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- Chronique -
Deuxième opus pour O'TRIDAL : « Triumvirat »
Présentation du deuxième opus d'O'TRIDAL : « Triumvirat ».
Gérard SIMON pour Culture et celtie le 8/04/23 10:25
O'TRIDAL - "Confluentia". CD O'TRIDAL "Triumvirat"
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Jaquette du CD de O'TRIDAL "Triumvirat"

« Trois âmes déchaînées qui s'allient pour produire une musique bretonne enflammée… ».

Aussi bien par la production, PAKER Prod, que par la distribution, COOP BREIZH, c’est ainsi qu’est préfacée la présentation du trio O’TRIDAL et, plus particulièrement, son nouvel et deuxième opus, titré « Triumvirat ».

Rien d’étonnant, en matière de frénésie artistique ou d’incandescence musicale, dirons les locuteurs de la langue bretonne, puisque « TRIDAL » peut se traduire par exulter, jubiler, tressaillir, exploser de joie, parvenir à l’extase !

Quant au titre donné au Compact-Disc, « Triumvirat », celui-ci n’est pas usurpé, car, stricto-sensu, ce vocable désigne une association de trois personnes exerçant un pouvoir, une influence et dans le présent contexte, une intention créatrice et musicale bien personnelle et communicative, ainsi, clairement affirmée.

Et quelles sont ces trois âmes déchaînées ?… Vous allez, sans doute aucun, les reconnaître, pour les avoir, déjà, rencontrées sur nos pages en ligne lors de la présentation de leur 1er et remarquable album « Karrdi Sessions », paru en avril 2019 (Notre chronique) .

Il s’agit de :

- Tibo NIOBE, aux guitares,

- Kentin JUILLARD, aux batterie, drums et percussions,

- Yeltaz GUENNEAU, à la flûte traversière en bois et au duduk.

La puissance, le large spectre sonore et l’occupation de l’espace que ces brillants instrumentistes mettent en œuvre font oublier qu'ils ne sont, en fait, que trois musiciens qui, très généreusement, nous offrent une innovante, riche et ample musique, tant à écouter… qu’à danser !

Ah, certes, fondé en 2016, ce « trio inventif et inclassable », comme il se qualifie, lui-même, sur les pages de son site officiel, crée une musique bretonne assez atypique, hors-normes, très originale et spécifiquement griffée « O’TRIDAL », mais qui, ne vous fourvoyez pas, reste dansable et, parfaitement, pratiquée dans les festoù-noz, par les aficionados les plus exigeants qui recherchent, malgré tout, un certain renouveau.

La musique bretonne demeure, bel et bien, l’indéniable source de l’inspiration de ces trois compositeurs qui ont, chacun, ne l’oublions pas, débuté leur parcours musical au cœur des célèbres et référents bagadoù quimpérois : Le Bagad KEMPER, pour le flûtiste Yeltaz GUENNEAU et le Bagad PENHARS pour le guitariste Tibo NIOBE, ainsi que pour le percussionniste et batteur Kentin JUILLARD.

Mais la force de toutes enracinées et solides fondations n’est-elle pas de permettre à d’expérimentés, audacieux et talentueux bâtisseurs d’oser l’édification d’architectures nouvelles ?

En s’inscrivant, pleinement, dans leur époque, en, comme l’on dit communément, « renouvelant le genre », ceux-ci garantissent, ainsi, la pérennité racinaire culturelle.

En matière musicale et dansante, O’TRIDAL, est une fort représentative figure de ces groupes de musiques à danser bretonnes, qui, plus que jamais, nous le constatons, notamment, au travers des dernières créations nourrissant nos pages en ligne, marquent de leur inventivité le fest-noz ou fest-deiz d’aujourd’hui.

Ce rassemblement festif enraciné, apparaît, désormais, nous semble-t-il, plus proche du concert à danser, aux mélodies évolutives et méticuleusement travaillées éloignées de tout basique et récurrent accompagnement traditionnel des pas des danseurs.

Notamment, dans les milieux urbains, mais pas seulement, nombreux sont, ceux qui partagent la transe que peut procurer cette musique d’un genre nouveau qui, de plus, associe, bien évidemment, des cousines et gaéliques notes celtiques, irlandaises ou écossaises et se métisse de couleurs africaines, orientales, voire d’autres continents.

Différemment du premier album d’O’TRIDAL, « Karrdi Sessions », au cours de ce présent programme vous n’entendrez pas d’instruments traditionnels, comme la cornemuse écossaise confiée, alors, pour cette première publication discographique, aux souffles et jeux de deux invités.

« Triumvirat », c’est, en près de 41 minutes, avec 9 titres, dont 8 compositions originales, signées collectivement d’O’TRIDAL et l’arrangement d’un traditionnel écrit par Jean-Louis HENAFF, un deuxième enregistrement créé, finalement, au plus près de l’énergie que, sur scène, communique le groupe.

