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- Chronique -
Élites nantaises et partition de la Bretagne
Les récentes déclarations de Jean-Marc Ayrault, actuel maire de Nantes et désormais ouvertement opposé à la réunification de la Bretagne, illustrent les rapports complexes – et complexés ! – qu'entretiennent
Erwan Chartier Par Le blog de Erwan Chartier-Le Floc'h le 31/03/09 8:14

Les récentes déclarations de Jean-Marc Ayrault, actuel maire de Nantes et désormais ouvertement opposé à la réunification de la Bretagne, illustrent les rapports complexes – et complexés ! – qu'entretiennent souvent les édiles nantais avec la question bretonne. N'oublions pas qu'à diverses périodes, mais particulièrement à la fin du XIXe siècle et au début du XXe, nombre de bas Bretons se sont installés à Nantes pour trouver un emploi dans les chantiers navals et les industries. Une population pauvre et laborieuse, regardée avec mépris par une bourgeoisie nantaise dont nombre des ancêtres avaient fait fortune, un siècle avant, grâce à l'odieuse traite négrière… C'est aussi sur ce rejet du « breton », entendons du « bas breton », que va se développer l'idée d'une séparation de la Loire-Inférieure du reste de la Bretagne pendant la Seconde Guerre mondiale. Mais quel a été le rôle de ces élites nantaises dans la partition de 1941 ?

Vichy avant Vichy En avril 1938, c'est la fin du Front populaire. Le radical Daladier arrive au pouvoir et annonce qu'il va « remettre la France au travail ». Il annule un certain nombre de réformes du Front populaire et « resserre les boulons », ce qui passe par une reprise en main autoritaire du pays, par une volonté de centralisation accrue et un « gouvernement fort, même très fort ». Daladier gouverne d'ailleurs par décrets-lois, avec l'appui des radicaux et des modérés et contre le parti communiste, son ancien allié au sein du Front populaire. Certains historiens parlent alors de « préfascisme » en France ou de « Vichy avant Vichy ». C'est en effet l'époque où l'ambassadeur de France en Italie, François Poncet, explique à Mussolini que « La France a besoin d'une “fascisation de la démocratie”. » Autre exemple, un des premiers décrets-lois de Daladier concerne la recherche des étrangers clandestins qui sont à l'époque essentiellement des juifs allemands ou d'Europe centrale. Rappelons que Bousquet et Papon avaient également été radicaux-socialistes avant guerre. Avec le gouvernement Daladier, il y a une conjonction d'intérêts entre la haute bourgeoisie française, une partie du haut état-major de l'Armée française (dont Pétain, Weygand ou Darlan), qui rêve d'un fascisme militaire à la française et de nombreux hauts fonctionnaires, que le fascisme et le nazisme inspirent, avec leurs idéaux d'ordre et de centralisme. Antibolchévique, ce mouvement s'oppose frontalement au parti communiste alors en plein développement. Ultranationaliste, il s'en prend à tout ce qui constitue, selon lui, « l'anti-France », dont les militants anticolonialistes, les autonomistes et les « nationalistes régionaux », dont une partie en Bretagne s'est d'ailleurs radicalisée en réaction à cette montée du nationalisme français.

