La période qui va du 2 août 2013 au 28 juin 2014 est à marquer d'une pierre blanche dans l'Histoire de Bretagne. Celle-ci retiendra que c'est par une suite d'événements intenses, par lesquels un pays, mais, pas encore une nation, s'est redéfini, à la fois 1) contre les absurdités d'un gouvernement central qui sait de moins en moins où il habite et qui accumule les maladresses, les erreurs d'appréciation et les proclamations vaines, et, 2) par rapport à lui-même,...
La période qui va du 2 août 2013 au 28 juin 2014 est à marquer d'une pierre blanche dans l'Histoire de Bretagne, car, celle-ci retiendra que c'est par une suite d'événements intenses, par lesquels un pays, mais, pas encore une nation, s'est redéfini, à la fois 1) contre les absurdités d'un gouvernement central qui sait de moins en moins où il habite et qui accumule les maladresses, les erreurs d'appréciation et les proclamations vaines, et, 2) par rapport à lui-même, dans sa dimension de territoire politique reconnu par ses habitants et par l'extérieur.
L'insurrection surprise
Bien qu'elle ait une préhistoire de 5 ansLa révolte vient de loin : où va l'alliance des Bonnets rouges ?
Festival Panoramas #17 du 15 au 20 avril 2014
Près de 10 000 personnes défilent pour réclamer calmement que Nantes revienne en Bretagne
Naoned e Breizh : cahier de photos d'une manifestation nombreuse et très politique
Christian Troadec sifflé et insulté par des cégétistes et des cédétistes à Lorient
Prescience des Bonnets rouges
Avant le 8 mars 2014, la réunification de la Bretagne (retour de la Loire-Atlantique) ne pouvait pas être considérée, ni, comme une cause populaire, ni, comme un sujet de conversation, sauf en Loire-Atlantique, mais, c'était la seule revendication commune à une mouvance bretonne qui ne concerne, au mieux, que 30% de la population (les résultats électoraux ne sont pas des mesures fiables, car, ils portent sur des enjeux trop divers). Cependant, les sondages ont constamment montré que la population concernée, celle de Loire-Atlantique, se disait majoritairement bretonne et donc prête à un retour au bercail. La réunification a été l'une des 7 revendications des Bonnets rouges tirée des analyses mathématiques des quelque 15 000 « doléances » recueillies en début d'année 2014 et c'est celle qui, de très loin, a recueilli le plus d'approbations aux États Généraux de Morlaix. Par une heureuse conjoncture, les associations (Bretagne réunie et 44=Breizh), qui portent, avec obstination, la revendication, avaient prévu une manifestation à Nantes, le 19 avril 2014. Non seulement, l'appel des Bonnets rouges à y participer a brisé la chape de plomb médiatique qui étouffait l'écho des très nombreuses manifestations de masse antérieures, mais on a pu remarquer qu'au moins un tiers des 10 000 participants portaient le fameux bonnet. Pour la première fois, un lien entre définition territoriale de la Bretagne et lutte politico-économique est devenu manifeste aux yeux des Bretons.Grâce aux Bonnets rouges, le barrage médiatique a sauté
Alors que de nombreuses manifestations pour la réunification rassemblent des milliers de gens depuis 25 ans, celles de Nantes, les 19 avril et 28 juin 2014 ont été couvertes convenablement par les médias parisiens, qui en ont même relaté la préparation (France-Info, 28 juin au matin ; médias parisiens aux conférences de presse à ParisLa réunification à l'Assemblée nationale : Les vidéos
François Hollande, l'artificier en chef
Le 8 avril 2014, sous le choc de sa franche défaite aux municipales, François Hollande, par la déclaration de politique générale de Valls, a commis une bourde qui lui sera reprochée par les tenants de la France une et indivisible (et pourquoi pas éternelle?), celui de traiter une réforme territoriale comme un jeu de Lego™, se limitant, à la simple question de la fusion des régions, sans réflexion profonde. Apparemment, les énarques n'ont jamais entendu parler de la loi des rendements décroissants qui frappe toute administration qui grossit sans mesure. La fusion, envisagée, puis, retirée du projet, de la Bretagne et des Pays-de-la-Loire créerait un monstre ingérable de 25 000 agents (régionaux + départementaux). Après la présentation du projet, il s'ensuit 3 semaines de vaudeville politique, dont l'élément le plus positif pour les Bretons est qu'il pose, de manière imparable, la question de la Bretagne : où s'arrête-t-elle et comment doit-elle être politiquement définie ? A la lumière de la version niveleuse et talibane de l'idéologie républicaine, ces questions n'avaient pas à être poséesLa Désunion française. Essai sur l'altérité au sein de la République
Le miraculeux coup de pouce donné par l'État à la cause de la réunification