Judicieusement alternés ou entrelacés, le rock, le blues, le jazz, donnent une dynamique certaine à cette production qui échappe, vraiment, à toute monotonie et uniformité qui pourrait découler d’une distribution instrumentale, de facto, réduite et c’est l’une des performances à mettre au crédit de la formation.

Les guitares de Thibo, les drums, percussions et batterie de Kentin, les flûtes et le duduk de Yeltaz, se sustentent, au-delà des bagadoù, des nombreuses collaborations, notamment folk-rock, auxquelles ont participé les artistes, à titre individuel dans Bodénès-Hamon Quintet, Dans er Jeko, Duo Niobé-Loric, New Leurenn #1, Penn Gollo, Pevarlamm, Jahiner, Kreiz Breizh Akademi #7, ou, parfois, à deux, dans Tymen/Kerveillant Quintet.

Plus récemment, en 2022, et collectivement pour les trois complices sus-évoqués, ils tentent une expérience nouvelle, cette fois, plus World music. C’est aux côtés de Gabriel FAURE, au violon et guitare ténor, Jérôme KERIHUEL, aux percussions et Erwan VOLANT, à la basse, et autour des compositions du guitariste Tibo NIOBE que les membres d’O’TRIDAL ont formé,

« Toutã » (La tribu).

Ces vastes palettes stylistiques, ces multiples pratiques instrumentales, ne peuvent qu’être bénéfiques à O’TRIDAL qui, sans nul doute, a fait sa propre place sur la scène armoricaine et même, au-delà, parvenant, ainsi, au travers de « Triumvirat », à présenter une ample diversité de colorations mélodiques et rythmiques.

L’opus s’ouvre sur « Confluentia » qui, dans la droite ligne de nos précédents propos, et conforme à son titre, marque une belle convergence des jeux des artistes. Vivace et entêtante frappe des percussions, amples riffs de guitare électrique, flûte, particulièrement, aérienne et jazzy, instantanément le trio est bien en place et, déjà, en feu !

En piste 2, plus transe, « Anoroc » confirme la première impression. Au cours du dernier tiers du morceau, la flûte qui « s’irlandise » mène, vigoureusement, « la danse ». Epoustouflant !

Puis, enserrée en son tout début et sa toute fin, par de mêmes énigmatiques et cycliques effets de percussions, la scottish, « Lovejoy Boeson » qui, par ailleurs, a fait l’objet du tournage du clip officiel réalisé par Thelo MELL, nous entraîne dans le nouvel et véloce jeu de flûtes de Yeltaz, autorisé, au dernier tiers du morceau, à reprendre souffle grâce, sur fin galop de percussions, à une remarquable intervention électrique de Tibo.

« L’ombre d’un zèbre » (plage 4) avec les frappes obsédantes de Kentin et les riffs de guitare électrique de Tibo, via la flûte, transite par une « jazzy-transe » qui se conclue avec une décroissante et guitaristique évanescence instrumentale.

« N’a pas de rayures » dont, intrinsèquement, le titre, avec humour, semble prolonger le précédent, se présente, presque comme une suite de deux airs.

Curieusement, au cœur de ce programme, comme pour un papier filigrané, c’est le morceau où la marque de la musique bretonne transparaît sous l’arrangement, de la manière la plus évidente, traditionnelle, voire, plus directement, identifiable.

Au cœur de cette bien dense et contagieuse frénésie qui forge « Triumvirat », la plage 6, nous concède une pause.

Une très nostalgique respiration, ouverte, puis conduite par le duduk de Yeltaz qui, sur une rythmique quasi-brésilienne de Kentin, rejointe par la jazzy/bluesy guitare de Tibo, nous proposent la seule pièce du disque non composée par le groupe :

« Azizilé ».

Vous reconnaîtrez, sans peine, le légendaire « Eliz Iza », arrangé, ici, par Jean-Louis HENAFF, ex penn-soner du bagad KEMPER.

Cette superbe et prenante version d’O'TRIDAL aurait pu figurer sur la page que nous avions consacrée aux diverses interprétations de cette très ancienne mélodie traditionnelle bretonne, initialement titrée « Marivonig an Dourdu » et, depuis, entre autres, rebaptisée, par les artistes et groupes, Eliz Iza, Ti Eliz Iza, Ti Eliz Eliza, Elysa, Eliziza, Enez Eusa, Plach’ig Eusa, Plah Ennézen Eusa, Korantenig (Corentine)...

Une version, déjà arrangée par Jean-Louis HENAFF, figure sur ladite page (Voir article) avec l’interprétation du Bagad KEMPER, gravée en 5ème piste de son CD « Hep diskrog », paru en 1999.

Jean-Louis HENAFF en était, alors, le Penn soner !

Plage 7, « Don’t care Hubert ». Vous serez, inévitablement, emportés, par un souffle et des doigts déchaînés dans une folle cavalcade qui traverserait le « Far-West » armoricain. Une quasi-magnifique Bande Originale de film qui, en parfaite césure à l’hémistiche de sa poétique narration, laisse place aux cordes d’or électrifiées de Tibo NIOBE. Très belle pièce !

