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Geoffroy de Monmouth, Wace, Milton, Tennyson ... et la Bretagne

Geoffroy de Monmouth, Wace, Milton, Tennyson, tous ces poètes bretons, normands ou anglais ont, chacun avec son génie, chanté la légende des anciens Bretons de Grande Bretagne

marc Patay Lejean pour ABP le 11/02/12 10:45
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Alfred Tennyson

Geoffroy de Monmouth, WACE, MILTON, TENNYSON, tous ces poètes bretons, normands ou anglais ont, chacun avec son génie, chanté la légende des anciens Bretons de Grande Bretagne ou d'Armorique.

Geoffroy de Monmouth (1100-1155)

«Des rois qui se sont succédés au pays de Galles, depuis ce temps, j'en laisse l'histoire à Caradoc de Lancafarn, mon contemporain; comme je laisse l'histoire des rois Saxons à Guillaume de Malmesbury et Henri de Huntingdon, et je leur demande de faire silence concernant les rois Bretons, car ils n'ont pas ce livre, que Walter, archidiacre d'Oxford, apporta de Bretagne (Armorique), une véritable histoire écrite en langue bretonne, publiée en l'honneur de ces princes, et que j'ai pris le soin de traduire»

Cette phrase tirée de « l'Histoire de rois bretons» de Geoffroy de Monmouth, fit bientôt polémique. Les historiens français ne pouvaient admettre que ce « best-seller » universel, source principale de la légende arthurienne, dont témoignent près de 220 manuscrits enluminés, repris par Wace dans son « Roman de Brut », eut un lien quelconque avec la « petite Bretagne ». Pourtant ce livre breton est peut être « Le livre des faits d'Arthur » dont parle La Borderie puis Léon Fleuriot dans « les Origines de la Bretagne ». Du reste, bien avant Geoffroy, Gildas (VIème siècle), originaire de Grande-Bretagne, qui finit sa vie à Rhuys, était déjà l'auteur de « Excidio et Conquestu Britanniae », histoire de la Grande-Bretagne aux Ve et VIe siècles.

Geoffroy de Monmouth, évêque de St Asaph (Pays de Galles), auteur de « Historia regum Britanniae » était sans doute de la famille des lords de Monmouth. Dès 1075, la châtellenie de Monmouth fut octroyée au Breton Guihénoc de Laboussac, près de Dol, d'où vient également un certain Fitzflaad, à l'origine de la dynastie des Stuart. On sait maintenant que les Bretons possédaient, après la conquête de l'Angleterre en 1066, le quart des fiefs d'Albion, et même la moitié, si l'on y ajoute les nobles d'origine bretonne du Cotentin et de l'Avranchin, régions que possédait le roi Salomon, après 867.

Wace (né en 1100)

Wace (Vassal), naquit à Jersey vers 1100. Il partagea sa vie entre la Normandie et la France, et il visita l'Angleterre. C'est un esprit sceptique et lucide. Lorsqu'il lut le livre VII de l'Historia de Geoffroy de Monmouth, il ne voulut point transcrire les prophéties de Merlin, qui lui paressaient inintelligibles. Dans le Roman de Brut, histoire des rois de Bretagne, il est beaucoup question de l'Armorique, mais nous y reviendrons dans un autre article. Selon le Roman de Rou, qui traite de l'histoire des ducs de Normandie, Brocéliande apparait comme une terre de légendes. C'est « Une forest mult longue et lée, ki en Bretagne est mult loée ». Chrétien de Troyes parle aussi de Brécelien dans « Yvain et la Dame de Brécilien ».

Wace écrit encore : «ceux de Brecheliant dont les Bretons disent maintes légendes», il cite Barenton : «La fontaine de Berenton sort d'une partie lez le perron». Wace décrit comment les chasseurs de Brocéliande recueillent l'eau de la fontaine et mouillent une pierre pour appeler la pluie. Il parle de fées et de magie. Wace fit le voyage de Bretagne armorique, à la recherche de ces contes : «J'y suis allé (à Brocéliande) à la recherche de merveilles; Je les cherchais et vis la forêt et la terre, mais tout se dérobait. Je vins comme un fou et partis comme un fou, j'y allais comme un fou et revins tel un fou. Je cherchais des sottises et me vis comme un fou »

John Milton (1608-1674)

John Milton, fut un poète anglais, auteur de pamphlets, et d'essais. Lorsqu'il perdit un ami très cher, Charles Diodati, il écrivit sur sa mort, un poème fort admiré, «Epitaphe du Démon». Dans ce poème épique, il narre la colonisation de l'Armorique par les Bretons.

