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Quelle allégeance ?
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- Chronique -
Livre : Yvon Ollivier donne le coup de grâce au PS en Bretagne
La "Lettre à Ceux qui ont renoncé à la Bretagne" est un livre courageux qui ne plaira pas à tous mais qui rappelle les faits, les mensonges et les trahisons ainsi que ses mécanismes.
Par Philippe Argouarch pour ABP le 22/09/19 15:58

C'est dans une lettre ouverte de 125 pages éditée par Le Temps Éditeur et préfacée par Yannig Baron, que le juriste et écrivain Yvon Ollivier dénonce Ceux qui ont renoncé à la Bretagne et tout particulièrement les élus du PS dont plusieurs centaines sont toujours en poste partout en Bretagne dans des Conseils municipaux ou départementaux. Ces élus continuent à courir comme des autruches sans têtes, du moins jusqu'aux prochaines municipales où le dégagisme ambiant va faire un grand ménage.

La liste est longue

couverture

Avant de dénoncer, Yvon Ollivier énonce. ll énonce tous les coups tordus de ce parti dont les mensonges et les vaines promesses aux Bretons marqueront l'histoire de la Bretagne des 40 dernières années. On sait maintenant que ce "régionalisme" de parole n'avait pour but que d'assurer le vote des militants et sympathisants de la cause bretonne au second tour des élections. Ces 5% qui faisaient que les résultats passaient à gauche plutôt qu'à droite et vice-versa, car le camp opposé a aussi souvent joué cette carte. Des municipales aux présidentielles, il fallait flatter et promettre.

C'est vrai que Mitterrand a, en 1981, stoppé la centrale nucléaire de Plogoff comme il l'avait promis dans sa campagne mais en même temps il a renoncé à la réunification aussi pourtant promise. Ensuite les trahisons de nos chers élus et leur silence complice, s'empilent. Pour ne citer que quelques-uns des tours de cochons du PS, on citera la déclaration des maires, tous socialistes, de Brest, Rennes, Saint-Nazaire et Nantes, en faveur d'un Grand-Ouest, pourtant rejeté massivement dans les sondages par l'ensemble des Bretons : " le 26 mai 2014, nos édiles socialistes des grandes métropoles bretonnes : Rolland de Nantes, Appéré de Rennes, Cuillandre de Brest et Samzun de Saint-Nazaire nous servaient le traditionnel Grand-Ouest pour faire barrage à la réunification". La réforme territoriale de 2014,qui d'ailleurs n'était pas dans le programme de François Hollande, piétinera le voeu des Bretons allègrement sans aucune protestation de nos élus. A noter aussi que sous Sarkozy en 2009, le maire PS de Nantes, Jean-Marc Ayrault, avait fait effacer du rapport ''Balladur'' la réunification de la Bretagne. On a affaire là à de l'acharnement anti-breton.

Le Drian, le marchand de canon numero uno de la République, depuis les frégates de Taiwan fabriquées à Lorient où il était maire et député à la Commission de la Défense de l'Assemblée Nationale, jusqu'aux Rafales aujourd'hui, qu'il offre à tous les pays qui pourraient se les payer, n'est pas épargné. Le ministre s'est vanté d'avoir mis sur le tapis sa démission lors de la réforme territoriale de 2014 "pour éviter le Grand-Ouest" -- sauf qu'il n'a pas eu le courage de demander la réunification à son copain François Hollande. C'était pourtant sur ce terrain qu'il devait mettre sa démission en jeu ! Les marchands de canons ne sont jamais en première ligne. Pour Le Drian, la réunification, la langue bretonne ou la décentralisation, on en parlait uniquement quand on était dans l'opposition. Ces sujets furent pour lui des marche-pieds vers le pouvoir, le camp des "progressistes" n'étant pas toujours majoritaire et il fallait gagner.

Hep brezhoneg, Breizh ebet

En ce qui concerne le conseil régional dominé par les socialistes depuis 15 ans, Ollivier dénonce la mise sous tutelle du Conseil Culturel dont les membres sont nommés. Il dénonce aussi l'abandon de la langue bretonne avec un budget des plus ridicules qui devrait être 10 fois plus important et, selon l'auteur, la priorité des priorités : "le budget consacré à la langue bretonne reste de l'ordre de l'insignifiant : moins de 1% du budget pour une affaire aussi importante qui consiste à sauver sa langue. Le minimum eut été de consacrer 10%". Il dénonce la lâcheté des élus au CR car "si le cadre est étouffant et ne permet pas à la Bretagne de préserver ses fondamentaux, eh bien il revient à ses élus d'ouvrir les brèches". On pense tout de suite au maire de Langouët interdisant les pesticides près des habitations de sa commune par delà la loi en vigueur. Ollivier demande des maires de cette trempe pour la promotion de la langue bretonne plutôt qu'un maire de Telgruc complice de la francisation tous azimuts. Il n'y aura-t-il personne pour reprendre la combativité d'un Yannig Baron, auteur de quatre grèves de la faim en faveur de la langue bretonne dont une à 70 ans ?

