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- Lettre ouverte -
Cancer et rémission
Qu’est-ce donc la vie, pour qu’on y tienne tant ? Pourquoi certains se suicident-ils quand d’autres subissent la torture pour rester en vie ? Ce sont là quelques questions que l’on se pose après avoir lu le livre « Cancer et rémission », dans lequel Yves GILOIS raconte «
bernadette Poiraud Par Journal La Mée le 11/07/06 13:28

Qu’est-ce donc la vie, pour qu’on y tienne tant ? Pourquoi certains se suicident-ils quand d’autres subissent la torture pour rester en vie ? Ce sont là quelques questions que l’on se pose après avoir lu le livre « Cancer et rémission », dans lequel Yves GILOIS raconte « six ans de combat »

Le livre est bien écrit : jusqu’au bout on reste en haleine, inquiet de savoir comment l’auteur réussira à échapper à son « lymphome folliculaire centrocyto centroblastique » (cancer des ganglions)

Toute douleur qui n’aide personne est absurde (A.Malraux)

De violentes douleurs abdominales : ce fut le début, banal, d’une longue maladie. Le jeune homme, il a 41 ans, doit choisir alors entre un traitement classique avec chimio, et un protocole de soins, encore à l’étude, qui comporte chimio + rayons + prélèvement de greffon + autogreffe. L’avenir lui dira qu’il devra subir le tout.

Yves est quelqu’un de très combatif : c’est en partie ce qui le sauvera dans les situations qu’il rencontrera et qu’il relate grâce aux notes qu’il a prises :

- L’obligation de cesser le travail qu’il aime. Provisoirement espère-t-il. Ceci s’accompagne d’inquiétudes sur ses revenus futurs. - L’obligation de vendre la maison qu’il vient d’acheter car l’assurance ne prend pas en compte sa maladie. Ceci s’accompagne de la perte d’emploi de son épouse - Et surtout les complications liées à la maladie.

Tous ceux qui connaissent des malades traités par chimio, savent les effets secondaires qui en résultent : nausées, fourmillements, et crainte d’une immunodéficience qui rend le malade plus sensible aux virus et microbes. Dans le cas d’Yves Gilois ce fut bien pire, car la rechute de la maladie entraîna une autogreffe d’abord, puis une allogreffe (avec un greffon provenant de son frère) qui imposèrent le séjour prolongé en chambre stérile.

Rien ne sera épargné

Interféron, antibiotiques, corticoïdes, antalgiques, somnifères, anxiolytiques, morphine. Perfusions, prises de sang, radios, scanners, fibroscopie, coloscopie, biopsies (une vingtaine !) ... quelle partie de plaisir !

Car rien ne lui sera épargné : tremblements, frissons, bouffées de chaleur, fatigue intense, insomnies, sueurs nocturnes incessantes, diarrhées ou constipation, vomissements, excitation-dépression, phlébite, occlusion intestinale, problèmes urologiques, mycose, insuffisance rénale, zona et « réaction du greffon contre l’hôte » (ce qu’on appelle à tort : rejet). La maladie, avec ses dégâts collatéraux, n’est qu’une longue torture avec, de temps en temps, des périodes de rémission brutalement interrompues. Il y a la souffrance personnelle, il y a le regard des autres : « je me culpabilise de ne pas travailler et surtout d’avoir du temps libre. J’ai l’impression de vivre au rythme des retraités bien avant l’heure ». Il y a aussi les inquiétudes par rapport à la famille, aux enfants en particulier. JPEG - 460.7 ko

Le livre décrit, non sans humour, l’engrenage infernal, et tout ce qui fait qu’un homme peut supporter, ou non, les épreuves qui l’accablent : l’amour de l’épouse, la présence des amis, la qualité du personnel médical. Yves raconte l’ardeur de son combat, mais aussi ses périodes de désarroi, parfois de désespoir et en même temps toute l’attention qu’il a portée aux autres, notamment à ses deux fils, pour qu’ils ne souffrent pas des conséquences de sa maladie. « Je ne suis pas prêt pour mourir, je pense à mes enfants qui ont encore grand besoin de protection avant d’amorcer une vie d’adulte et de pouvoir affronter ses difficultés avec un minimum de sérénité ».

Il énumère aussi tous les petits plaisirs de la vie qu’il faut savoir cueillir : la fête de l’école, une promenade au bord du canal, une soirée avec les parents ou les amis, et toujours la présence de Pascale, son épouse. « On se tient par la main, il n’y a pas beaucoup de dialogue, mais cela me suffit pour calmer mes angoisses. Ses caresses sur mes mains sont réparatrices et j’ai envie de me blottir contre elle, afin d’être en sécurité, un peu comme un enfant qui a peur et cherche un refuge ».

La maladie est pour lui occasion de réfléchir sur le sens de la vie mais aussi ... sur le chômage, « cancer de la vie » qui touche quelques amis.

Avril 2006 : cela fait six ans maintenant que le combat est commencé. Yves Gilois a le sentiment, non d’une guérison, mais d’une rémission. Que va-t-il faire ? Il choisit de témoigner, pour l’association « ADOT » (don d’organes) « Je pense que dans notre société, le commun des mortels est mal à l’aise avec les maladies graves et les handicapés, et ceci est sans doute un manque d’information doublé d’un certain individualisme ». On sent qu’il sera toujours reconnaissant à son frère « pour ce don de cellules qui sauvent une vie ».

Il souhaiterait reprendre le travail mais qui voudra de lui, à mi-temps, après 6 ans d’arrêt-maladie ? Chorale, association culturelle (Artnonyme), parents d’élèves,Yves s’est engagé sur le temps libre qui lui est laissé, en dehors des indispensables temps de repos. « Sans rêves et sans désirs, le courage et la volonté n’existent pas. Le métissage, les expériences, l’acceptation de la différence, l’envie et la connaissance rendent la vie plus captivante » dit-il.

On sort de ce livre avec une formidable envie de vivre. Merci Yves.

En vente à la Librairie Lanoë à Châteaubriant - 15 € ou chez l’auteur Yves Gilois à Blain

B.Poiraud

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