«Je dirais de la flotte dardanelle, le long de la mer de Rutupiae (Richborough, Kent) et du royaume antique d'Innogen (femme de Brutus le troyen, roi de Bretagne), fille de Pandrasus, je dirais des chefs Brennus, Arviragus et Belin l'Ancien (rois de Bretagne), je dirais des colons d'Armorique sous la loi des Bretons; je dirais d'Ygraine, mère d'Arthur par une fatale fraude ...»

Dans un autre poème, «Paradis perdu», livre I, Satan passe en revue ses armées; qui excédent tout ce qui est connu.

«Mais ces géants de Phlegrea (Macédonie), joint à la race héroïque, qui combattirent contre Thèbes et Ilium, au coté même des dieux, qui résonnent dans la fable ou la romance du fils d'Uther (Arthur), entouré des bretons et des chevaliers d'Armorique, et tous ceux qui, depuis, infidèles ou baptisés, joutent en Aspramont, Montalban, Damas, Marocco ou Trébizonde … »

Alfred Tennyson (1809-1892)

Une partie de l'œuvre d'Alfred Tennyson, grand poète victorien, est inspirée des légendes arthuriennes. En 1859 il publiait les célèbres «Idylles of the King».

«Une tempête venait, mais, dans l'air immobile, dans les bois sauvages de Brocéliande, devant un chêne, si creux, immense et vieux, il vit une tour maçonnée, couverte de lierre, et, au pied de Merlin, Viviane, la rusée».

«Quelle est le nom de celle de Bretagne (Armorique), Iseult, la fille du roi ? Iseult aux blanches mains »

«Iseult de Bretagne, triste soudain, j'avais tout oublié dans ma joie de vous voir, désirs ? Oui ! D'heure en heure, ici, dans la soirée languissante, Oh !, aussi douce que le souvenir de vous, plus profonde que mes soupirs, me semblait, vue de cette tour, la houle lointaine des riantes mers de l'ouest. Sur la grève, l'ombre de la reine Iseult aurait-elle tiédi le baiser d'Iseult de Bretagne son épouse ? …” vers tirés de «Idylles of the King». Il s'agit ici de Tristan et du Roi Arthur. Armorique

Tennyson visita plusieurs fois la Cornouailles anglaise mais il vint également en Bretagne en 1864, passant par Nantes, Vannes, Carnac, Quimper, Morlaix, Lannion et le Mont Saint-Michel. A Lannion, les environs lui apparaissaient comme riches de légendes arthuriennes. Ernest Renan évoque ce voyage dans un discours de bienvenue aux savants gallois, venus le visiter en 1889 à Rosmapamon (Roz Mab Hamon/colline du fils d'Hamon) près de Perros-Guirec. Tennyson voulut visiter «Keldthuel» où Arthur aurait tenu sa cour, ainsi que l'île d'Avalon. Ce site des environs de Lannion était sans doute le château de Kerduel. L'île d'Avalon est peut être l'île d'Aval, près de l'ile Grande.

Renan visita le poète à Londres à une date indéterminée. Tennyson ayant déploré le matérialisme de son époque, Renan lui dit qu'il était préférable d'éclairer l'histoire avec du génie comme l'avaient fait Tennyson, plutôt que par de simples recherches. Le poète anglais répondit: «Vous êtes un poète en prose, Monsieur Renan».

Références :

• The Mystery of King Arthur, Elizabeth Jenkins

• Roman de Rou, traduit par Edgar Taylor, Google Books

• www.dartmouth.edu pour Daemon Epitaph, Milton

• www.gutemberg.org pour Ydylls of the King, Tennyson

• www.paradiselost.org de Tennyson

• www.Persée.fr, Alfred Tennyson en Bretagne à la recherche des légendes arthuriennes, H. Corbes, Annales de Bretagne

• Articles de Keats-Rohan sur les Bretons anglais avant et après 1066

• Photo d'Alfred Tennyson, licence libre Créative Commons (Wikipédia)

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Informaticien, marié, aime l'écriture (prose poétique, essais, traduction), la langue bretonne, l'histoire, de la Bretagne en particulier, etc
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