Élites financières et extrême-droite Soucieuse de briser les espoirs sociaux nés du Front populaire et inquiète de la montée du communisme, la haute bourgeoisie française ne peut qu'être séduite par un Hitler ou un Mussolini qui ont « remis de l'ordre chez eux ». Nombre de membres de l'élite économique française vont alors basculer à l'extrême-droite. Certains soutiennent ainsi le groupe de la Cagoule. C'est l'époque où, pour ne citer qu'un exemple, Michelin et les cagoulards organisent des attentats qui coûteront la vie à des policiers. Tous ces gens sont également en relation avec des agents allemands, dont Otto Abetz qui sera, par la suite, ambassadeur d'Allemagne à Paris pendant l'occupation. Francophile, Abetz sera l'un des principaux opposants aux nationalistes bretons pendant cette période. Or, les milieux économiques vont aussi jouer un rôle important dans les projets de réorganisation territoriale du régime de Vichy. Dès l'époque Daladier se fait jour l'idée d'une partition du territoire breton. Ainsi, en juin 1938, des régions économiques sont créées. La cinquième comprend les départements d'Indre-et-Loire, de Loire-Inférieure, du Maine-et-Loire, de Mayenne, du Morbihan, de la Sarthe et de la Vendée. Ainsi, dès avant la Seconde Guerre mondiale, des projets de démantèlement de la Bretagne historique existent déjà. Quant à une grande région ouest, englobant la Bretagne à d'autres départements limitrophes, elle a déjà des partisans dans les milieux nantais, mais aussi chez certains militants de la fédération régionaliste bretonne (FRB), dont les positions en faveur d'une région Bretagne-Armorique ne font guère l'unanimité dans l'Emsav de l'entre-deux-guerres.

Déjà l'argument économique contre la Bretagne Le 11 juillet 1940, Pétain annonce une réorganisation territoriale et la création de gouverneurs de province. De nombreux projets sont évoqués, en témoigne l'intérêt de la presse française de l'époque. En Bretagne, mais également dans les régions de l'ouest de la France, on débat beaucoup de la question régionale et de la place de Nantes dans la future réorganisation, que ce soit bien sûr dans l'Heure bretonne, l'hebdomadaire des nationalistes bretons, mais également dans Ouest-Éclair, dans le Phare de la Loire ou dans la Revue du bas Poitou qui donne le point de vue vendéen. En novembre 1940, le Maréchal approfondit son projet de réorganisation territoriale, en évoquant des régions regroupant « cinq à six départements » suivant des préoccupations économiques et industrielles. Il s'engage à consulter les chambres de commerce et d'industrie. Or, celle de Nantes, appuyée par une partie du conseil municipal, revendique déjà une place à part pour la cité des ducs et la création d'une province armoricaine dont elle serait la capitale. Province qui engloberait les cinq départements bretons, la Mayenne, le Maine-et-Loire et la Vendée. Le 23 décembre 1940, les membres de la chambre de commerce et d'industrie de Nantes se prononcent pour une fusion de la cinquième région économique avec le reste des départements bretons. Ils expliquent que Nantes est « la métropole incontestée de l'Ouest ». Le 1er mars 1941, un nouveau maire est nommé par décret de l'amiral Darlan. Il s'agit de Gaëtan Rondeau, originaire de Mayenne. Il écrit régulièrement dans le Phare de la Loire sous le pseudonyme de Jean-Louis Martin. On lui doit ainsi une série d'articles, entre juillet 1940 et janvier 1941, sur la nécessité de créer une grande région « Ouest », dont Nantes serait évidemment la capitale. Il est appuyé par son premier adjoint, Abel Durand. Ce dernier est juriste, économiste, président de l'Union régionale des caisses d'assurance-maladie. En 1941, il publie Nantes dans la France de l'Ouest, préfacé par Gaëtan Rondeau, où il développe des arguments économiques pour justifier d'une grande région armoricaine dont Nantes serait naturellement la capitale.