Dès ses introductives spires de guitare électrique « Washdé », en piste 8, vous emporte inexorablement vers l’Orient.

Les percussions ne manquent pas d’accentuer la couleur, puis la flûte relaye le voyage, avant que, crescendo, se surpassant, la diabolique caravane arrive à destination. Su-per-be !

Nous arrivons au terme de l’opus avec « Sarzhad ». Sur un rythme effréné et, particulièrement, rock, avec des envolées de flûtes, riffs en cascades, des percussions et une batterie, plus que toniques, ce morceau est puissant, virevoltant, obsédant… concluant, mais qui, malheureusement, conclut, aussi, cet enflammement contemporain de la musique bretonne.

Si, tout au long de l’album, nous avons, entre autres, largement apprécié l’excellent jeu de guitares de Tibo NIOBE, nous devons, également, le saluer pour son travail technique, puisque c’est lui qui a assuré l’enregistrement, au studio finistérien « Streat Ar Skol », de Saint Cadou (Voir site) et le mixage, en son home studio « Karrdi » (garage, en breton), à Quimper.

Le mastering a été réalisé par Matthieu BLAISE, du studio ariégeois « High Peaks Mastering » (Voir site) .

Pour vous l’avoir présenté… et conseillé, nous avions été séduits par « Karrdi Sessions », le 1er opus d’O’TRIDAL.

Nous l’avons, plus encore, été par « Triumvirat » qui, cette fois, entièrement instrumental et, globalement, plus rock, recentre toute son énergie sur trois fougueux musiciens qui, savent, tout en la modulant, au travers d’une, souvent, collective, massive et puissante exécution, réserver quelques passages pour de remarquables soli, teintés de jazz, de blues, d’instants e mélodiques orientaux ou de rythmes africains, même parfois, brésiliens...

Mais, comme, au cours d’un entretien avec Ouest-France, le précise, au nom d’O’TRIDAL, Tibo NIOBE :

« Les musiciens ont, aussi, envie de chercher dans d’autres univers, l’Afrique, le blues, le rock, d’aller piquer d’autres influences, mais le concept de base, c’est la musique bretonne ».

Vous avez aimé « Karrdi Sessions », vous serez passionnés par « Triumvirat » qui le prolonge dans une ascendante et, encore plus large, créativité.

Vous découvrez O’TRIDAL par ce remarquable 2e Compact-Disc « Triumvirat », il sera, toujours, temps d’acquérir le 1er opus qui en distillait, déjà, les prémices.

Il nous semble, toujours, intéressant de suivre de près et dans la durée, un groupe captivant comme O’TRIDAL, dans la progression et le développement de son parcours artistique.

« Triumvirat », d’O’TRIDAL, vous reconnaîtrez facilement cet album dans les bacs, puisque, outre ces deux noms, sa blanche jaquette est simplement ornée, en sa médiante horizontale, de trois circulaires, verte, rouge et jaune gravures, sur plaques cuivrées, œuvres de l’artiste finistérien et landernéen, plasticien, peintre, graveur, Thomas GODIN (Voir site) .

La graphiste, également finistérienne, Emilie LE COZ (Voir site) qui, sur le pan interne gauche de la jaquette, reprenant l’idée de ces trois disques colorés, en teintant des mêmes nuances les iris des yeux des trois musiciens, initialement photographiés en noir et blanc, par Serj PHILOUZE (Voir site) ne s’y est pas trompée en soulignant, ainsi, ce triple symbole.

Quoi de mieux, pour ces deux « illustrateurs » de représenter, ainsi, la créativité pluri-colorée de ces « Trois âmes déchaînées qui s'allient pour produire une musique bretonne enflammée… ».

Gérard SIMON

Illustration sonore de la page : O'TRIDAL - "Confluentia" - Extrait de 00:57.

Le site Internet officiel du groupe O'TRIDAL (Voir site)

D'autres extraits sonores sur Cuture et celtie, l'e-MAGazine (Voir site)

Les titres du CD de O'TRIDAL - "Triumvirat".

01 - Confluentia (03:22).

02 - Anoroc (05:01).

03 - Lovejoy Boeson (03:37).

04 - L’ombre d’un zèbre (04:49).

05 - N’a pas de rayures (05:02).

06 - Azizilé (03:57).

07 - Don’t care Hubert (04:58).

08 - Washdé (05:39).

09 - Sarzhad (04:03).

Tous les morceaux sont composés par O'TRIDAL,

excepté "Azizilé", morceau traditionnel arrangé par Jean-Louis HENAFF.

Durée totale : 40:28.

CD de O'TRIDAL - "Triumvirat".

Parution : 10 mars 2023.

Production : Paker prod. (Voir site)

Distribution : COOP BREIZH : (Voir site)

Réf : 4016503.

© Culture et Celtie

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