Les mécanismes subtils de l'asservissement

Yvon Ollivier dénonce ensuite les mécanismes du renoncement. Il observe les méthodes qui consistent à faire "de la victime un complice de son asservissement".

Celui qui veut renoncer trouvera toujours de bonnes raisons pour couvrir sa démission. C'est humain. La résistance est bien plus complexe à assumer, car il faut sans cesse remonter la pente. Il faut faire preuve d'abnégation et de lucidité pour dévoiler les artifices et faux-semblants qu'utilisent toujours les dominants dans l'art subtil de la fabrication du consentement de leurs victimes.__Yvon Ollivier

Un livre courageux qui ne plaira pas à tous mais qui rappelle les faits, les mensonges et les trahisons ainsi que ses mécanismes. Le texte est écrit sans convolutions dans un langage simple et clair quasi journalistique.

Seulement 9,50 euros.

Cet article a fait l'objet de 1774 lectures.
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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 6 commentaires
Fañch Ar Vilin Le Lundi 23 septembre 2019 11:30
Yvon Ollivier met noir sur blanc ce que beaucoup pensent et disent depuis des décennies. Car peu de temps après l’élection de Mitterand en 1981, et sans doute avant, les nationalistes bretons et autres militants culturels avaient déjà compris que la Bretagne n’aurait jamais droit à sa « Réparation Historique ». C’était déjà du pipeau. D’où la naissance de mouvements comme Stourm Ar Brezhoneg.
Cet excellent ouvrage lucide et courageux d’Yvon Ollivier est à lire et à faire lire avant les prochaines élections.
Il manque peut-être un chapitre à écrire sur la collaboration bretonne, les « régionalistes » individus ou groupes politiques qui ont participé, et pour certains qui continuent à participer, à cette mascarade pour de basses considérations d’intérêt personnel. Ils ont entretenu l’illusion et saboté la possibilité de construire un front breton uni sur les points essentiels qui aurait sans nul doute permis des avancées précieuses pour la Bretagne.
Ils ont une grosse part de responsabilité sur l’état actuel de notre pays gravée à jamais dans notre histoire et il faudra aussi s’en souvenir dans les combats à venir.
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Rafig Le Lundi 23 septembre 2019 12:52
De mémoire , en 2004
Sondage des habitants du 44 : 70 % pour la Réunification de la Bretagne.
Consultation de la fédération PS 44 : 60 % contre.
Donc, l'on constate un décalage total entre le peuple et le P.S. (qui est censé représenter le "peuple") !
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Anne Merrien Le Lundi 23 septembre 2019 17:20
Je n'ai pas encore lu ce livre.
En 2015, Georges Cadiou avait puplié un ouvrage du même genre, "La gauche et la revendication bretonne", avec en prime sur la première page, un dessin de Nono : la rose au poing y étouffait à la fois un militant de la réunification et une bigoudenn lâchant quelques mots de breton. Plus il y avait de ministres bretons et moins les problèmes spécifiques à la Bretagne étaient résolus...évidemment! A l'heure du bilan, le constat est sans appel.
Rien ne prouve cependant que cette trahison de la Bretagne soit la source du désamour des Bretons pour le P.S. C'est un phénomène plus général. Et les remplaçants ne vaudront guère mieux...Tout au plus peut-on espérer que l'atténuation du clivage droite/gauche recentrera les problématiques sur la Bretagne.
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Burban xavier Le Mardi 24 septembre 2019 21:27
Le PS c'est le passé et le passif (au sens propre et figuré ) .120 élus de La Rem sont issus du PS , tenu de camouflage oblige les recettes identiques , du réformisme pour le plus grand nombre (retraite, sécu , impots...) la loi du marché a achevé le "parti des idées" si tant est qu'il en ait eu une fois au pouvoir .... Centraliste - Jacobin dans "l'hexagone" , universel "pour le monde" du fait de la Déclaration des Droits de l'Homme " idéal je conviens pour l'humanité mais le réalisme politique et ses combinaisons l'ont emporté ! Du rose fushia , au rose bonbon puis au rose pale !
C'est la sociale démocratie et libérale image se reflètant dans le miroir de la droite classique et bourgeoise .... Les militants socialistes de base ont été pour leur frais les cochers qui dirigent l'attelage ont viré en direction des mirages de la finance . De grandes idées lors des programmes électifs ( mais depuis des années le terreau est sec) , hélas de petites réalisations pour le peuple .La Bretagne n'a rien à attendre de ceux là !
