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- Communiqué de presse -
Ille-et-Vilaine : mise en place d’un schéma départemental pour le breton et le gallo

Le Département d’Ille-et-Vilaine soutient depuis de nombreuses années les différents acteurs associatifs et institutionnels qui agissent au quotidien sur notre territoire pour la promotion, la diffusion, l’enseignement et l’usage du breton et du gallo

pour UDB le 17/04/23 15:04

Schéma départemental – “Discours de politique générale” 

  • La place du Département dans la sauvegarde et la promotion du breton et du gallo

  • Langues menacées (UNESCO), constitutives de la Bretagne

  • Cadre (Loi NOTRE, Loi Molac, Convention)

  • Les préalables à la mise en place du schéma (“Les lignes rouges”)

  • 1. La place du Département dans la sauvegarde et la promotion du breton et du gallo

    Nous avons le plaisir de vous accueillir aujourd’hui pour le lancement de l’élaboration du premier schéma départemental en faveur des langues de Bretagne pour notre collectivité, et je vous remercie toutes et tous d’avoir répondu présent.

    Le Département d’Ille-et-Vilaine soutient depuis de nombreuses années les différents acteurs associatifs et institutionnels qui agissent au quotidien sur notre territoire pour la promotion, la diffusion, l’enseignement et l’usage du breton et du gallo. Nous mesurons l’ensemble du travail accompli par ces acteurs dans ce domaine, et pour commencer, je tenais à les remercier, à vous remercier. Notre majorité, renouvelée lors des élections de juin 2021, a décidé d’aller au-delà de ce soutien bien réel, pour doter notre collectivité d’un “schéma départemental en faveur des langues de Bretagne”. C’est un engagement inscrit dans notre projet de mandature 2022-2028, au côté de deux autres mesures dans ce domaine : la signature des chartes « Ya d’ar Brezhoneg » et « Dam Yan, dam Vèr ! » ainsi que le soutien à la création d’un collège Diwan.

    A l’instar des autres collectivités engagées en faveur des langues de Bretagne, villes, intercommunalités, au côté de la Région Bretagne et des autres départements bretons qui ont mis en place une politique en faveur du breton et du gallo, nous souhaitons que notre département prenne toute sa part dans la sauvegarde et la promotion de ces langues.

    Le défi à relever est de taille car nous le savons, ces langues sont menacées dans leur existence même en tant que langues vivantes et nous devons agir avant qu’il ne soit trop tard. Ce défi : nous ne pourrons le relever qu’avec vous toutes et vous tous !

    2. Une diversité linguistique menacée

    Les activités humaines ont pour conséquence d’entraîner les bouleversements climatiques auxquels nous sommes toutes et tous confronté.e.s, et elles sont responsable également de l’effondrement de la biodiversité. Mais ce qu’on sait moins, c’est qu’elles menacent aussi la diversité linguistique. En effet, alors que la décennie internationale pour les langues autochtones vient d’être lancée officiellement sous l’égide des Nations Unies au siège de l’Unesco à Paris en décembre 2022, la montée des eaux, provoquée par le dérèglement climatique, a été évoquée parmi les principales menaces à moyen terme. Or, une langue qui disparaît, c’est un pan entier de l’humanité qui disparaît. Chaque langue doit d’être protégée, promue, diffusée et parlée. Une langue qui meurt entraîne la perte irrémédiable de connaissances uniques sur le plan culturel, historique et environnemental. Chaque langue témoigne à sa façon de l’expérience humaine et d’une vision du monde. C’est le cas pour le breton et le gallo ici en Bretagne, et notamment sur le territoire d’Ille-et-Vilaine. 

    Le breton et le gallo sont constitutives de la personnalité de la Bretagne et de l’Ille-et-Vilaine Comme le chantait Alan Stivell : “Hep brezhoneg, Breizh ebet”, et nous pouvons ajouter sa traduction en gallo “Saun le galo poènt de Bertaèyn !”. En un mot, la Bretagne ne serait plus la Bretagne si le breton et le gallo venaient à disparaître. En tout cas, cela ne serait plus la même Bretagne, celles que nous chérissons toutes et tous.

