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- Interview -
Japon : Agence Bretagne Presse interviewe Stéphane Péan
Suite au tremblement de terre au large de Sendai – une ville jumelée avec Rennes – qui a atteint 9 sur l'échelle de Richter, et qui aurait fait au moins 10.000 morts, ABP a interviewé via skype Stéphane Péan, fondateur de l'association des Bretons du Japon et co-fondateur de BZH-Network
Philippe Argouarch pour ABP le 13/03/11 13:56

Suite au tremblement de terre au large de Sendai – une ville jumelée avec Rennes – qui a atteint 9 sur l'échelle de Richter, et qui aurait fait au moins 10.000 morts, ABP a interviewé via skype Stéphane Péan, fondateur de l'association des Bretons du Japon et co-fondateur de BZH-Network. Stéphane qui habite Tokyo a accepté de faire le point sur la situation et en profite en fin d'interview pour passer les consignes de l'ambassade aux ressortissants français au Japon.


[ABP] Les Bretons du Japon sont surtout dans la région de Tokyo donc ont échappé au cataclysme ?

[Stéphane Péan] Oui tout à fait mais nous avons également quelques membres dans le Kansai (sud) et la région du Tōhoku où le tremblement de terre a eu lieu... nous avons été tous très occupés ces derniers jours ... nous commençons seulement à communiquer entre nous via facebook, skype ou les portables.


[ABP] Où étiez-vous pendant le tremblement de terre ?

[Stéphane Péan] J'étais au bureau dans le quartier d'Ebisu. Ma femme également à son travail un peu plus loin dans le quartier de Daimon. Et ma fille de 9 ans à l'école, préparant ses affaires pour la sortie vers 15 h. Heureusement, elle n'était pas encore dans les transports. Dans notre appartement les meubles ont été entièrement détruits ainsi que la télévision LCD.

Les secousses ont été de plus en plus intenses avec de grands mouvements latéraux. J'ai cru à un moment donné que le sol allait s'effondrer. Il s'agit toutefois d'un petit immeuble de 4 étages. Il était temps que ça s'arrête et nous sommes tous sortis. À ce moment là, les rues étaient remplies de monde. Ce n'est qu'après que j'ai compris l'horreur de la situation avec les premières images du tsunami.


[ABP] Avez-vous l'eau et l'électricité ?

[Stéphane Péan] Cela dépend des régions. À Tokyo tout a été remis en place très vite, cependant, dans la grande banlieue, autour du Tokyo Disney Land, il y a encore des problèmes sur les réseaux d'électricité et d'eau.

De nombreuses routes ont été détruites et l'approvisionnement des magasins pose problème d'autant plus que la population prépare des réserves d'eau, de nourriture, etc.


[ABP] Certains médias parlent de meltdown fusion du cœur d'un réacteur nucléaire partiel pour deux centrales nucléaires. Est-ce que les Japonais donnent la même information ? Les murs d'enceinte des réacteurs ont-ils cédé ou pas ?

[Stéphane Péan] Je crois comprendre que les Japonais sur place ne savent pas encore très bien ce qui se passe et où en est le processus. Ils essaient de réduire la pression par différentes techniques. La situation est clairement critique mais non, les enceintes n'ont pas cédé. C'est un autre bâtiment qui a explosé du fait de l'accumulation de l'hydrogène provoquée en raison des opérations de refroidissement menées. Mais je ne suis pas non plus expert de la question. Je me méfie beaucoup des supputations françaises et américaines sur la question ; les seuls qui connaissent la situation sont sur place.


[ABP] Quelle est la situation de dimanche soir à Tokyo ?

[Stéphane Péan] La situation actuelle est complexe et les Japonais sont dans l'attente. Ils se préparent à d'autres tremblements de terre. Dans les 3 jours, il y a 70 % de probabilité d'avoir un séisme de niveau 7 dans la région du Kanto (Tokyo). Il y a également 2 scénarios possibles concernant le risque nucléaire. La deuxième option concerne l'explosion d'un réacteur et la naissance d'un nuage radioactif qui pour l'instant serait dévié par les vents et ne passerait pas sur la mégalopole tokyoïte.  Les étrangers commencent à quitter la région et même le pays, notamment les Allemands.

L'ambassade de France incite ses ressortissants à quitter la région du Kanto pendant au moins 3 jours. La situation est donc très délicate. Il risque d'y avoir des coupures d'électricité à partir de ce soir sur Tokyo.


[ABP] Vos familles en France sont-elles inquiètes ?

