Ressusciter ces femmes qui n'ont pas écrit leur vie, qui n'ont pas parlé d'elles... Alors, comment parler de cette mémoire collective, de ces hommes et de ces femmes qui riaient de les voir tondre, de ces destins difficiles, pour elles, leurs enfants ? Comment faire le lien avec les chevelures de ces femmes que l'on cache, que l'on coupe, avec le corps des femmes tout simplement, objet de convoitise mais aussi territoire à conquérir, à soumettre, juste après la victoire du vote des femmes, les grèves de la faim des suffragettes, les droits élémentaires de la moitié des êtres humains sur cette planète ?
La mise en scène est sobre, les tableaux différents, les acteurs incarnent des rôles étonnants (le petit fils qui revient sur les traces de sa grand-mère tondue, la vieille dame qui retrouve à Quimperlé les traces de Lili, sa meilleure amie, tondue, et la jeune fille qui elle aussi découvre un secret de famille...).
La compagnie "les Arts Oseurs" vient du centre de la France, c'est leur deuxième partenariat avec les Rias. Le premier parlait des Français des banlieues, dans "Carnet de Famille". Avec les Tondues, la metteure en scène, Périne Faivre, a écrit un très beau texte. Pour elle le théâtre de rue, en ces temps hypersécuritaires est devenu un "vrai sport de combat".
Un très bel hommage à la vie, à ces femmes, et un appel à la vigilance, à l'avenir de nos choix et de nos engagements...