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  Carole Bonnier
Carole Bonnier
- Interview -
Carole Bonnier : étoffes et doigts de fée
C'est l'histoire d'une jeune fille, d'une grande passion et d'une réussite cousue main. Rencontre. Un petit magasin « Etoffes et doigts de fée », rue de Couëré, à Châteaubriant : des tissus, des coussins, des rideaux originaux, des tringles décoratives … Carole Bonnier accueille les visiteurs avec le sourire. Du
bernadette Poiraud Par Journal La Mée le 28/10/07 22:00

C'est l'histoire d'une jeune fille, d'une grande passion et d'une réussite cousue main. Rencontre.

Un petit magasin « Etoffes et doigts de fée », rue de Couëré, à Châteaubriant : des tissus, des coussins, des rideaux originaux, des tringles décoratives … Carole Bonnier accueille les visiteurs avec le sourire. Du mardi au samedi. Le lundi elle se rend à domicile pour conseiller les clients (ou plutôt les clientes !).

Le parcours de Carole n'a rien d'une flânerie nonchalante. C'est plutôt celui d'une femme qui a dû se battre pour réaliser sa passion.

Au départ, à l'issue de la classe de troisième, la jeune fille souhaitait devenir décoratrice d'intérieur. Mais les écoles spécialisées lui étaient inaccessibles. Elle a donc fait une seconde, option Arts Plastiques au lycée Guy Môquet, puis une première et une terminale G, option commerce, au lycée St Joseph, avant de poursuivre un BTS force de vente à Cholet, mais elle ne se voyait pas vendre tout et n'importe quoi. Elle a donc fait l'effort de remettre à plat ses passions, et notamment la couture, apprise avec sa mère.

Refaire un C.A.P. après un BTS

« J'avais déjà 21 ans, et un BTS. Je suis reconnaissante au directeur du lycée La Baugerie, à Nantes, d'avoir bien voulu me laisser la chance de préparer un C.A.P.». Carole est entrée dans ce lycée le 6 décembre 1994, le jour de ses 21 ans. « J'ai été dispensée de l'enseignement général, j'ai fait 35 heures d'apprentissage de la couture, par semaine, en jouant sur quatre classes de niveaux différents ». En seulement 6 mois de préparation, alors que le cursus normal est de 2 ans, Carole a pu passer et réussir son CAP « couture floue ».

Elle a aussi été présentée au concours du meilleur apprenti : elle a été médaille d'or sur la Loire-Atlantique et ensuite sur tout l'Ouest (9 départements). Première satisfaction.

Carole s'est rendue ensuite à la Roche sur Yon et s'est inscrite pour passer le CAP et le BEP « tailleurs dames » mais la formation a été annulée un mois avant la rentrée !

Carole ne souhaitant pas travailler en usine de couture a cherché une autre formation qui complète et valorise la sienne. Mode et chapellerie, pourquoi pas ?

Voilà donc Carole en route pour Coutances, puis Paris pour un stage de 3 semaines à l'Opéra Garnier : « Très intéressant. Nous avions à restaurer les très vieux chapeaux qui servent aux artistes. Découvrir les coulisses du théâtre, voir les spectacles d'en haut, croiser les artistes et les danseuses-étoiles … Un rêve » dit-elle. Le deuxième stage en entreprise se fait à Lyon chez une modiste réputée dure mais rigoureuse, Mme Buhard, qui réalisait des chapeaux de mode mais aussi des chapeaux de travail (casquette). « Paille, velours, feutre, tissu, elle m'a permis de travailler tous les matériaux. Ce fut pour moi une période formidable ».

Diplôme en poche, Carole participe à un concours de chapeaux à Paris sur le thème « l'élégance au printemps ». C'est là qu'elle est remarquée par un chef d'entreprise italien qui voulait monter une boutique à Paris pour ses filles. Expérience très décevante sur laquelle Carole ne souhaite pas s'étendre.

