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- Communiqué de presse -
En 2018 comme par la suite, la Bretagne ne pourra compter que sur ses véritables amis
Pourtant, même si le chemin paraît âpre, difficile, fait de traitres pavés, il faut continuer de pousser le rocher, et imaginer Sisyphe heureux. Il faut continuer pour la Bretagne, pour nous, pour nos enfants.
Frank Darcel Par Breizh Europa le 7/01/18 23:58
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Mignoned ker, chères amies, chers amis,

L’année 2018 commence et certains semblent penser, dans le mouvement breton en général, qu’elle pourrait être décisive en bien des points pour l’avenir de notre Bretagne. On cite l’exemple catalan ici, écossais là, on se réjouit bien évidemment de ce qui se passe en Corse. Mais la Bretagne n’est pas une île comme la Corse, ce pays qui a défendu sa singularité et son identité longtemps par la violence, ce qui a compté, et qui a réussi par la suite à unir ses forces autonomistes et indépendantistes derrière des leaders de grande qualité. La Bretagne n’a jamais obtenu non plus ce qu’on a concédé à l’Ecosse ou la Catalogne, ici grâce à la dévolution mise en place par Tony Blair, là depuis le retour à la démocratie en Espagne et la constitution de 1978.

En effet, la Bretagne, même si elle s’est battue ces dernières décennies pour refuser le nucléaire, préserver sa langue, son patrimoine écologique et historique ou encore pour dire non à une écotaxe injuste, n’a jamais fait front, depuis très très longtemps, pour revendiquer une quelconque émancipation. On se souviendra cependant que ses responsables politiques ont parlé d’une seule voix au moment du CELIB, quand il s’agissait de compenser un retard en équipements routiers et autres, ce qui était très important, mais il n’était pas là question d’une quelconque évolution fédéraliste.

D’ailleurs, même si l’idée d’une réappropriation à l’échelle locale d’un certain nombre de prérogatives a progressé ces derniers temps parmi les Bretons, qu’ils soient de souche ou d’adoption, le souhait d’une Bretagne ne serait-ce qu’un peu plus autonome est sans doute partagé par peu de ses habitants.

Il y a à cela plusieurs raisons, mais elles découlent toutes du fait que le rouleau compresseur politico-culturel mis en place par la République il y a un peu plus de deux siècles a parfaitement rempli sa besogne. On ne reviendra pas ici sur tous les aspects de cette débretonnisation, mais il est clair que nous ne sommes pas plus aujourd’hui de 5 à 10% de la population globale de la péninsule à avoir profondément envie d’une autre Bretagne. A avoir résisté à la pensée unique dictée depuis Paris.

Alors, plutôt que d’imaginer que la « fièvre séparatiste », qui fait tant fantasmer les rédactions parisiennes justement, va gagner notre pays d’une manière presque naturelle en provenance d’une Europe en ébullition, il nous faut encore et toujours réfléchir à la manière de faire bouger les choses chez nous, avec nos moyens. Ce qui n’empêchera pas bien sûr certains de ces exemples européens de nous donner du courage, de nous aider à convaincre.

Ainsi, en cette année 2018, comme pendant celles qui suivront, il nous faudra continuer d’avancer pas à pas, en soutenant toutes les initiatives qui donnent voix à l’Histoire de Bretagne, grande oubliée des manuels scolaires officiels, mais aussi en apprenant nous-même mieux cette histoire et en la communiquant autour de nous.

Pour la langue bretonne, il faut également soutenir tous les efforts des filières bilingues ici et là. Ainsi qu’apprendre cette langue pour celles et ceux qui ne la maîtrisent pas encore, et lutter pour qu’elle obtienne un statut officiel, même si la réponse abrupte et saugrenue qui vient d’être faite à la Corse par le pouvoir central sur ce sujet montre que là aussi rien ne sera facile.