En laissant supposer qu'une limite de région est déplaçable selon sa fantaisie, l'État a pulvérisé les barrières mentales qui empêchaient les Bretons de donner une réponse simple à la question des limites de la Bretagne, qui sont, évidemment, celles que l'Histoire a données et non pas celles qu'inventent d'obscurs fonctionnaires parisiens. Et comme il est admis en France comme en Europe que les régions doivent être des lieux du pouvoir de proximité, François Hollande vient d'indiquer aux Bretons, comme aux Alsaciens, aux Basques ou aux Savoyards, que le peuple est le gardien de la limite et que l'avis de l'État, très variable et très arbitraire, n'est pas celui à prendre forcément en compte. Cerise sur le gâteau, la presse a pu soulever les jupes du pouvoir et y découvrir que quelques heures avant la publication d'une carte par l'Elysée, le 2 juin 2014, ce n'était pas une décision rationnelle, mais, les luttes d'influences entre politiciens socialistes qui avaient primé. Dans la même veine, le reniement spectaculaire du ministre de la Défense, Jean-Yves Le DrianJean-Yves Le Drian se renie et abandonne la cause de la Bretagne réunifiée
Jean-Jacques Monnier : pourquoi je voterai Hollande, les yeux bien ouverts
Dessiner la Bretagne et ne pas se contenter d'analyses toujours partielles et de postures toujours percées à jour
Si cette cause de la réunification est importante, car, transversale, elle va obliger les différentes chapelles du mouvement breton a se mettre au travail, car, « faire de bonnes analyses » et « lutter au côté du peuple » n'a jamais fait rêver celui-ci. La campagne pour le oui au référendum sur l'indépendance de l'Écosse est autrement plus concrète et imaginative que la triste et morne revendication de pouvoirs locaux aux contours vagues. Quelle Bretagne de l'avenir veulent-elles projeter ? Quelles positions sociales ? Quelles solutions pour les retraites et la sécurité sociale ? Quelles solutions transitoires avant un auto-gouvernement qui reste très lointain ? Ce sont à ces questions-là que les électeurs veulent voir répondre et ils ne peuvent qu'être déçus par la minceur des programmes des candidats qui se réclament de la Bretagne. Cela est tout aussi valable pour le seul homme politique breton qui ait acquis une stature médiatique sans le secours de l'appareil d'un parti parlementaire, Christian Troadec. Aux élections européennes 2014, il a mis un pied dans la porte avec un discours protestataire qui procure une alternative bienvenue à un Front national sans programme politique sérieux. A lui de trouver le moyen d'élaborer un vrai programme couvrant l'essentiel des attentes de la société bretonne. La décadence du système central est une opportunité à saisir pour tous les Bretons, et, malheureusement, ils semblent rares, qui ont une vraie tête politique.Christian Rogel
Commentaires (14)
Merci braz a tous ceux qui s'y investissent,en particulier nos ancetres emblematiques Allan Stivell,Gilles Servat,Tri Yann ...on va réussir
Opala! Emblématiques Alan Stivell,Gilles Servat,Tri Yann, sûrement. Ancêtres? Ils sont là et bien là, bien vivants!
Cela dit la prise de parole de Jean-Louis Jossic , bien que préparée - cf son papier - était impressionnante de souffle, d'énergie, de fureur et d'espérance, de souffrance aussi sans doute.
Et qui ne souffre pas en pesant au sort qui est aujourd'hui encore celui de la Bretagne.
"La Bretagne humiliée, la Bretagne outragée , mais bientôt...la Bretagne reconnuee et libérée!" (cela pour paraphraser l'une des plus célèbres citations de De Gaulle, bien sûr.
Alors, oui, assez de la Bretagne humiliée et outragée !
Les choses ne font que commencer..."On n'arrête pas une idée en marche". Effectivement. Gwir eo.
Paris va tout faire pour empêcher la réunification, comptant sur l'été des vacanciers et la coupe du monde pour faire diversion.
Mais on n'a jamais vu autant d'unité, tout bord politique confondu, de Nantes à Karaez, de Quimper à Rennes! Nous devons nous mobiliser encore davantage, en plus grand nombre, dès septembre. D'ici là, tous les festivals, toutes les manifestations culturelles et sportives doivent prêter un peu de leurs tribunes pour soutenir le mouvement. Pour notre pays, la Bretagne, pour notre peuple breton!
POURQUOI TOUJOURS PARLER DE TERRITOIRE
A l'automne:
Objectifs :
les "jeunes" universités,IUT,Lycées,etc..
Suppression des sous préfectures au moins.
Transferts des tâches administratives vers les communautés de communes.
Préparation des élections "cantonales régionales 2015" UNIS.
Marches manifestation à STRASBOURG ou BRUXELLES à l'automne.Plus d'autres peuples de l'hexagone ou d'Europe ??
Les historiens de la construction des Etats savent que l'une des étapes a été l'utilisation du terme de territoire sous sa forme latine (regnum, sive territoria) au Moyen-Age.
L'étape suivante a été la définition de l'aire sur lequel un Etat exerce une souveraineté entière (définition en creux de l'Etat dit "westphalien" , d'après le nom du traité de Westphalie, 1648).
Par ailleurs, comme nation, pays, peuple, territoire est un terme polysémique pouvant désigner des entités très différentes.
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Il faut effectivement obtenir la réunification mais se battre aussi pour notre autonomie en matière d'enseignement, avoir la possibilité de réintégrer l'Europe moderne et abandonner les vieilles lunes françaises du XIXème siècle.