    Mais rassurons-nous, le breton et le gallo sont encore présents en Bretagne et en Ille-et-Vilaine, malgré un recul important depuis le siècle dernier, dû à une politique qui, au nom de la nécessité de l’apprentissage du français par toutes les citoyennes et tous les citoyens de notre République, ce que personne ne remet évidemment en cause, a promu non pas le plurilinguisme, mais le monolinguisme français au détriment des autres langues de France. Toutefois, leur avenir est loin d’être assuré à ce jour. D’ailleurs, dans son Atlas des langues en danger dans le monde, l’UNESCO classe le breton et le gallo comme des langues “sérieusement” en danger, ce qui signifie que si rien n’est fait aujourd’hui elles seront demain bel et bien en situation critiques et finiront par disparaître.

    Cependant, ceci n’est pas une fatalité, comme le montre l’exemple du Pays basque où le nombre de locuteurs de l’euskara ne baisse plus. Mais c’est maintenant qu’il nous faut agir si nous voulons sauver nos langues.

    3. Le cadre réglementaire et législatif

    L’élaboration du schéma départemental du breton et du gallo se fera dans le cadre des différents textes législatifs ou documents de référence : la loi NOTRE, la Convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne et le développement de leur usage dans la vie quotidienne, et la Loi du 21 mai 2021 relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion.

    La loi Notre de 2015 a eu pour effet de modifier le Code Général des Collectivités Territoriales en y ajoutant l’alinéa suivant ”Les compétences en matière de culture, de sport, de tourisme, de promotion des langues régionales et d’éducation populaire sont partagées entre les communes, les départements, les régions et les collectivités à statut particulier. “

    En février 2022, a été signée à Rennes “la convention spécifique pour la transmission des langues de Bretagne et le développement de leur usage dans la vie quotidienne (2022-2027)”, cette convention, si elle concerne en premier lieu les rapports qui régissent l’État et la Région, ses signataires, dans ce domaine, concerne également l’action départementale. Dans son préambule, la Convention mentionne en effet que “la concertation avec les conseils départementaux (…) sera poursuivie, avec pour objectifs la nécessaire harmonisation et la complémentarité des actions.”

    C’est par exemple dans le cadre de cette convention, que notre Département participe aux travaux du Dispositif restreint commun de concertation Etat – Collectivités qui a pour mission d’organiser la concertation sur les politiques à engager par chacun des partenaires afin de concourir à la réalisation des objectifs de la convention en matière d’enseignement. L’un des objectifs de cette est en effet de passer de 19 000 à 30 000 élèves bilingues en Bretagne d’ici à la fin de la convention en 2027.

    Dans ce domaine de l’enseignement, l’application de l’article 7 de loi du 21 mai 2021 dispose que “la langue régionale est une matière enseignée dans le cadre de l’horaire normal des écoles maternelles et élémentaires, des collèges et des lycées sur tout ou partie des territoires concernés, dans le but de proposer l’enseignement de la langue régionale à tous les élèves. » Cette loi adoptée en 2021 est une loi historique, la loi relative à la protection patrimoniale des langues régionales et à leur promotion, dite “loi Molac” du nom du député qui était à son initiative.

    Cette loi s’intéresse à trois domaines : la protection patrimoniale des langues régionales, leur enseignement et leur place dans les services publics, notamment en matière de signalétique et de signes diacritiques.

    La loi Notre, la convention spécifique Etat Région, la loi “Molac” fixent donc le cadre dans lequel nous nous inscrirons pour définir nos objectifs et les actions à mettre en place dans notre schéma départemental.

    Nous pourrons aussi nous appuyer sur les résultats de l’étude TMO de 2018 concernant spécifiquement les attentes et les demandes de nos concitoyens et concitoyennes ici en Ille-et-Vilaine.

    4. Les préalables à la mise en place du schéma (“Les lignes rouges”)

    Pour conclure, je souhaiterais évoquer deux écueils qu’il me semble que nous devons éviter il me semble, pour garantir la réussite de ce schéma.