Quant aux media et à la main mise de Paris et de ses relais sur les différents canaux de diffusion, il faudra faire preuve de patience et de persévérance. Pour ce qui est des chaînes et stations hertziennes, qui nous abreuvent en provenance de l’Île-de-France la plupart du temps, et qui sont constitutifs de ce rouleau compresseur unificateur et appauvrissant, il faut apprendre à « fermer le poste » de temps à autres. Au niveau des media écrits, deux mensuels culturels et locaux seulement sont proches de nos idées, soutenons-les. Même chose pour les sites internet qui se font l’écho de nos combats. Pour le reste, lisons donc des revues internationales ! Regardons et écoutons des télévisions et radios tout aussi internationales ! En plus du breton, apprenons l’anglais. Et créons à terme nos propres media !

Quant à la classe politique bretonne qui nous gouverne depuis des décennies, elle lutte, à quelques rares exceptions près, contre les intérêts bretons, et ne rêve en réalité que de strapontins à Paris. Et cette caste pseudo-bretonne continue de nous présenter la république française (qui a donné le droit de vote aux femmes si tard, aboli la peine de mort parmi les dernières démocraties également, colonisé de manière si cruelle et stupide, oublié de décoloniser les DOM TOM, tenté de détruire toutes les autres langues de l’Hexagone hors le français) comme « la patrie des droits de l’homme ». De qui se moque-t-on ? En 2019, prochaines échéances électorales, votons pour les listes qui prennent vraiment la Bretagne en compte ou ne votons pas.

Pour ce qui est de la réunification, on s’est là encore moqué de nous. On a bien vu des responsables politiques « nationaux » monter à l’occasion sur des podiums lors de manifestations pour la réunification, mais ça, c’était avant… Maintenant qu’ils sont au pouvoir et influents, et qu’ils peuvent grimper sur des podiums plus prestigieux, plus rien... Circulez paisibles amis bretons, il n’y a plus rien à voir. De fait, la réunification, on nous ne la donnera jamais. Il faudra la faire à notre manière, en passant par la société civile, par les tissus associatifs et entrepreneuriaux. Ce qui n’empêche pas de soutenir la pétition pour un referendum qui a été mise en place au niveau du 44.

On sait tout cela, et on continue de militer, d’apprendre et transmettre, on continue d’essuyer le mépris de cette classe politique en place, et de la classe médiatique souvent. Pourtant, même si le chemin paraît âpre, difficile, fait de traitres pavés, il faut continuer de pousser le rocher, et imaginer Sisyphe heureux. Il faut continuer pour la Bretagne, pour nous, pour nos enfants. Et il y a quelques signes encourageants, ici, chez nous ! Nous les évoquerons sur la feuille de route 2018 que nous allons nous fixer dans les semaines à venir pour Breizh Europa.

Rappelons pour mémoire que le SNP écossais n’était pas à plus de 5% d’intentions de votes au début des années 1990. Il est aujourd’hui à plus de cinquante. Alors oui, même si les régions européennes en lutte pour leur émancipation ne nous viendront pas en aide directement, leur exemple peut nous aider. Mais c’est évidemment sur nous qu’il faut d’abord compter. Nous, militants bretons et amis sincères de la Bretagne, nous et aucune autre promesse.

Bonne année 2018 ! Bloavez mat d’an holl !