Elle a donc donné sa démission. Le patron lui a versé strictement le prix de la pension, pas un sou de plus. « Je suis rentrée à Châteaubriant démontée, déprimée et j'ai fait de l'intérim … dans l'agro-alimentaire avant de trouver un magasin de tissu, une solderie, qui m'a embauchée. Là j'ai fait l'ouverture [et la fermeture ! ] du magasin, 23 mois, pas de prime de licenciement, pas droit à une procédure de reconversion. Encore une déception, mais cela m'a au moins permis de connaître les besoins à Châteaubriant. J'ai donc décidé de m'installer ».

S'installer ? Cela signifie : trouver un financement, trouver un pas de porte, réaliser l'aménagement, acheter du stock, etc, tout en ne vivant que sur les revenus de l'Assedic. « Cela m'a demandé un an et demi » dit Carole qui, dans un premier temps, a souhaité une formation au droit commercial et juridique. « On ne vous la paiera pas » dit l'ANPE, « allez voir du côté du fonds social de l'Assedic ». Mais là non plus ce n'était pas garanti : cela dépend du bon vouloir de la commission d'attribution. Il a fallu établir des devis pour cette formation, et commencer à suivre les cours, sans aucune certitude. « Finalement j'ai obtenu l'intégralité du coût de la formation. J'en ai déduit qu'il fallait taper du poing sur la table !' ».

Carole poursuit la préparation de son projet avec la Chambre de Commerce. « On m'a bien indiqué toutes les aides possibles. On m'a aidée à construire mon budget prévisionnel ». Finalement Carole trouve un pas de porte libre dans la Rue de la Barre à Châteaubriant. Compromis de vente est signé mais, patatras, les Banques ne veulent pas prêter. Est-ce donc fichu ?. « J'ai essayé alors sur Pouancé. Je savais que mon projet était bon. Mais pas plus de succès ». Déception.

« Tant pis, je m'installe ». « J'ai trouvé un local libre dans la rue de Couëré, j'ai monté un nouveau prévisionnel, plus allégé. J'avais la caution de Pays-de-Châteaubriant-Initiative. Il me manquait le Fonds de garantie à l'initiative des Femmes, qui dépend de la Préfecture. C'était urgent. J'avais acheté pour 10 000 € de marchandises. Il me fallait faire des ventes immédiatement ».

Mais c'était le mois de juillet. La personne qui s'occupait du Fonds de garantie est partie en vacances. Le dossier n'est pas passé à la commission de juillet. Il n'y avait pas de commission en août. Il a fallu attendre. « Le fournisseur attendait. La banque attendait le fonds de garantie de la Préfecture. Tant pis, j'ai ouvert le magasin le 8 octobre 2002. J'ai demandé et obtenu des lettres de soutien d'associations comme Arc-en-ciel. Cela m'a rassurée. Les garanties ne se sont débloquées que fin octobre »

De bon conseil

Et ça a marché. Tout de suite il y a eu du monde. « Etoffes et doigts de fée » rayonne sur 40 km à la ronde. Carole offre tout un choix de tissus et s'est adaptée à la demande. Par exemple le lundi elle va à domicile, avec ses échantillons de tissus, pour essayer de voir ce que veulent les clientes, pour assortir les formes et les coloris au décor de la pièce. Elle établit un devis et réalise un travail personnalisé. Classique ou original. « Je ne vends pas de rideau-type. Les clientes viennent dans mon magasin quand elles ne trouvent pas ailleurs ».

« Je connais les tissus, j'ai étudié les fibres, je sais comment les travailler, les entretenir. Je me tiens au courant des nouveautés, dernièrement pas exemple j'ai vu apparaître des tissus plus écolos, en cellulose de bambou par exemple. Je ne vends pas sans donner un conseil ». Carole a le plaisir de noter la satisfaction de ses clientes

Nappes, rideaux, coussins, housses de fauteuil, toiles de Mayenne, tissus au mètre en ameublement et en habillement… allez donc faire un tour dans le magasin. La porte est toujours ouverte.

Carole Bonnier Etoffes et doigts de Fée 20 Rue de Couëré - Châteaubriant Tél 02 28 04 06 99 carole.bonnier2 [at] wanadoo.fr www.etoffes-et-doigts-de-fee.com

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