    Tout d’abord, je tiens à réaffirmer que le breton et le gallo sont tout autant légitimes sur l’ensemble du territoire d’Ille-et-Vilaine. Il ne s’agit pas de nier que leur histoire est différente sur ce territoire, mais de dire qu’aujourd’hui, la frontière linguistique s’est largement estompée, tout simplement parce que la majorité des Bretonnes et des Bretons sont monolingues français, et que les deux langues sont bien présentes sur notre territoire, comme le démontre l’étude de 2018. Le breton et le gallo sont tous les deux dans une situation critique et nous agirons bien en faveur des deux langues, et non en opposant l’une à l’autre.

    Si nous sommes réunis aujourd’hui c’est en effet pour préparer un avenir pour le breton et le gallo et non pour contempler ou regretter le passé, même si ces langues comportent aussi un aspect patrimonial à sauvegarder. Nous travaillons aujourd’hui pour les actuels et futurs locuteurs de breton et de gallo qui habitent, travaillent, étudient, grandissent en Ille-et-Vilaine.

    C’est pourquoi ce schéma départemental doit se construire autour du principe suivant : la parité d’estime pour les deux langues. Nous devons ainsi aussi éviter l’autre écueil qui serait de prétendre que l’une serait supérieure à l’autre, plus prestigieuse, plus valorisante.

    La situation sociolinguistique de ces deux langues est bien différente en Bretagne et en Ille-et-Vilaine et n’est pas comparable. Le gallo souffre d’un manque de notoriété sur lequel nous devrons sans doute travailler. Les locuteurs de gallo n’ont pas tous conscience de ce qu’ils parlent, surtout les plus anciens. Le sondage TMO le démontre bien, à titre d’exemple, 35% des habitants de Haute-Bretagne ne connaissent pas l’existence du gallo et 41% le définissent par “patois”. Seuls 23% pensent spontanément au terme gallo.

    La situation du Breton est différente. Rennes est ainsi la première ville de Bretagne en nombre d’enfants scolarisés en breton (bilingue ou immersif) et comme évoqué tout à l’heure, le soutien à la création d’un collège Diwan est inscrit dans le projet de mandature. La langue bretonne est présente et se développe en Ille-et-Vilaine, que ce soit dans le domaine de l’enseignement bilingue, de la formation pour adultes, de l’audiovisuel puisque c’est en Ille-et-Vilaine que l’on produit et diffuse les émissions en Breton du service publique. Des projets de radio en breton sont également en cours, avec le lancement prochain de la radio numérique terrestre notamment. Nous nous devons d’accompagner ce développement.

    Aussi, s’il est nécessaire d’insister sur ce principe de parité d’estime pour le breton et le gallo, il nous faut élaborer des politiques adaptées correspondant à la réalité de la situation de ces deux langues et à l’attente des citoyens et des citoyennes d’Ille-et-Vilaine… C’est ce à quoi nous vous invitons toutes et tous à concourir.

    Denez Marchand, vice-président du conseil départemental d’Ille-et-Vilaine

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    Vos 1 commentaires
      Burban xavier
      le Lundi 17 avril 2023 17:56
    Ce schéma départemental est le bienvenu , il souligne la nécessité d'enseigner le breton et le gallo sur le territoire sans limite séparative pour le breton car nous sommes francisés en Bretagne , l'urgence est bien comprise de sauver ces langues de Bretagne face à la menace d'extinction de ce patrimoine linguistique , le chemin sera long pour la réappropriation par les Breton(ne)s , le travail colossal mais cette décision est à saluer pour l'enseignement du breton et du gallo . Chacun pourra sans doute choisir sa filière selon son coeur et son inclinaison selon l'offre locale . La culture sera confortée si les moyens et les finances suivent à ce sujet .
    Mais le désir et la persévérance des apprenants seront capitals pour apprendre l'une ou l'autre des langues de Bretagne pour les voire s'installer dans le domaine publique de manière naturelle .
    Goanagomp (spiomp) dalc'hmat !
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