Frank Darcel, président de Breizh Europa

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Vos 4 commentaires
spered dieub Le Dimanche 7 janvier 2018 17:51
Vous dites Il y a à cela plusieurs raisons, mais elles découlent toutes du fait que le rouleau compresseur politico-culturel mis en place par la République il y a un peu plus de deux siècles a parfaitement rempli sa besogne.
Décidément je trouve que depuis un moment on accorde une importance exagérée à l'année 1789 ! alors que la république, celle qui a été mise en place en 1792 dans le cadre d'une guerre européenne n'a fait que reprendre de par des méthodes plus répressives la politique centralisatrice de la monarchie depuis au moins François I .Je rappelle aussi, que de 1789 au 21 septembre 1792 le régime est toujours la monarchie ,donc la départementalisation qui était en gestation depuis longtemps a été réalisée depuis pendant cette période .Par contre au début de la révolution il y a eu des tendances décentralisatrices même fédéralistes rapidement écrasées ainsi qu'une tentative d'une certaine officialisation des langues régionales .Par ailleurs le mouvement breton se tait complètement depuis un moment sur la période napoléonienne ,durant celle ci le centralisme a été encore renforcé ,la mise en place du blocus continental a achevé la ruine de la Bretagne ,l'Europe a été mise à feu et à sang ,les crimes commis durant cette période dépassent de loin ceux de la terreur dont les républicains n'avaient pas le monopole .Je pense en particulier à ceux commis pendant la guerre d'Espagne .Les rancoeurs justifiées dans les différentes populations européennes ont contribuées à la montée des périls qui sont en partie à l'origine des guerres mondiales .Et on attribue encore la légion d'honneur ....
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Lheritier Jakez Le Dimanche 7 janvier 2018 18:35
Nous sommes tous responsables de cette faiblesse bretonne.
Chacun dans sa "chapellé".!
On a "tous raison" ?
Assez de réflexions théoriques!
Ensemble en 2018,en 2019,dans des actions sur le terrain dans tous les secteurs de la vie Bretonne.
A quand une -assemblée ouverte bretonne- pour établir un contrat
Sur les objectifs et des engagements clairs
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spered dieub Le Dimanche 7 janvier 2018 19:42
Je viens de trouver cette citation de 1871 mais qui reste plus que jamais actuelle .Par ailleurs voici un lien en matière de presse l'irish time
https://translate.google.fr/translate?hl=fr&sl=en&u=https://www.irishtimes.com/&prev=search
Les critiques violentes aux phénomènes de centralisation n'ont pas manqué. Par exemple, l'auteur franc-maçon américain Albert Pike écrivait :
« La France devint centralisée dans son gouvernement davantage par l'apathie et l'ignorance de ses peuples que par la tyrannie de ses rois. Quand la plus intime vie locale est abandonnée à la tutelle directe de l'État, et que la réparation du beffroi d'une église de campagne requiert un ordre écrit du pouvoir central, un peuple est en état de gâtisme. Les hommes sont élevés dans l'imbécillité, dès l'aube de la vie sociale. Quand le gouvernement central nourrit des portions de la population, il les prépare à être esclaves. Quand il dirige lui-même les affaires des paroisses et des comtés, ils sont déjà des esclaves. L'étape suivante est de réguler le travail et les salaires. »
— Albert Pike, 1871
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boned ruz Le Dimanche 7 janvier 2018 23:14
Spered dieub "...n'a fait que reprendre de par des méthodes plus répressives la politique centralisatrice de la monarchie depuis au moins François I..." 'na zo gwir met kalz koshoc'h ez eo hervez Erwann Person. Displeget eo mat tre gantañ ha menegiñ a ra ar roued capetien...
Une ébullition Européenne, c'est vrai mais une omerta dramatique dans la population Bretonne aussi sauf pour celle qui se sent directement concernée; quand est-ce que votre groupe politique proposera un pacte au monde politique et culturel... Il est question aujourd'hui non pas d'un problème politique mais bien plus d'un choix d'avenir conséquent entre diversité et uniformité; le deuxième choix qui fait aujourd'hui notre quotidien arrange les grands argentiers nationaux et ou Européen pour le moins... transformer la vie individuelle en une recherche de bien matériel est à moyen terme d'une dangerosité absolue; L'être humain à bien plus de besoin, entre autre "celui de l'autre" justement. La diversité est un combat qui transcende les idéologies, c'est un combat pour la dignité humaine. Quand est-ce que vous proposerez un pacte en ce sens en Bretagne et ainsi tenter de rassembler les non votants et les écoeurés de la politique dont je fais moi-même parti... Vous n'avez pas été au pouvoir alors ont peut vous estimer encore assez sain pour cette perspective charge à vous de rester dans la dignité humaine... Je vous ai déjà écrit il y a quelques temps ainsi qu'à vos collègues et concurrents sur ce point. depuis les choses s'accélèrent et ce n'est pas les bretons attentistes qui feront bouger les choses.
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