
Partant d'une consigne d'atelier d'écriture en ligne, plusieurs femmes brestoises de tous horizons (une retraitée, une poétesse, une enseignante, une éducatrice spécialisée, une artisane, une céramiste...) écrivent de courts textes de fiction et se les envoient. Elles les partagent désormais avec vous en ligne. Aujourd'hui la consigne est la suivante : " Voyage en train pour accomplir quelque chose de précis. Texte avec beaucoup de précisions (gare, horaires, n°...
Voyage en train
Pourvu que dimanche, nous partions de Brest à l'heure pour Le Mans, avec le TER numéro 46 07 22 à destination de Rennes ! Confortablement installés à l'étage du train, voiture deux, nous voici tous trois occupés à faire les devoirs. L’enterrement du grand- oncle aura lieu mardi après-midi à Loisail.
Ainsi, le trajet sera long, mais la dictée et les calculs qu'il faudra accomplir (additions et soustractions) nous occupent davantage que l'observation attentive de compagnons de voyage insignifiants. C'est que la majorité d'entre eux scrolle à tout va sur les écrans de ses smartphones, tandis que les autres regardent des films, ignorant ostensiblement leurs voisins proches.
Alors qu’un homme soupire bruyamment, gêné par le babillage des petits, son regard furieux croise le mien plusieurs fois sans que je ne l'encourage à déverser son fiel sur mes enfants, joyeux et néanmoins obéissants. Un homme d’âge mûr daigne nous adresser la parole : « Cette place est-elle libre ? Permettez que je m’installe ? »
Jamais nous ne lui refuserions de s'asseoir sur le siège vacant qui me fait face, alors que mon fils le jauge d'un coup d'œil discret, mais ferme. Le monsieur est charmant et poli, il sourit aux fautes que l'on commet à sa droite, aux « r » mal placés ou doublés dans des verbes difficiles à orthographier, tels que « roucouler » et « attendre ». Les deux petits CE1 s'appliquent, tirent la langue en faisant remarquer comme pour s'excuser d'une écriture tremblante, que le roulis du train les « fait bouger ». Deux heures ne suffiront pas à nouer connaissance avec ce voisin chaleureux.
« Ce qu'il vous faudra, c'est travailler sérieusement ! tu aimes l'école ? quelle est ta matière préférée ? les mathématiques ? Allons donc ! comme moi vois-tu !
Vous pourriez me dire combien feraient 160 auxquels on soustrait 10 ? 150 ? ah mais c'est très bien ça ! et de tête en plus. Bravo ! »
Quand le TER s'arrête en gare de Rennes, il nous faut dire au revoir rapidement car 10 minutes plus tard, notre TGV part déjà pour la gare du Mans. Le « monsieur gentil », comme le nomment Albin et Sarah, part de son côté, le « voisin méchant » essayant bon gré mal gré d'étouffer sa mauvaise humeur.
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