Lettre ouverte aux délégations au sommet de la Francophonie à Bucarest
OBJET : XIe sommet de la Francophonie Bucarest 28 et 29 septembre 2006.
Madame, Monsieur,
EBLUL-France est la section française du Bureau européen des langues moins répandues (European Bureau For Lesser Used Languages), ONG qui fédère les associations représentant les langues autochtones de France (alsacien, basque, breton, catalan, corse, occitan, langues du domaine d’oïl…) et qui défend la diversité culturelle et linguistique en France comme dans le monde. Notre démarche prend appui sur la Charte de la Francophonie adoptée le 23 novembre 2005, qui affirme en son article 1 que la Francophonie « a pour objectif d’aider : à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention, à la gestion et au règlement des conflits et au soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’Homme ; à l’intensification du dialogue des cultures et des civilisations ; au rapprochement des peuples par leur connaissance mutuelle… » Nous ne voulons nullement porter préjudice à la francophonie (dont nous faisons également partie), mais nous demandons que ses actes soient cohérents avec son discours, c’est à dire avec le respect des langues et cultures, et avec les droits de l’homme. Le respect de l’identité culturelle et linguistique des personnes et des peuples en fait aujourd’hui partie intégrante. Les « Français de l’intérieur » comme ils sont parfois appelés, par différence avec ceux des périphéries, sont les uniques francophones monolingues. Nous autres, Alsaciens, Bretons, Basques, Catalans, Corses, Occitans….habitants des départements ou territoires d’Outre-Mer partageons avec vous une situation de bilinguisme, et même souvent de plurilinguisme, même si, en France, les bilingues sont de moins en moins nombreux tous les jours du fait de la politique d’éradication linguistique menée avec une grande constance depuis près de deux siècles par les différents régimes français successifs. Il est vrai que le fait que la majorité des Français soient devenus monolingues et vivent dans un Etat dont la doctrine officielle nie les minorités linguistiques et les droits de ceux qui en font partie, les enferme dans une exception linguistique et culturelle exclusive. Ils ne peuvent comprendre l’intérêt qu’il y a à faire vivre une richesse linguistique.