Le président de Région en tournée bretonne. L’autonomie aux oubliettes
Le président de la Région Bretagne ne donne aucune suite au voeu pour l'autonomie voté en avril 2022, mais préfère toujours la différenciation valable pour toutes les Régions françaises.
Par Émile Granville pour ABP le 13/06/25 19:49
Loïg Chesnais-Girard, président du Conseil régional de Bretagne, a entamé son tour des territoires, par le Pays de Quimperlé en décembre 2024. Après le Trégor en mars, il a fait étape à Redon, le 12 juin 2025.
Réunion de la Région à Redon le 12 juin 2025
Après avoir présenté les compétences de la Région, Loïg Chesnais-Girard a donné la parole au public. Les questions locales abordées ont été celles d’un projet de prospection minière sur 20 communes du Pays de Redon qui suscite de nombreuses oppositions, les pesticides dans l’eau, les arrêts de train, la mise en place de la taxe sur les entreprises pour le transport en commun. Les échanges ont été courtois. Le président de Région, très à l’aise dans ce type de communication, était accompagné de Jean-François Mary, président de Redon Agglomération.
Difficile pour moi de ne pas poser la question de l’autonomie. Dans ma question, j’évoquais la fameuse Assemblée de Bretagne, l’autonomie vue comme l’augmentation généralisée des compétences des Régions françaises, un Statut particulier pour la Bretagne, et la suite donnée au Vœu pour l’autonomie voté en avril 2022 par la Région : 3 ans déjà !
Loïg Chesnais-Girard s’est montré très décentralisateur. En début de soirée, il indiquait que le budget annuel de la Région Bretagne est de 2 milliards d’euros. Certes, dit-il, une somme importante, mais qui pour d’autres Régions européennes serait multipliée par 10. En introduction à la réponse à ma question, il a rappelé, pour le regretter, que sur 10 € d’argent public dépensés en Région Bretagne, 2 € étaient gérés par les collectivités territoriales, dont seulement 0,5 € par la Région Bretagne. Il faudrait, à son avis, pouvoir gérer directement au moins entre 5 et 6 €.
Concernant l’Assemblée de Bretagne, sa réponse a été très vague, mettant en garde contre la suppression du nombre d’élus, préférant que les élus communaux, départementaux, régionaux, s’en tiennent à exercer leurs compétences là où ils sont. Rappelons que l’Assemblée de Bretagne a comme principe de rassembler dans une même unité la Région et les 5 départements bretons, les élus départementaux étant intégrés à la Région, les départements subsistant encore pour une période transitoire.
Il n’a pas répondu sur le vœu voté par la Région, et concernant un éventuel statut particulier, il s’est montré très sceptique : les Bretons peuvent encore attendre longtemps, lance-t-il au public. Le terme différenciation lui semble ne plus être très à la mode. Pourtant, c’est bien cette perspective qu’il préconise. A l’occasion d’un vote pour une modification de la Constitution, notamment concernant la Nouvelle-Calédonie, il suffirait de modifier l’article 72 pour que les collectivités territoriales puissent choisir à la carte leurs compétences, choix qui devraient être validés en dernière instance par un vote au Parlement. Jean-Jacques Urvoas, ancien garde des Sceaux et ministre de la Justice, Professeur de droit public à l’Université de Bretagne-Occidentale à Brest, serait à même de faire la bonne rédaction de cette modification. De plus, toujours selon le président de la Région Bretagne, il aurait l’oreille du gouvernement. Rappelons qu’il est l’auteur du très bon livre «Pour une Assemblée de Bretagne» édité en 2014.
Mais attention, dit Loïg Chesnais-Girard, de ne pas aller trop loin pour ne pas gêner les Corses qui n’ont pas manqué de lui dire : si vous en rajoutez pour la Bretagne, cela va faire peur au gouvernement français. Ouf, la salle des élus communaux a été tout de suite rassurée. En substance : « Ah oui, il ne faut pas trop en demander, il est urgent d’attendre » .
Loïg Chesnais-Girard tient un discours sur l’autonomie tout à fait positif, mais ne préconise d’aucune manière une autonomie pour la Bretagne. C’est toujours la différenciation valable pour toutes les Régions françaises qui a sa préférence. Côté Région donc, il semble qu’il n’y ait plus grand-chose à attendre, sinon des beaux discours.
Aux Bretons qui demandaient au 19e siècle qu'on enseignât aux enfants à lire et écrire le breton, il était répondu : inenvisageable, car alors il faudrait autoriser la même chose pour l'allemand en Alsace. LCG n'a plus rien demandé pour ne pas gêner les Corses... qui n'ont rien obtenu pour autant.
