation de wikileaks. En 2010 wikileaks publiait cet aveu de Michel Rocard à l'ambassadeur américain
À l'occasion du décès du plus clairvoyant de tous les politiciens français depuis 50 ans, il est temps de ressortir l'étonnante révélation de wikileaks. En 2010 wikileaks publiait cet aveu de Michel Rocard à l'ambassadeur américain :
Nous sommes la seule nation européenne qui soit la création militaire d'un État non homogène. C'est ce qui rend la France difficile à gouverner et explique notre difficulté à réformer, notre lenteur. __Michel Rocard
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Parmi les câbles diplomatiques que Wikileaks a récemment mis en ligne, on trouve le résumé d'une conversation que Michel Rocard a tenue avec l'ambassadeur des États-Unis à Paris. L'ancien premier ministre explique que la France est difficile à gouverner car elle s'est formée à la révolution par l'assimilation de cultures hétérogènes. Il mentionne la destruction de la culture bretonne
À ma connaissance, personne ne n'est penché sur les relations entre la non-homogénéité de l'hexagone et les difficultés à gouverner le pays. D'autres États non homogènes comme les Indes, les USA, etc. sont parfaitement gouvernables. Il est évident qu'on n'assiste pas à des révoltes ethniques en France même dans les émeutes des banlieues où la révolte des Bonnets rouges. Alors de quoi s'agit-il ?
Que veut dire Rocard ? Tout simplement que la République a dû limiter arbitrairement la démocratie par peur de forces centrifuges. Ce ne sont pas les forces centrifuges ou les désirs d'autonomie en eux-mêmes qui sont vraiment le problème mais des institutions qui ont été créées avec l'idée, non pas de renforcer la démocratie, mais de renforcer la République. Autrement dit, les valeurs républicaines ont été développées au dépend des valeurs démocratiques. C'est ça qui rend le pays difficile à gouverner. Le pays est difficile à gouverner car il ne s'est pas doté d'institutions vraiment démocratiques : domination de l'exécutif, limite du parlement, justice pas si indépendante comme l'a montré à nouveau l'affaire Kerviel, 49-3, article 5 de la constitution, régions artificielles et technocratiques, non-reconnaissance des minorités nationales, prédominance des fonctionnaires y compris des préfets etc., etc. Rocard est un rare politicien qui avait compris les origines du problème.
Commentaires (7)
Les Etats-Unis sont une fédération également. Mais c'est déjà différent à la base car 99 % de la population est issue d'une colonisation récente sur quelques siècles (et souvent de moins de 150 ans). Il y a une diversité raciale (plus qu'ethnique), mais tout le monde parle anglais et l'écrasante majorité est chrétienne.
@ Luigi. Chaque pays dit "fédéral" a sa propre façon de "faire" du fédéralisme. En plus de l'Inde et des Etats-Unis (n'oublions pas l'Allemagne) il y a le Mexique, le Brésil et combien d'autres. Le fait de parler une même langue est "assez" important mais n'est absolument pas primordial (voir par exemple l'Inde). Par contre, faire tous ses efforts pour en éradiquer une est criminel aux yeux de l'humanité. C'est le cas de la France, de ses VALEURS républicaines, de son idéologie moyenâgeuse et de tous ses flonflons nationalistes, imbéciles et demeurés. Paul Chérel
Une première chose d’abord dans l'article, c’est qu’il part d’un postulat qui est que le projet initial de la firme 1789 _non remis en question par lui il me semble ?_ c’est-à-dire : Que le centralisme jacobin est le système devant être accepté par tous les Français, « forcés » pour ce faire !
« Donc » cette espèce de « république a dû limiter arbitrairement la démocratie » pour imposer cette volonté déshumanisée, avec tous les moyens que l’on sait !
Paul Chérel, tout à fait d’accord, il y d’innombrables manières et de critères afin d’organiser les fédéralismes. Cela va jusqu’aux extrêmes du pire et du meilleur…Il n’est pas obligatoirement le meilleur système dans la mesure où les « constitutions » qui devraient administrer les fédérations _les hommes faillissent trop en ce domaine d’administration_ n’en définissent pas bien les plus hauts niveaux de démocratie, pas plus que les limites des élus chargés de l’appliquer et de la faire appliquer !
Qu’elle ne définit pas non plus vraiment, les sanctions (et/ou ne les applique pas ou mal), ni les conséquences auxquelles ces élus s’exposent et les moyens légaux, incontournables et indiscutables qu’elle se donne pour les appliquer !
D’où l’importance de l’élaboration d’une grande, belle et nouvelle constitution, et de la valeur humaine des hommes qui s’en chargent et de la qualité du débat démocratique élargi …au peuple !
Que cela soit fait pour un état fédéral, ou pour le moins pour en doter cette pauvre France qui en a grand besoin, en remplacement de cette guenille « taillable et corvéable à merci » au gré des intérêts des « jacobinosaures » .
Je ne crois pas du tout au soutien de Michel Rocard à nos revendications linguistiques et pour un nouveau fédéralisme car J'ai eu une perception différente de Michel Rocard lors d'une manifestation de Div Yezh à Brest lors du congrès du parti socialiste français en 1997. Nous attendions à la sortie de la salle des expositions de penfeld pour diffuser des tracts aux membres du congrès (pour demander plus pour la langue bretonne et particulièrement pour l'enseignement bilingue breton français).
Le hazard a fait que la voiture où se trouvait Michel Rocard s'est arrêtée à mon niveau. Michel Rocard a baissé sa vitre et m'a dit "Nous nous faisons l'europe (sous entendu pas vous bande de rétrogrades!)" et je lui ai répondu "Mais nous aussi M Rocard".
J'ai eu le sentiment qu'il considérait cette revendication comme ringarde. Eux les français allaient de l'avant, nous les bretons nous étions décidémment indécrotablement passéiste.
Le pauvre!! il n'a pas eu le temps de faire ce qu'il pensait. Je pense surtout que c'était de la langue de bois comme se l'autorisent beaucoup d'hommes politiques français quand ils ne sont pas au pouvoir.