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- Éditorial -
La première pétition pour les langues régionales date de 1870
Alors qu'une pétition circule pour la modification de l'article 2 de la Constitution pour y mentionner les langues régionales (l'article 2 stipule que seul le Français est une langue officielle), les Français découvraient au Salon du livre de la porte de Versailles à Paris que l'Inde – le pays invité d'honneur du salon 2007 – a 25 langues officielles.
Philippe Argouarch pour ABP le 1/04/07 13:45

Alors qu'une pétition circule pour la modification de l'article 2 de la Constitution (voir le site) pour y mentionner les langues régionales (l'article 2 stipule que seul le français est une langue officielle), les Français découvraient au salon du livre de la Porte de Versailles à Paris, que l'Inde – le pays invité d'honneur du salon 2007 – a 25 langues officielles.

La première pétition pour les droits des langues régionales (1) en France date de 1870 et fut écrite par l'oncle du Général de Gaulle, un fervent celtisant, qui parlait et écrivait le breton et le gallois, et fut un grand défenseur de la Bretagne. (voir le site) , sa page sur Wikipedia, où il n'est pas question de cette pétition (2). ( voir l'article ) pour le texte.

Il y a des combats qui durent des siècles.

En France, un pays dit démocratique, le droit n’est pas toujours défini par les droits fondamentaux de l’homme et de ceux des nations ou par les conventions internationales mais par la volonté de la majorité, d’un groupe ethnique dominant qui s'est doté d'une idéologie afin de construire une nouvelle nation et une identité nationale exclusive (nation building politics comme disent les Anglo-Saxons).

La Constitution de la Ve république, comme les précédentes, n'a aucun article qui garantisse les droits des minorités nationales et les droits culturels des régions qui composent le territoire sauf pour les nouvelles clauses sur la Polynésie (3).

Il ne s’agit pas d’affirmer que la France ne suit pas les conventions internationales mais qu’elle les limite ou refuse tout simplement de les ratifier quand ces conventions remettent en cause certains privilèges qu’elle appelle parfois "exceptions culturelles" ou d'autres fois "principe de l'égalité devant la loi" ou encore "valeurs de la république" mais qui sont en fait le masque d’un impérialisme déguisé qui rejette toute forme de nationalisme sauf le sien. Le communautarisme c'est le nationalisme des autres en quelque sorte.

Étrangement, les politiciens français, quel que soit le régime, ne semblent s'intéresser aux langues régionales que quand tout va mal. En 1870, comme l'écrit Charles de Gaulle (l'oncle du président), tout le monde s'y intéresse. On le suppose, après la perte de l'Alsace et de la Lorraine et la défaite de la France par la Prusse. Sous le régime de l'occupation et de Vichy, la Bretagne obtient même l'enseignement de l'histoire bretonne obligatoire et des émissions radiophoniques en breton (par Roparz Hemon). En 1969, alors que la France vient d’être ébranlée par les événements de 1968 et les attentats du FLB (Front de Libération de la Bretagne), Charles de Gaulle propose par referendum une régionalisation qui sera rejetée mais reprise 12 ans plus tard par les socialistes et la loi Deferre de 1981.

Aujourd'hui, alors que la France se désindustrialise à une vitesse effarante et que nous avons perdu, sans l’engager, la bataille de la mondialisation, au moins 3 candidats se sont prononcés pour faire ratifier la Charte Européenne des Langues Régionales. (François Bayrou, Ségolène Royal et Dominique Voynet).

Si le système n'est remis en cause que lors des défaites — faut-il souhaiter l'écroulement total de la France pour que nos droits légitimes nous reviennent ?

Philippe Argouarch


(1) Alors nommées les langues provinciales

(2) Depuis (visite en décembre 2011) la lacune a été comblée

(3) Par comparaison voir une constitution moderne comme celle de la Pologne (1997) qui s'inspire des directives du Conseil de l'Europe :

– 1. La République de Pologne garantit aux citoyens polonais appartenant à des minorités nationales et ethniques la liberté de conserver et de développer leur propre langue, de conserver les coutumes et les traditions et de développer leur propre culture.

– 2. Les minorités nationales et ethniques ont le droit de créer leurs propres institutions d'éducation, des institutions culturelles et des institutions servant la protection de leur identité religieuse et la participation à la prise de décisions dans le domaine de leur identité culturelle.]

( voir l'article )

Voir aussi :
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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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