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François Le Bott le Vendredi 13 juin 2025 20:59
l ' autonomie sans la loire atlantique ( ou loire armorique ) ?????? mais c 'est n 'importe quoi ! ! ! 44 = BREIZH ! ! !
Si seulement J-J Urvoas pouvait nous expliquer pourquoi le CD 44 a pu dépenser 75 000 euros pour une étude d'impact sur la Réunification, pourquoi le département d'Alsace a pu organiser une pétition en ligne sur sa sortie du grand est, alors que la justice administrative déclare les départements totalement incompétents sur ces sujets (pour ne pas leur reconnaître le droit d'organiser un vote consultatif de leurs électeurs sur leur demande de modification territoriale).
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De Anne Merrien à Anne MerrienLe Vendredi 20 juin 2025 15:33
A l'exemple de l'Alsace, le CD 44 pourrait organiser une consultation en ligne sur la Réunification !
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KLT le Samedi 14 juin 2025 14:56
Loig Chesnais-Girard réussit un incroyable tour de force : nous faire quasi-regretter la non-fusion B4-PdlL...peut-être est-il là pour cela en fait ?? Totalement transparent, lénifiant (pour ne pas dire somnifère), sans envergure, il est bien à l'image de le Bretagne de 2025. Entouré de ces "Parlons Bretagne" "Causons Bertaigne", c'est littéralement un troll en chair et en os. Françoise Morvan à côté de Loig Chesnais-Girard, c'est du paintball à côté d'une arme de destruction massive.
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JP Touzalin le Samedi 14 juin 2025 15:58
Une piqûre d'épingle de plus pour alimenter la blessure des gentils naïfs qui croient en la capacité des politiciens locaux d'influer positivement sur leur destin breton ! Quand le président de la région administrative "Bretagne" fera-t-il une visite ( de courtoisie ? ) en Loire-Atlantique? En leur demandant "d'attendre"... evel just !!
De Anne Merrien à JP TouzalinLe Samedi 14 juin 2025 19:41
LCG s'était déplacé à Nantes au moment de la publication de l'étude d'impact sur la Réunification, cofinancée par le CR B4 et le CD 44. Mais c'était pour prétendre que l'Etat pouvait organiser un référendum décisionnel en Loire-Atlantique sur la Réunification, ce qui est juridiquement impossible.
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Ted Benoît le Dimanche 15 juin 2025 06:39
@Anne Merrien "pour prétendre que l'Etat pouvait organiser un référendum décisionnel en Loire-Atlantique sur la Réunification, ce qui est juridiquement impossible." Évidemment que l'Etat peut l'organiser. Simplement chaque administration se renvoit la patate chaude jusqu'à ce qu'elle refroidisse ou se perde.
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De Anne Merrien à Ted BenoîtLe Dimanche 15 juin 2025 15:00
La carte des régions est une compétence de l'Assemblée nationale. Les électeurs de la Loire-Atlantique ne peuvent pas imposer leur décision à la souveraineté nationale. Seul un vote consultatif est possible.
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De Anne Merrien à Ted BenoîtLe Dimanche 15 juin 2025 15:39
article 3 de la Constitution : " La souveraineté nationale (ici sur la carte des régions) appartient au peuple qui l'exerce par ses représentants (l'Assemblée nationale) et par la voie du référendum (national !). Aucune section du peuple (les habitants du 44) ni aucun individu ne peut s'en attribuer l'exercice.
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De Anne Merrien à Ted BenoîtLe Lundi 16 juin 2025 11:56
Un référendum national est insécable. La République est indivisible. C'est vraiment le B. A. -BA mais comment expliquer que nos politiciens ou nos journalistes puissent raconter des âneries sans que le moindre juriste ne se manifeste ?
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De Anne Merrien à Ted BenoîtLe Lundi 16 juin 2025 15:45
Cependant, il ne faut pas incriminer les lois : le problème, ce sont nos élus pro-grand-ouest.
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Anne Merrien le Dimanche 15 juin 2025 23:00
Nos élus nous racontent vraiment n'importe quoi à propos de la Réunification. Cela promet si jamais l'Etat leur accordait plus+ d'autonomie !