Rennes et Nantes perdantes… Du 6 au 20 mai 1941, une commission chargée de la réorganisation administrative se tient à Vichy. Pétain assiste aux travaux de la séance concernant l'Ouest. Il reçoit ensuite le maire de Rennes puis celui de Nantes, auxquels il n'a pas promis la même chose, semble-t-il… François Château, maire de Rennes, déclare que la province de Bretagne comprendra cinq départements, et que Rennes en sera la capitale, tandis que le Rondeau affirme que Nantes sera bien capitale de province… En décembre 1941, Pétain tranche en faveur d'une Bretagne à cinq départements, avec Rennes comme capitale, décision qui ne sera jamais appliquée. Sans doute que, comme l'écrivait le rédacteur en chef de Ouest-Éclair de l'époque, Jean des Cognets « le Maréchal, dès les premières heures de son pouvoir, promet la renaissance des provinces […] Mais interviennent alors les messieurs des ministères, des bureaux, des commissions. Ils sourient, mais tout muet qu'il soit, leur sourire s'entend : le Maréchal dit ce qu'il veut, nous faisons ce qui nous plaît. » Le 25 août 1941 a lieu une nouvelle réunion, dans laquelle la province est définie comme « un centre de coordination, d'informations et d'actions en vue de renforcer l'autorité de l'État. » On est, on le voit, loin des idées de décentralisation. Le « provincialisme » de Vichy est en fait une réorganisation des administrations en vue d'une centralisation accrue et d'un contrôle du territoire plus efficace… En août 1941, Jean-Louis Barthélémy, le ministre de l'Intérieur affirme que la France « va connaître une centralisation comme jamais il n'en est apparue à aucune époque de notre histoire ». En fait derrière Pétain, il y a aussi le gouvernement Darlan. Dès avril 1941, ce dernier instaure la fonction de préfet de région, une création « technique » et purement administrative. La haute fonction publique et le ministère de l'Intérieur, les bastions de la tradition centralisatrice et du jacobinisme, imposent un état de fait. Et, le 30 juin, un décret crée les préfectures de régions de Rennes… et d'Angers. Cette dernière englobe la Loire-Inférieure. À la grande fureur des élites nantaises qui, en ayant joué la carte de l'Ouest, se retrouvent coupées de la Bretagne et dans une région dont elles n'obtiennent même pas la capitale. Jean-Louis Martin peut bien plaider à nouveau pour une province de l'Ouest, car, explique-t-il, « il sera plus facile au gouvernement central de contrôler dix ou douze proconsuls que vingt ou vingt-cinq », il n'est pas plus entendu. Le maire de Nantes – qui démissionne en 1942-, aura beau faire, le régime vichyste n'accordera pas le statut de capitale régionale à sa ville. En jouant l'Ouest contre la Bretagne, Nantes s'est retrouvée perdante…

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Vos 7 commentaires :
Denis Foricher Le Mardi 31 août 2010 23:27
Cet article a le mérite de s'éloigner des généralités très souvent exprimées dans les débats sur la réunification de la Bretagne . Réunification que je soutiens par ailleurs .
Voici un extrait du livre "Nantes et la Bretagne" paru aux éditions Skol Vreizh en 1996
LA MEMOIRE BRETONNE DE NANTES
Après la Première guerre mondiale , les enjeux économiques déterminent fortement l'activation ou , au contraire , l'occultation du passé breton de Nantes . La Chambre de Commerce considère cet héritage comme une contrainte pour le rayonnement de la ville . Elle est très favorable , par contre , à la création en 1919 de la 5° région économique qui fait de Nantes le pôle d'un territoire s'étendant de Tours à Saint-Nazaire et de Quimper aux Sables-d'Olonne (...) Dans les manifestations économiques et commerciales de l'entre-deux-guerres , Nantes est ainsi présentée comme la capitale de l'Ouest et non de la Bretagne . L'influence et le poids de la Basse-Loire dans l'économie bretonne expliquent que la Fédération Régionaliste Bretonne , créée en 1911 et représentant surtout les milieux d'affaires , revendique des pouvoirs pour une région dépassant les cinq départements de la province historique et englobant l'aire d'influence nantaise . La F.R.B. trouve même à cette époque un alibi historique : elle correspondrait à la Bretagne de Nominoë . Cet argumentaire est en partie repris en 1940 par Abel Durand dans son livre Nantes dans la France de l'Ouest . La question du découpage régional , posée en termes économiques , contribue à faire douter de l'appartenance de Nantes à la Bretagne alors que la ville , dans l'entre-deux-guerres , confirme son attachement culturel à la province . La création par Vichy , le 19 avril 1941 , d'une région d'Angers fait apparaître toutes les contradictions entre les enjeux économiques , culturels et politiques des revendications régionales .
