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- Chronique -
Les supplétifs du préfet accueillent leur oligarque en chef
A Saint Brieuc 600 maires "bretons" accueillent le président Macron dans une attitude de soumission dite"républicaine" peu commune et aux antipodes des élus alsaciens ou corses. Que se passe-t-il en Bretagne ?
Par Alan-Erwan CORAUD pour alan coraud le 5/04/19 10:26

Les supplétifs du préfet accueillent leur oligarque en chef

Ce mercredi 3 Avril, les maires de la Région d’État de Rennes étaient 600 venus à Saint Brieuc écouter le président Macron. Nous avons lu leurs doléances, nous avons vu cet alignement d’écharpes tricolores, tels des petits soldats sagement alignés. Me vient alors en mémoire le discours du préfet de Loire-Atlantique qui recevait dans l’amphi d’Audencia Business School à Nantes, les 105 nouveaux maires de ce département – sur 214 à l’époque- . Nous étions en 2008 et j’étais un de ces nouveaux maires. Le discours que nous avait tenu ce préfet, je l’ai toujours en mémoire et pour cause ! Je ne pense pas qu’un proviseur aurait pu imaginer un seul instant tenir de tels propos devant ses élèves, être aussi suffisant face à ses potaches. A l’évidence nous étions ses choses, ses commis et nous nous devions de l’écouter nous rappeler nos devoirs par rapport à l’État, à la république.

Représentants de l’État dans les communes

Nous étions « les représentants de l’État dans nos communes » et à ce titre les relais nécessaires de l’administration préfectorale.

Un grand silence régnait dans l’amphi. A la fin de son long monologue il dénia enfin nous demander si nous avions des questions. Un long silence s’en suivit et je demandais la parole, au grand étonnement de mon voisin, nouveau collègue de mon canton-EPCI qui me dit « Mais si il va oser ». Je demandais pourquoi le dossier du parc éolien prévu sur ma commune était bloqué depuis 1an ½ dans ses services. Puis, je lui rappelais notre volonté, à nous les maires de Loire-Atlantique, de voir la réunification de la Bretagne se faire, ceci en argumentant un peu.

Sa réponse pour le dossier des éoliennes était de me rapprocher de son directeur. Sa réponse au sujet de la réunification fut à la hauteur de sa fonction. Sujet qu’il jugea non prioritaire et il pensait que je n’avais pas été élu pour cela.

Au cocktail qui s’en suivit un sous-préfet avec son épouse m’interpela avec un sourire plutôt affable en ces termes : » Ah, c’est vous le maire qui voulait des drapeaux bretons sur vos éoliennes ».

Alors, lorsque je vois ces maires bretons qui se complaisent dans une attitude de supplétifs de l’État, je ne suis pas surpris.

Des doléances régressives

Mais, le plus désolant, c’est le contenu de leurs doléances. D’une timidité rare, pire ils appellent au retour d’un pouvoir renforcé du préfet qui « devrait centraliser toutes les administrations », être le chef d’orchestre en fait. En cela ils sont sur le même registre que R Ferrand qui, dans un long entretien dans les Echos, dit vouloir redonner un rôle central aux préfets et sous-préfets.

Ces maires sont une honte pour la démocratie, valeur universelle.

Mais aussi, pour notre Pays, pour notre Peuple. Nous pourrons toujours batailler pour nos libertés bretonnes, si nos élus sont dans une telle soumission c’est peine perdue. Quelle différence avec les élus Corses qui, excepté quelques harkis, vont rester chez eux, jugeant sans intérêt la venue de l’oligarque républicain français !

La dictature soumet par la peur, la France soumet par l’argent.

Grâce à ABP nous avons connaissance depuis des années de l’importance des subventions distribuées aux médias. Les indemnités des élus participent aussi à ce contrôle étatique.

Il est assez facile à un élu local de percevoir de 2500 à 5500 euro. Nous avons donc des personnes payées de 1200 à 1800 euro dans leur emploi qui du jour au lendemain voient leurs revenus doubler ou tripler. Alors que les personnes brillantes sont de moins en moins attirées par la chose publique, d’autres, souvent ternes, peu cultivées, mais bons petits soldats d’un parti français, trouvent dans la fonction d’élu un moyen d’accéder un peu à une certaine réussite. Les indemnités d’élus sont les plus fortes d’Europe. Afin de ne pas être dépendant de ces émoluments j’ai toujours maintenu au mieux mon entreprise. Heureusement, car, comment s’en étonner, je ne fus pas réélu !

Ceci dit les 14 milliards de subvention et autres aides distribués aux entreprises chaque année représentent aussi une sacrée dépendance.

Un député d’ailleurs, bien naïvement déclara : « Pourquoi distribuer 14 milliards d’aides aux entreprises, le plus simple serait de diminuer de 14 milliards les charges ? ».

Naïvement ? Bien sûr, car tout le monde ou presque comprend que c’est un outil formidable de dépendance au système politique, au système étatique.

D’une grande injustice de plus, puisque l’entreprise qui ne perçoit rien peut subir une concurrence déloyale de ses concurrents richement aidés.

Ne parlons pas, bien sûr, de cette myriade d’associations qui ne vit qu’avec l’argent de l’État. Nous passerons aussi sur le système du CNC –Centre National du Cinéma- qui au nom de l’exception culturelle française abreuve à l’envie des cinéastes sans scénario, des acteurs sans talent pour des films qui souvent ne sortent jamais en salle.

Avachissement du monde électif breton ?

L’aspect financier est-il le seul élément de réponse à cet avachissement du monde électif breton ?

D’autres que moi ont tenté de répondre à ce syndrome breton.

La faillite programmée du système étatique français, son actuelle fragilisation, la perte de sa superbe, sont autant d’opportunités, d’ouverture pour avancer dans la voie de notre émancipation nationale. Mais le courage aujourd’hui n’est-il pas d’aller à la conquête de nos villes, petites, moyennes ou grandes en travaillant à la composition de listes bretonnes afin de remplacer tous ces supplétifs qui font honte à la Bretagne et pire, qui créent cette fracture entre la société civile et le monde des élus, devenu une caste locale de valets locaux au service de la nomenklatura française ?

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