[Stéphane Péan] Je trouve indécente et difficilement supportable la politisation en France de cette catastrophe notamment par des organisations et certaines personnalités politiques. La situation des centrales nucléaires est certes très critique mais il est inacceptable de diffuser des informations non complètes ou des analyses fantasmées. Nous avons nos familles en France qui s'inquiètent énormément... Une présentation plus humaine de la situation est souhaitable avant tout.


[ABP] Quelles sont les consignes de l'ambassade de France ?

1. Pertes humaines

Nouveau bilan provisoire : au moins 10.000 morts  (source : police de Miyagi) ;

2. Point ressortissants :

Sur les 137 ressortissants français présents dans la région nord-est, la plus touchée par le séisme, 116 ont pu être contactés et sont indemnes. La cellule de crise de l'Ambassade met tout en œuvre pour rentrer en contact avec les 21 dont on reste aujourd'hui sans nouvelles.

Miyagi : 77 personnes sur 93 recensées ;

Iwate : 5 personnes sur 10 recensées ;

Fukushima : 19 sur 19 ;

Aomori : 15 personnes sur 15 recensées ;

La France envoie en ce moment une équipe de plus d'une centaine de personnes de la Sécurité civile au Japon, afin de prêter main forte aux autorités japonaises et de les aider dans leur travail de secours.

3. Point nucléaire :

Deux scénarios sont actuellement  possibles  :

- Une mise sous contrôle des centrales défectueuses : dans ce cas le risque reste celui d'une contamination résiduelle liée au relâchement contrôlé de gaz radioactifs, avec un risque négligeable pour l'agglomération de Tokyo. Ce scénario est actuellement privilégié par les autorités japonaises et par un grand nombre de scientifiques.

-  Ou au contraire l'explosion d'un réacteur avec dégagement d'un panache radioactif. Ce panache peut être sur Tokyo dans un délai de quelques heures, en fonction du sens et de la vitesse du vent. Le risque est celui d'une contamination.

La période critique sera les trois à quatre jours à venir. En raison de la mise à l'arrêt d'une partie du parc nucléaire, des coupures d'électricité sont annoncées, notamment dès cette fin de journée.

L'Agence météorologique japonaise vient de faire état de la probabilité d'un nouveau séisme de force 7 localisé dans le nord Kantô. Cette probabilité est de 70 % dans un délai de trois jours et de 50 % dans les jours suivants.

4. Recommandations :

Compte tenu de ce qui précède (le risque d'un fort tremblement de terre et l'incertitude sur la question nucléaire), il paraît raisonnable de conseiller à ceux qui n'ont pas une raison particulière de rester sur la région de Tokyo de s'éloigner de la région du Kantô pour quelques jours.

Nous déconseillons fortement à nos ressortissants de se rendre au Japon et nous  recommandons fortement de reporter tout voyage prévu.

Le lycée sera fermé pour trois jours jusqu'à mercredi inclus, pour permettre une inspection des locaux suite au tremblement de terre.

L'Ambassade continue de suivre de très près l'évolution de la situation, en contact à la fois avec Paris et avec les autorités japonaises.

Nous recommandons à nos ressortissants de suivre en toutes circonstances les consignes des autorités japonaises. Il est notamment conseillé à nos ressortissants vivant dans les zones à proximité des centrales de se calfeutrer dans leur domicile (il faut couper les systèmes d'aération), et de faire, quand ils le peuvent, des provisions de bouteilles d'eau potable et de nourriture pour plusieurs heures. En cas de sortie indispensable, il est nécessaire de porter un masque respiratoire.

Nous rappelons que l'absorption de capsules d'iode n'est pas un acte anodin. Un usage répété à l'excès peut être dangereux pour la santé.

Il est donc très important de choisir le bon moment pour en absorber lorsque cela devient nécessaire. Là encore, il conviendra de suivre les conseils des autorités japonaises et nos propres consignes que nous vous communiquerons.

L'Ambassade ne manquera pas d'informer ses compatriotes si de nouvelles consignes devenaient nécessaires.

(voir le site) des bretons du japon pour suivre les événements

Philippe Argouarch

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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 2 commentaires
Pierre Camaret Le Lundi 14 mars 2011 08:00
Tres bien Stephane .
J'apprecie la remise au point des" associations ", et des "politiciens pour qui ce desastre est une aubaine .
Indecent .Vraiment ce ne va pas dutout dans cet "Hexagone".
(0) 

Xavier Guézou Le Jeudi 17 mars 2011 08:39
Merci de cet article et un grand bravo Stéphane pour ta lucidité et ne pas avoir "fui" l'île comme tant d'occidentaux, dès les premiers jours...
Kalon vat,
Xavier G.
(0) 

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