De la Libération aux années soixante , deux préoccupations sont prioritaires pour les responsables de la ville : la reconstruction de Nantes et son rôle régional . Dès 1944 , ils dénoncent le découpage hérité de Vichy , mais ils redoutent aussi les projets de rattachement de Nantes à une région dominée par Rennes . Pour discréditer ces deux solutions , le maire Clovis Constant adresse en novembre 1944 une lettre au général de Gaulle dans laquelle il rappelle d'une part que Nantes , compagnon de la Libération , ne peut être asservie à Angers , ville de Vichy et ancien siège du commandement allemand , d'autre part que la constitution d'une région Bretagne dans ses limites historiques ferait courir un risque à l'unité nationale comme le montrent "les efforts déployés avec persévérance par l'ennemi en vue de développer en Bretagne des tendances séparatistes". (...) En 1956 le président du Conseil Général de la Loire-Inférieure , Abel Durand , déclare que le département est hostile à une intégration dans une Bretagne "région réputée pauvre et sous-développée". L'année suivante les 22 régions de programme sont créées .
La fin des années soixante marque une rupture . Le passé breton , en partie folklorique ou fossilisé , redevient un enjeu . La question du découpage régional le révèle . Les compétences nouvelles données aux régions fournissent l'occasion d'une relance du débat . En 1968 le Conseil Général refuse le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne . Pour les partisans de la province historique , les commémorations deviennent une arme . C'est le cas en 1970 pour le rappel de l'exécution de Pontcallec : le maire André Morice refuse l'organisation d'un cortège dans le rues de la ville . Sept ans plus tard , il doit tenir compte d'un régionalisme breton qui semble enfin dépasser l'action d'une élite sociale ou d'un groupuscule ; en 1974 , une pétition pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne a recueilli 60 000 signatures dans le département . En 1977 , pour le cinquième centenaire de la naissance d'Anne de Bretagne , André Morice , deux mois avant les élections municipales , déclare que Nantes appartient pleinement à la Bretagne et promet une maison de la culture bretonne (...) Ces reconnaissances d'une revendication réapparue vers 1968 ne mettent pas fin au débat qui continue de traverser les assemblées locales et départementales . En 1980 le conseil général décide de disjoindre situation administrative et patrimoine en signant la charte culturelle bretonne .
Cette partie du livre est l'oeuvre de Didier GUYVARC'H
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Christian Hamon Le Mardi 31 août 2010 23:27
Cet article est évidemment passionnant et documenté, comme toujours avec Erwan Chartier. Mais il me semble que dans ce jeu à deux, Pétain/édiles Nantais, il manque singulièrement un troisième acteur et non des moindre : les Allemands ! N'oublions pas en effet que nous sommes en zone occupée et que le pouvoir du maréchal commence là où s'arrêtent les prétentions allemandes... Les autorités d'occupation contrôlent tout et décident de tout, c'est aussi simple que cela. La Wehrmacht, l'Abwehr et la Gestapo ont leur siège à Angers pour la région Ouest. Les "terroristes" ou patriotes arrêtés en Bretagne sont d'ailleurs tous jugés à Angers avant d'être déportés en Allemagne. Cette idée de gouverneurs de province lancée par Pétain n'était évidemment pas pour déplaire aux régionalistes du mouvement breton (le terme Emsav étant un anachronisme) sous l'occupation. Ceux-ci avaient mis de gros espoirs dans le très pétainiste Hervé Budes de Guébriant. Yann Fouéré s'y serait aussi très bien vu et n'a pas ménagé ses efforts d'allégeance au maréchal, mais en vain. N'étant pas à un revirement près, il en fera tout autant après la Libération avec le général De Gaulle : "Si l'on peut estimer que nous nous sommes trompés peut-être dans nos opinions politiques, nous sommes prêts à travailler à cette union de tous les Français à vous aider et à briser ceux qui voudraient y mettre obstacle". Cette pétition, pour le moins étonnante, a été rédigée le 27 octobre 44 au camp Margueritte de Rennes et adressée au général de Gaulle après son discours aux Français du 14 octobre 44. Elle est signée par une soixantaine de prisonniers dont Yann Fouéré et Florian Le Roy. Quoi qu'il en soit de toute cette affaire de séparation de la Loire-Inférieure du reste de la Bretagne, mon sentiment est que cette focalisation (pas un article ou un communiqué sans qu'il n'y soit fait référence) sur le "décret" Pétain a été une grave erreur de communication. C'était oublier que les maîtres du moment étaient les nazis et eux seuls. Tout ce qui pouvait contribuer à affaiblir l'unité nationale que voulait incarner le maréchal Pétain en dressant les régions les unes contre les autres était tout bénéfice. Il serait donc temps de s'interroger sur la pertinence de ce genre d'argumentaire historique, face à la question du rattachement de la Loire-Atlantique à la Bretagne.
