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- Chronique -
La Bretagne tiers-mondisée ?
L'ambassadeur de Cuba se tient prêt à envoyer à Guingamp des médecins cubains pour maintenir les soins hospitaliers. La Bretagne serait-elle en voie de tiers-mondisation ? Et s'il fallait réagir enfin en exigeant clairement l'autonomie ?
Yvon Ollivier Par Yvon Ollivier le 19/02/24 13:19

L’ambassadeur de Cuba en France se tient prêt à envoyer à Guingamp des médecins cubains pour maintenir les soins hospitaliers.

Comment décrypter cette information ? La France n’est plus capable de former des médecins pour subvenir à ses besoins, ou plutôt disons qu’elle a d’autres priorités.

A force de privilégier les dépenses de grandeur – armée, nucléaire, diplomatie, JO, etc…- l’Etat est condamné à faire des choix, surtout lorsque la croissance n’est pas au rendez-vous.

Ainsi la santé recule comme l’ensemble des services publics, mais encore pas partout. Paris et les métropoles résistent bien et ne connaissent pas de désert médical, postal, scolaire ou judiciaire.

Pour les territoires périphériques, et semi-ruraux, c’est la tiers-mondisation qui guette. C’est bien comme cela qu’il nous faut interpréter le recours des Guingampais à Cuba, moyen intelligent pour mettre la pression sur l’Etat.

La France est devenue une personne malade, avec de gros besoins sociaux qu’elle ne peut plus assurer. Seul l’endettement progressif maintient encore le malade en vie.

Et dans ce contexte, que faisons-nous en Bretagne ?

Pas grand-chose. La région Bretagne a remis un rapport pour plus d’autonomie à Mme la Première ministre Borne. Mais dans quel esprit ?

Il a fallu retirer le Gwenn ha du de la salle, à Saint-Malo, pour que Mme la Première ministre puisse prendre la parole. Déjà la messe était dite. Celui qui consent à retirer son drapeau ne sera jamais crédible pour obtenir des droits ou des libertés.

Le rapport en lui-même n’est qu’une morne supplique et d’une ambiguïté rare. S’il finit par évoquer timidement un statut constitutionnel, c’est pour les calendes grecques.

Le pire : en 40 pages, pas la moindre mention du « peuple breton ». Nous avons regardé le document similaire remis par les Corses. La notion de « peuple corse » est reprise plus de 70 fois.

Que peut attendre celui qui remet une demande d’autonomie, la tête basse, en retirant son drapeau et sans jamais oser dire qu’il le fait au nom d’un peuple ?

On n’émancipe pas une « région » puisqu’elle n’est qu’une morne partie du tout. C’est d’ailleurs pour cette raison que la langue bretonne est en fâcheuse posture. A quoi bon sauver « une langue régionale » et donc forcément inférieure ? On ne sauve une langue que lorsqu’un peuple la prend en charge, et encore nous savons à quel point c’est difficile.

Les circonvolutions politiques d’usage ne sont d’aucune justification pour celui qui retire son drapeau. Si nous pouvons voir dans la remise de ce rapport un acte symboliquement fort, le choix s’impose à nous. Sommes-nous une « région » ou un « peuple » ?

Faut-il vraiment s’étonner si les Corses avancent tandis que les Bretons restent soumis à tous les vents de l’histoire.

Nous connaissions les cités-Etats qui ont prospéré sur l’accaparement des chasseurs cueilleurs il y a quatre mille ans. Avec Paris, nous avons le premier Etat-cité qui subordonne l’ensemble des préoccupations au rayonnement de la capitale.

C’est là le principal clivage au sein duquel nous devons nous inscrire. Ne perdons plus notre temps avec les clivages franco-français qui finiront par tout emporter.

Notre destinée sera-t-elle de demeurer toujours cette région variable d’ajustement de toutes les politiques publiques, ou le peuple surgira-t-il des ruines d’une région soumise et tiermondisée ?

Yvon Ollivier

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Yvon OLLIVIER est juriste, auteur de l'ouvrage "la désunion française essai sur l'altérité au sein de la République" ed l'harmattan 2012 et membre de la coordination des juristes de Bretagne blog associé desunion-francaise.over-blog.com
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Vos 3 commentaires :
Burban xavier Le Lundi 19 février 2024 18:51
En acceptant la qualification de : " région Bretagne administrative à 4 départements "nous recevons le mépris du pouvoir parisien , seule la mention "de peuple breton" sur le territoire de la Bretagne historique en la revendiquant nous fera exister et nous serons reconnus tels quels .
Il nous faut un statut reconnaissant ce fait "peuple breton" .
Le terme régionalisme est profondément dévalorisant .
(3) 

Brocélbreizh Le Lundi 19 février 2024 20:22
Excellent.
- Cuba forme de très bons médecins et la santé est un sujet primordial. J'approuve de tout cœur cette démarche.
- La Corse progresse pour ses libertés car son pouvoir est fort et uni par l’intérêt général de ses habitants. La Bretagne n’a pas cette chance: avec quelques élus régionalistes unijambistes qui font passer la gauche avant les libertés bretonnes, ils ne récoltent que du vide électoral depuis des lustres. Et c'est bien la moindre des choses.
Les Bretonnes et les Bretons sauront regarder celles et ceux qui priorisent leurs intérêts en premier lieu. Pour cela il faut de la visibilité, de la patience et assez de maturité pour s'unir autour des libertés bretonnes afin de pouvoir voter autrement.
Le prisme Anti-pesticide/Gauche/Cueff/Autonomie ne favorise pas une large autonomie garante du bon fonctionnement de notre pays.
L'union pour nos libertés est plurielle et s’affranchit de facto du vent qui voudrait nous porter vers la gauche ou vers la droite.
(4) 

Alain E. VALLÉE Le Mardi 20 février 2024 12:37
Depuis longtemps, Cuba forme de nombreux médecins parce que la structure des études médicales n'est pas celle qui prévaut ici.
Sauf erreur ou omission, il n'est pas prévu qu'à Cuba, par exemple, les futurs urologues doivent passer de longs mois à étudier l'ORL ou la Dermatologie, matières certes très importantes mais plutôt inutiles dans la pratique ordinaire de l'urologie.
Ainsi, le système cubain est beaucoup plus productif que le français. Il produit plus de médecins plus vite compétents dans leur spécialité, plus rapidement qu'ici. Ce pays pauvre a très tôt su optimiser ses rares ressources tant pour ses besoins que pour les mettre à la disposition de situations catastrophiques (évènements naturels, guerres, ...) ou même de pays bizarrement dans le besoin.
Le résultat est que la médecine cubaine a grande réputation.
AV
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