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Naon-e-dad le Lundi 16 juin 2025 11:15
Cette question d’autonomie (ou de régionalisation effective), c’est un peu comme le budget de l’Etat, dans un autre domaine (quoi que...). . Cela fait des décennies que les élites ont conscience de cette nécessité, que l’on en parle... . Cela fait des décennies aussi que l’on assiste à une défausse quasi-systématique de la part des responsables politiques. . De Gaulle avait bien senti les choses à la fin des années soixante. Il a été désavoué (sur une question à double clef, lors du référendum de 1969) pour d’autres raisons. . Depuis lors, l’on attend la remise en route de la machine, dont le moteur a calé. . Car oui, tout le monde sait qu’il y a quelque chose à faire dans ce système apparemment auto-bloquant. Tous les responsables politiques pensent (ou donnent à penser, par leur attitude) : « C’est urgent certes, mais pas maintenant ! Pas pour moi, enfin pas tant que je serai en poste ou en situation d’acteur... ». . Comme dans les conflits inextricables, surgis ailleurs, pas trop loin, sur la planète, il semble ne pas y avoir de solution à vue humaine. . Jusqu’à ce que l’imprévu s’invite et surgisse à brûle-pourpoint dans l’Histoire. A brûle-pourpoint. . Pa ne vez ket digor an nor war-zu un dazont da ijinañ ha da sevel... Petra a c’hello c’hoarvezout ? Ha pegoulz ? Den ne oar....
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De Anne Merrien à Naon-e-dadLe Mardi 17 juin 2025 12:56
La régionalisation de 1969, c'était encore B4 et PDL. Les Bretons avaient voté oui.
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Naon-e-dad le Lundi 16 juin 2025 11:40
@Anne Merrien . Le département d'Alsace? . Tiens, il me semblait que l' « Alsace » comportait deux départements: le « Haut-Rhin » et le « Bas-Rhin »? . Les Alsaciens aurait d'ailleurs été bien inspirés de les fusionner pour en faire précisément un département Alsace, quand il était encore temps. C’est-à-dire avant la calamiteuse réforme Hollande. . Depuis j’ai cru comprendre qu’ils essaient de mettre en place une pseudo-structure appliquée au territoire alsacien historique (globalement, entre Rhin et Vosges). . Ai-je raté une information quelque part ?... . Departamantoù, rannvroioù ? Ya, mes gant ma glotfe gant istor, douaronieh ha poblañsoù
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De Anne Merrien à Naon-e-dadLe Lundi 16 juin 2025 16:29
Les élus alsaciens se sont plaints de la réforme Hollande auprès du Conseil de l'Europe. Car - chose incroyable - la France a ratifié la Charte européenne de l'Autonomie locale. Tout juste élu, Macron a alors fait un geste en créant la collectivité européenne d'Alsace en fusionnant les deux départements, tout en les maintenant dans le grand est. Il s'est trouvé des élus de chez nous pour y voir un modèle : faire fusionner les cinq départements bretons en un seul immense, pour former le grand ouest avec quatre autres départements de taille habituelle.
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De Anne Merrien à Naon-e-dadLe Lundi 16 juin 2025 16:50
Comme en Corse, les deux départements ont fusionné en une collectivité unique, tandis que les deux circonscriptions administratives de l'Etat (les préfectures) sont maintenues.
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De KLT à Naon-e-dadLe Mercredi 18 juin 2025 17:12
Je ne vois pas en quoi former 1 seul département à la place de 2 pour des petites communautés géographiques empêcherait d'être englobé dans une région Grand-Est...bien au contraire !? La création de deux départements en Corse au lieu du seul et unique originel (numéroté 20) est d'ailleurs liée à la séparation de la Corse de la Région Provence-Alpes-Corse qui était prévue !!
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Anne Merrien le Mercredi 18 juin 2025 19:54
Les élus alsaciens se sont plaints au comité des régions du Conseil de l'Europe pour contester l'ensevelissement de leur région dans un grand machin, sans consultation de la population. Pas pour demander à fusionner les deux départements. Ce fut une mesure de consolation pour faire réapparaître l'Alsace. Comme Macron a un discours européen, il ne pouvait pas ne pas tenir compte un minimum des reproches du Conseil de l'Europe, qui siège à Strasbourg. Petite remarque : aux dernières nouvelles, c'est l'ancienne maire de Morlaix qui représente la France dans ce comité des régions.
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Anne Merrien le Mercredi 18 juin 2025 20:41
Les élus bretons auraient pu de même contester l'abrogation du droit d'option auprès du Conseil de l'Europe. Droit d'option qui découlait justement de la ratification de la Charte européenne de l'Autonomie locale. Mais encore aurait-il fallu que nos élus soient favorables à la Réunification, ce qui n'a jamais été le cas.