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Jean Cévaër Le Mardi 31 août 2010 23:27
Félicitations pour un excellent résumé d'une situation complexe et mal connue. En 1941 la bourgeoisie à travers les chambres qui ne sont encore que de commerce et la haute administration qui en fait gère le pays en se cachant derrière le maréchal, ne veulent à aucun prix d'une "vraie" Bretagne, la bourgeoisie nantaise voulant et veut toujours le "grand ouest" avec Nantes pour capitale, l'administration centrale voulant et veut toujours l'affaiblis- sement de la Bretagne. Près de 70 ans plus tard rien n'a changé sauf les acteurs, Mustière a remplacé Abel Durand comme porte-drapean du grand ouest et JMA a remplacé Clovis Constant comme maire,mais "Nantes capitale de l'Ouest" est toujours le mot d'ordre. L'expérience a pourtant prouvé que Nantes a plus à perdre qu'à gagner en échangeant la suprématie économique dans une vraie Bretagne contre un titre disputé et peu convaincant dans un Ouest qui n'existe que sur les cartes de géographie. Plus nous serons nombreux à le dire et plus le bon sens fera comprendre les évidences.
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Hervé Leray Le Mardi 31 août 2010 23:27
A propos du livre de Guivarc'h, Dire qu'en 1968 le conseil général de Loire-Atlantique a refusé la Bretagne est faux. ils ont émis un voeu pour une Bretagne élargie à la Vendée et au Maine et Loire.
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Erwan Chartier-Le Floc'h Le Mardi 31 août 2010 23:27
Merci à chacun pour ses commentaires, notamment à Kristian Hamon pour ses réflexions toujours riches et argumentées. Il a tout à fait raison concernant les Allemands à Angers, mais la longueur d'une chronique – volontairement limitée - ne permet pas toujours de développer tous les aspects d'une question… Kristian soulève un certain nombre de questions auxquelles j'avais l'intention de consacrer de nouveaux textes. Plus précisément :
1- Je partage avec lui une certaine circonspection sur l'utilité de renvoyer immanquablement à Pétain la responsabilité de la partition. Le but de cette chronique était d'ailleurs de montrer que ce genre de projet était déjà dans l'air avant guerre et que c'est la haute administration française de l'époque qui a fait ce qu'elle voulait. Une haute administration française qui, dès l'avant guerre, était fortement influencée par le nazisme et le fascisme, point sur lequel je reviendrais. Les travaux d'historiens, comme les ouvrages remarquables d'Annie Lacroix-Riz sont, à cet égard, fort éclairants ! Vu sa tradition centralisatrice et jacobine de la haute fonction publique française, les théories fascistes qui prônaient l'instauration d'un État unitaire et hyper centralisé ne pouvaient qu'y rencontrer un écho favorable. Après la défaite, Vichy obéissait au bon vouloir des Allemands ? Certes, mais l'administration savait aussi aller plus loin que ce qu'on lui demandait et savait prendre des initiatives ! Les politiques antisémites de Vichy le prouvent.
2- Une personne m'a objecté que « Pétain était favorable aux régions, en bon Maurrassien qu'il était »… Je le laisse à son jugement, mais je pense prochainement revenir sur ce qu'est le « régionalisme » maurrassien, qui n'est, à mon humble avis, qu'un provincialisme au service du nationalisme français.