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Jacques Le Mercredi 25 septembre 2019 12:22
Ne sommes nous pas en train de tirer sur ceux que nous allons élus depuis plus de 40 ans alors même que nous clamions de manière condescendante qu'il s'agissait du ''camp du bien''...?
On pourra prétendre qu'ils nous ont trahi mais personnellement je pense que c'est surtout notre hypocrisie qui est devenu visible par l'effondrement non prévue du PS et de ses valeurs qualifiées sans vergogne de sociales et d'humanistes.
Le problème de la Bretagne n'est pas ses élus jacobins de gauche, le problème de la Bretagne est que ses militants mettent en avant des valeurs nombrilistes bon marché par défaut de valeurs collectives nationales courageuses.
Avons-nous un parti breton social-démocrate?
Avons-nous un parti breton libéral?
Avons-nous un parti breton conservateur?
Avons-nous une coalition des partis politiques bretons face aux partis jacobins?
Non, nous n'avons rien... seulement une gauche bretonne bien pensante excluant avec violence ceux qui ne pensent pas comme elle mais toujours en recherche d'alliés parisiens dans l'espoir futile de voir sa vassalité être récompensée.
Le mouvement breton est-il ''démocratique'', c'est à dire acceptant la notion de ''souveraineté du peuple''...? Personnellement, je ne le pense pas car je ne vois rien de cela en pratique.
Les citoyens bretons sont-ils démocrates, personnellement je le pense (leur histoire parle pour eux au delà de leur silence actuel) mais ils sont complexés par l'exercice de leur souveraineté tant par l'absence de pratique réelle récente que par l'image donnée par le mouvement breton.
Les vraies ''heures sombres'' du mouvement breton ne sont pas à rechercher dans les années 40, mais plus à mon sens dans les années 80 à 2010.
Jamais le Mouvement Breton n'a été aussi décalé du peuple... donc de la notion de souveraineté de celui-ci. Or l'acceptation de la souveraineté du peuple est le préalable premier au concept de démocratie.
Laissons nos élus jacobins tranquilles (ils ne font rien d'autres que ce qui est leur manière de penser)...
=>Le vrai sujet n'est-il pas de mettre à leur place des élus bretons démocrates (réalisant la volonté du peuple)???
Sauf que cela ne se fera pas avec la manière actuelle de penser qui nous a fait voter depuis plus de 40 ans pour des jacobins!
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jo charruau Le Jeudi 26 septembre 2019 12:13
Le résumé d'Yvon Ollivier sonne vraiment juste. Tout est politique. Je n'ai pas encore lu le livre . Habitant la campagne nantaise, il y a toujours des réseaux influents et centralisateurs derrière les gens au pouvoir que ce soit au niveau européen , français et aussi dans nos grandes villes y compris bretonnes. Ex: le Siècle, le groupe Bilderberg, etc. Dans ces castes au fonctionnement opaque, les franc- maçons, par exemple sont minoritaires mais ils occupent les postes-clés. les élus passent, les hauts fonctionnaires formatés au jacobinisme s'accrochent à leur poste d'autant qu'ils ont profité de la cooptation. Ces réseaux d'influence ont suppléé les partis classiques de gouvernement tels LR et PS qui vont sûrement souffrir aux prochaines élections. Et les autres ne valent pas mieux dans leur tour d'ivoire, imperméables qu'ils sont quand aux réclamations du peuple y compris le peuple breton.
En poursuivant ce raisonnement, la dernière réforme territoriale a été élaborée autour de Paris Ile de France et des grandes métropoles, là où se situent encore ces réseaux influents avec leurs fantasmes issus du 19 ème siècle.
Deux solutions pour avancer dans la réunification de la Bretagne : les infilter ou renforcer les réseaux existants en les ouvrant aux élus, aux économistes, aux environnementaux, aux intellectuels, aux manuels et aux campagnards dont je fais partie, aux urbains, etc... Dans la pratique "Produit en Bretagne" est un réseau économique bienfaiteur qui s'affirme grâce au bouche à oreille.
Le moment est venu de s'entretenir intelligemment avec les candidats des prochaines élections municipales de nos villes et villages , le mail à distance c'est bien mais rien ne vaut, à mon avis, le contact humain.
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