"Nous construisons un système nerveux planétaire"__Tim Barlow
"Nous construisons un système nerveux planétaire"__Tim Barlow

Avec l'avènement des réseaux sociaux, l'envers de la médaille internet est finalement apparu via les fakenews, la désinformation, le message viral, les manipulations de l'opinion, la propagande...

Dans son numéro de début novembre, l'hebdomadaire The economist titre carrément Social média threat to democracy. Un des articles rapporte que Facebook admet que 146 millions d'Américains auraient vu des désinformations venant de Russie pendant les présidentielles américaines. Youtube admet que plus de 1000 vidéos seraient venues de Russie pendant la même campagne. Les débuts de l'internet ont été marqués par une euphorie générale du genre de celles qui accompagnent les grandes révolutions technologiques. Je me souviens, alors travaillant en Californie et me trouvant par chance au coeur de cette Silicon Valley, pionnière de tant d'innovations, de la phrase de Tim Barlow, un compositeur de chansons pour le band The Gratefull Dead et grand évangeliste du World Wide Web, qui faisait cette prédiction en partie réalisée : "Nous allons construire un système nerveux planétaire" ... Il faut le rappeler,le mouvement breton dans son ensemble a grandement bénéficié de la révolution internet.Tout d'abord avec le développements de webmédias parallèles à la presse régionale et nationale, ensuite avec la présentation de l'histoire de Bretagne à tous sur de nombreux blogs et sites spécialisés, sans parler de cours de breton en ligne et de MOOCs. Mais avec l'arrivée des réseaux sociaux, une autre dimension est apparue. Les tweets de Donald Trump sont analysés par la terre entière et sujets de réactions en temps réel. Google a indexé des milliards de pages web et les surveille plusieurs fois par jour avec des robots appelés bots. Google possède un million d'ordinateurs connectés à l'internet pour y stocker tout ce qui s'écrit, se dit, se voit et le rendre accessible à l'humanité entière presque en temps réel. Mais avec l'avènement des réseaux sociaux, l'envers de la médaille est finalement apparu via les fakenews, la désinformation, le message viral, les manipulations de l'opinion, la propagande jihadiste. Certes nous avons construit un système nerveux planétaire mais comme tout système nerveux il peut être induit en erreur d'autant plus qu'il n'y a pas de cortex centrale. Nous avons construit un système nerveux sans intelligence propre et donc sans esprit critique doté de raison ! Si l'intelligence existe, elle est totalement répartie et démocratisée, émiettée dans un égalitarisme ou l'avis d'un journaliste pro ou d'un prof d'université à autant de valeur que le commun des mortels. Tous les comptes ont le même poids ou plutôt un poids dont le seul critère est le nombre d'amis ou d'abonnés. Pire, les profils des utilisateurs peuvent être complètement inventés dans le cadre de la dictature de l'anonymat et de la liberté d'expression la plus totale. Un cadre propice à l'irresponsabilité ? Avant les réseaux sociaux, on partageait seulement des informations sur des sites webs principalement statiques ou évolutifs comme wikipedia. Ce qui est nouveau avec les réseaux sociaux c'est le partage des émotions. Avec facebook ou twitter on partage des émotions avec la terre entière et les émotions peuvent être manipulées encore plus facilement que les informations. Si on peut rectifier une désinformation, il est impossible de changer après coup des émotions ressenties, elles laissent des traces qui peuvent finir dans des urnes. Le système nerveux que nous avons construit va-t-il avoir besoin d'une intelligence globale ? La responsabilité de le développer reste entre les mains de chercheurs comme Yann Le Cun, le directeur de la recherche en AI chez Facebook, et aux autres chez Google, Apple et autres géants de l'internet. Cette intelligence artificielle devra être universelle mais comprendre le local et devra avoir dans son cerveau numérique les droits fondamentaux des individus et des peuples en plus de pouvoir vérifier toutes les affirmations historiques ou scientifiques. Oui hardcodés au plus profond des machines. Philippe Argouarch Modifié le 25 novembre