3- J'ai voulu revenir sur certains points liés à l'histoire de la Bretagne et du pays Nantais dans les années 1940. Loin de moi l'idée de vouloir occulter ce qui s'est passé dans les années 1950 et 1960, où a eu lieu la partition telle que nous la connaissons aujourd'hui. L'histoire me paraît importante parce qu'elle explique un certain nombre de choses – entre autre, le sentiment de nombreux habitants de Loire-Atlantique de partager un fonds commun historique avec le reste de la Bretagne -, mais elle ne me paraît pas déterminante. En effet, parmi les arguments en faveur d'une région bretonne à cinq départements, l'avenir me paraît plus essentiel que le passé, même si ce dernier donne une cohérence à la communauté de destin que constitue à mes yeux la Bretagne.
Bref, le débat est lancé…
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Pierre-Yves Pétillon Le Mardi 31 août 2010 23:27
L'ensemble de l'article et les commentaires sont instructifs, n'étant pas historien je ne me permettrais pas de commenter le fond. Par contre, il me semble que toute cette affaire est révélatrise d'une volonté centralisatrice française, qui date même d'avant 1789. Nous bretons devrions plutôt faire bloc face à cet étatisme centralisateur français, qu'il s'appelle monarchie Absolue, Empire ou République (une et indivisible... Tout un programme en soi !)et qui est tout, sauf démocratique ! Cet article montre aussi la faiblesse des édiles, qu'elles soient nantaises, rennaises, bretonne ou aussi française, face aux défenseurs de l'Etat français tout puissant (haut fonctionnaires, oportunistes de tout rang voir même des élus avide de pouvoir... Nous en avons quelques exemple récent !). En fait, tout cela vient illustrer le vieil adage : diviser pour régnier. Et le plus étonnant c'est que ça marche toujours !
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PRIGENT Michel Le Mardi 31 août 2010 23:27
Mon petit commentaire, venant après ceux d'érudits autrement plus qualifiés, détonnera sans doute, mais je n'y résiste pas. Erwan Chartier-Le Floc'h au début de son exposé nous dit: "C'est aussi sur ce rejet du « breton », entendons du « bas breton », que va se développer l'idée d'une séparation de la Loire-Inférieure du reste de la Bretagne."
Ayant consciencieusement suivi et "écumé" depuis une dizaine d'années, des "courriers du lecteur" genre "Nantes-forum" d'Ouest France, j'ai pu constater que l'allusion au "bas-breton" était fréquemment utilisé par les adversaires nantais de la Bretagne et de la réunification en particulier, sous la forme de l'étrange appellation de "BRETONS BRETONNANT". Ce vocable, surprenant pour moi finistérien, désigne dans leurs propos sans nuance,tous ceux qui militent pour la Bretagne, que ce soit pour la langue, la réunification, l'autonomie voire plus (si affinité !). Il n'est certainement pas innocent dans la bouche des nantais et on y retrouve les "complexes" (de supériorité évidemment) nourris par les bourgeois et les gens des villes à l'encontre des émigrés bas-bretons parlant une langue "étrangère". Le temps ne semble pas avoir encore effacé les préjugés exploités bassement par des "ligériens". Un des derniers à l'avoir utilisé est Jacques Floch, 4 fois député-Maire de Rezé qui à répondu par la négative à la proposition de la Ligue Bretonne des Droits de l'Homme de donner à une rue, le nom d'un militant , Jean Groix, vétérinaire à Rezé, qui se suicida en prison car accusé injustement de la mort d'une jeune fille en fait victime du tueur en série, Fourniret. La réponse agressive de J.Floch utilisant l'amalgame entre « Bretons Bretonnants,... ETA,...nationalistes... » lui valu quelques mails furibards y compris de la part de la LBDH qui, aurait aussi été en droit de dénoncer à OF sa présentation sous les termes : « La LBDH, précisons le, n'a rien à voir avec la Ligue des Droits de l'Homme. C'est une association bretonnante. » « Bretonnante » ? Etonnant !
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