
Effacement de la Culture Celtique
Réalisation : KELTIA Magazine – 2245 vues
Le premier Colloque Keltia, intitulé « Les Celtes : Histoire et destinée », s'est tenu à Erdeven le samedi 25 octobre 2025. Ce premier événement a mis à l'honneur l'effacement de la culture celtique, un thème central qui a nourri de riches échanges.
Le premier Colloque Keltia, intitulé « Les Celtes : Histoire et destinée », s'est tenu à Erdeven le samedi 25 octobre 2025.
Ce premier événement a mis à l'honneur l'effacement de la culture celtique, un thème central qui a nourri de riches échanges.
La réflexion développée lors de ce Colloque est désormais disponible en ligne sur le site de Keltia. Elle s'appuie notamment sur l'ouvrage « Les Celtes et l'Armorique », publié aux éditions Yoran Embanner en 2025.
Cette analyse approfondie propose de déconstruire la notion de "culture celte" à travers un examen en deux parties :
- L'Antiquité et la présence celtique : Distinction de trois tendances majeures au sein de la recherche contemporaine sur l'identité celtique.
- L'effacement en Armorique : Étude de la disparition progressive de cette culture dès la fin de l’Antiquité dans la péninsule armoricaine.
Ci-joint , Le plan détaillé de cette réflexion ainsi qu'une conclusion provisoire dans ce débat passionnant, toujours en cours.
Introduction
• Un concept complexe et débattu
- L’inscription du concept de Celtes dans le projet du Conseil National des Programmes de l’Education nationale de 2025.
- Une polémique révélatrice : l’exposition du Musée de Bretagne en 2022.
- Le concept est valide car il appartient à l'onomastique de l'Antiquité.
• La perception antique :
◦ Le terme est une projection du premier millénaire : les Celtes sont une catégorie géographique et politique (peuples aux confins).
Partie 1. La culture des Celtes de l’Antiquité
1.Remise en cause du schéma traditionnel :
◦ Contestation des berceaux d’origine de La Tène et Hallstatt
2. Trois tendances dans la recherche :
◦ Le Mirage historiographique : approche restrictive de l'archéologie rejetant le terme (ex : Christian Goudineau, Dominique Garcia, Jean-Louis Brunaux ou Jean-Paul Demoule).
◦ La Théorie des Celtes de l'Atlantique : thèse de continuité autochtone depuis le Néolithique (Barry Cunliffe).
◦ Des Celtes d’ascendance Kourgane : approche interdisciplinaire liant la culture à des mouvements de population du IIIe millénaire av. J.-C. (Campaniforme, tumulus individuel) (Patrice Brun, 2006, apports de la recherche de la linguistique te la génétique : Johannes Krause et Thomas Trappe, Céline Bon, Eva-Maria Geigi...).
Partie 2. L’effacement de la culture celtique dès l’Antiquité
Cette partie examine comment la culture celte antique s'est transformée, un processus qui est plus une réinterprétation qu'une disparition totale.
1. La conquête romaine
• Rupture marquée par l'imposition du latin et l'adoption du droit romain.
2. Une christianisation d’Outre-Manche et seconde vague de celtisation
3. La langue bretonne, issue des langues brittoniques, a maintenu une importante continuité linguistique
Conclusion
Le concept de Celtes, bien que valide pour désigner une perception antique, ne doit pas être figé dans une définition archéologique trop étroite. Les avancées récentes nous invitent à considérer une genèse plus complexe, ancrée dans des mouvements de population et des échanges culturels dès le IIIe millénaire avant notre ère. Ainsi, la notion de Celtes, telle que perçue dans l'Antiquité, se révèle dynamique, évoluant entre les traditions funéraires collectives du Néolithique, les expressions symboliques de la culture mégalithique, et la rupture introduite par la conception chrétienne de la mort.
L'"effacement" de la "culture celte" en Bretagne n'a pas été une disparition brutale et définitive. Il s'agit plutôt d'un processus de transformation continu, d'adaptation et de réinterprétation. Sous l'effet de la romanisation et, surtout, de la christianisation, les structures sociales, les croyances et les pratiques ont profondément évolué. Cependant, l'héritage du passé n'a jamais complètement disparu. Il persiste sous des formes hybrides, dans la langue que nous parlons, dans certaines traditions populaires réinventées, et dans une mémoire collective sélective.
Le concept même de "Celtes", initialement une catégorie exogène, a été réapproprié et resémantisé à différentes époques, notamment à partir du romantisme du XVIIIe siècle, alimentant les constructions identitaires contemporaines.
Aujourd'hui, le concept de Celtes tel qu'il était perçu dans l'Antiquité ne correspond plus à une réalité ethnique ou culturelle homogène. La question des langues celtiques reste un enjeu contemporain. Le regain d'intérêt pour la musique dite celtique, le Festival Interceltique de Lorient et l'activité des cercles celtiques témoignent d'un héritage perçu et vécu comme un élément de l'identité bretonne actuelle. Cet héritage est avant tout un "ressenti commun" (Gautier, Alban, « Des Celtes au Moyen Âge ? », Histoires
et images médiévales, 2011, n° 26, p. 6-13.), une construction identitaire contemporaine qui s'appuie sur des éléments linguistiques, musicaux et symboliques. Il est crucial de distinguer l'identité ethnique de l'identité culturelle.
En fin de compte, peut-être que la question n'est pas tant de savoir si la Bretagne est celtique, mais plutôt comment elle raconte son héritage aujourd'hui. Un héritage vivant, complexe et toujours en dialogue avec son passé. Cet héritage est celui que l'on retient, celui que l'on se réapproprie.
Les Celtes continuent de vivre dans notre imaginaire. Les Celtes continuent de vivre dans notre imaginaire. Le roman de Sylvain Tesson "Avec les Fées" (2024) en témoigne, puisqu'il raconte le voyage de l'auteur le long de l'arc atlantique (de la Galice à l'Écosse), sur les traces des mythes et du merveilleux propres aux terres celtiques (Bretagne, Cornouailles, Irlande, etc.), ravivant ainsi la magie et la poésie de cet héritage ancestral face au monde moderne
GENDRY Mikaël, « Les Celtes et l'Armorique », éditions Yoran Embanner en 2025, 200p.
Dimension : 15.5x22cm
Présentation : broché
Pagination : 336 pages
Illustrations : Noir et blanc
A galon Mikaël Gendry
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