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- Editorial -
Plus de détails sur ce qui s'est passé à la manifestation des Bonnets Rouges à Brec'h
Lors de la réunion tenue à Auray, le 14 février, entre les autorités policières et les organisateurs, il était prévu que, comme à Pont-de-Buis, les manifestants avec bonnets rouges seraient maintenus, le lendemain, à distance du portique écotaxe de Brec'h.
La Rédaction pour ABP le 19/02/14 17:14

Lors de la réunion tenue à Auray, le 14 février, entre les autorités policières et les organisateurs, il était prévu que, comme à Pont-de-Buis, les manifestants avec Bonnets rouges seraient maintenus, le lendemain, à distance du portique écotaxe de Brec'h, mais qu'eux et leurs véhicules pourraient occuper pacifiquement la quatre voies à partir de l'échangeur de Landaul, des glissières de sécurité devant être démontées pour les manoeuvres de retour. Les Bonnets Rouges avaient prévus d'y pique-niquer. Une petite minorité d'environ 10% était disposée à narguer les forces de l'ordre, car, soit la jeunesse, soit, les expériences précédentes pouvaient donner envie de ne pas rester sans rien faire ( voir l'article ).

Ambivalence des autorités

La question du comportement des autorités peut être posée à partir de quelques faits indiscutables :

Le départ de l'aire de co-voiturage de Poulvern, en Landaul, était annoncé depuis deux jours comme devant être fait à midi, mais, il a été demandé aux organisateurs de le retarder de 45 minutes.

A l'heure indiquée, surprise, quelques gendarmes veulent s'opposer au départ du long convoi de camions. La détermination courtoise d'une quarantaine de Bonnets rouges force alors les autorités à respecter leur parole.

Les Bonnets rouges se mettent en place à partir de 13 heures 15, et installent, comme prévu, un appareil à barbecue, mais, autre surprise, les grenades lacrymogènes pleuvent dès 14 heures 20. Ce ne sera pas continu, d'autant que le vent disperse les gaz assez vite et qu'il est facile de les envoyer dans le fossé.

Agressivité et provocations policières

A partir de 15 heures, les choses sont plus chaudes avec des tirs de flash-balls, et, aussi, des petites violences qui ne peuvent avoir été faites qu'avec l'assentiment du préfet. Thierry Merret, leader agricole très connu et aisément identifiable, et un de ses proches sont matraqués à froid, ainsi qu'un homme de 70 ans, alors qu'ils cherchaient à parler avec le colonel de gendarmerie. Difficile de plaider la bavure policière.

Peu après, un manifestant est blessé à la jambe, alors qu'il se retire du front qui n'en est pas vraiment un, tandis qu'un autre est assailli par une dizaine de CRS qui lui coincent le bras contre une glissière de sécurité (10 jours d'ITT). La victime a contacté l’ABP pour dire que des gaz lacrymogènes ont atteint l’ambulance où il se trouvait !

Il témoigne : "Je me suis approché du barrage pour poser un fumigène et un mobile s'est précipité vers moi, puis un CRS a donné un coup de pied au fumigène, je me suis dégagé, mais 9 à 10 CRS et mobiles m'ont assailli à coup de matraque en m'insultant, alors que je m'étais accroché à la glissière de sécurité (voir la vidéo sur ABP-TV). Mon médecin, qui a vu mon bras enflé et plein d'hématomes m'a dit qu'il avait vu ce genre de dégâts après un accident de voiture, mais, jamais, sur un manifestant brutalisé. Je suis accusé d'avoir allumé des feux et expédié des projectiles, ce que je n'ai absolument pas fait."

Un autre manifestant témoigne : "Je suis intervenu pour les séparer (les CRS de Wolfgang B.), malgré les gaz etc .. Réponse : coup de matraque sur la main et doigt explosé, en reculant, je sens quelque chose sous mes pieds et explosion ! Résultat : jets de projectiles sur les jambes et coupures !!! ... Empêchement de faire venir les manifestants, les agriculteurs qui ont été bloqués, alors qu'on nous avait certifié que tous le monde pouvait venir et que 2 motards étaient partis leurs ouvrir la route !!Violence,violence pour répondre à des jets de patates et d'oeufs !!!". Une grenade a été jetée vers ses jambes.

Presque simultanément, un policier, apparemment perché sur un talus près d'un arbre, vise à la tête, à seulement 5 mètres de distance, un manifestant porteur d'un masque à face transparente, mais, non armé : le plexiglas est fêlé et il est vilainement blessé au front, avec un traumatisme crânien, à deux doigts du coma.

Selon une rumeur non vérifiable, le policier, dont la photo circule abondamment sur les réseaux sociaux, aurait été déplacé hors de la région.

Il faut un quart d'heure pour qu'un chef de groupe des pompiers vienne depuis le côté des policiers et dise qu'il va appeler ses collègues d'Hennebont qui mettront 25 minutes à arriver.

Au passage, il indique que deux policiers ont été blessés. La préfecture n'en mentionnera qu'un seul par un jet de boulon à la cheville, ce qui est peu crédible, une entorse étant plus probable.

Un matériel non proportionné à la menace?

Il est indéniable que trois dizaines de manifestants étaient excités par la simple vue du barrage qui les empêchaient de brûler le portique et que quelques-uns n'avaient pas que des oeufs et des pommes de terre dans les mains, mais, aucun groupe ne s'est livré à un attaque.

Le type de matériel utilisé (catégorie de gaz lacrymogène et flash-ball à canon long) est celui utilisé pour les manifestants armés, ce qui n'était pas le cas.

Il est probable que les Bonnets rouges continuent d'effrayer en haut lieu, non, parce qu'ils seraient tous agressifs et les gendarmes qui sont allés à leur contact avant la manifestation savent qu'ils peuvent en attendre une grande courtoisie, mais, parce les enjeux financiers de l'écotaxe sont importants pour un Etat en faillite (voir le site)

Absence de dialogue

N'étant, ni, un parti, ni une organisation syndicale, mais une addition de collectifs, de toutes classes sociales et pas trop verticalisés, les autorités ont du mal à reconnaitre les leaders des Bonnets Rouges comme des interlocuteurs. Certains aimeraient bien les classer, une fois pour toutes, comme casseurs impénitents ou identitaires violents, mais, ils sont souvent normaux, conviviaux, placides et blagueurs. Ils ignorent ce que leurs voisins ont pu voter et ne s'en préoccupent pas. Les élections ne sont pas un horizon utile aux causes qui les font bouger, puisque l'écotaxe a été voté à l'unanimité de la droite et de la gauche, en 2008, et que le mouvement a cheminé souterrainement pour éclater, il y a 6 mois, à Guiclan (2-08-13) ( voir l'article ).

Manque de transparence des intentions véritables de l'État et silence des élus

Les Bonnets Rouges ont compris dès le début que l'écotaxe a été détournée de sa finalité écologique pour établir un péage universel sur les grandes routes, ainsi que l'avouent, sans vergogne, les publications internes du Ministère des Transports ( voir l'article ).

Généralement, les politiques bretons se taisent, sachant trop bien que certains Bonnets Rouges ont pu être leurs électeurs et qu'on n'attrape pas les mouches avec du vinaigre ( voir l'article ). Un seul, le député socialiste d'Hennebont-Gourin, Philippe Noguès, un ancien de la CFDT, est sorti du bois, après la manifestation du 15 février qu'il juge violente et prend le parti de fustiger les Bonnets rouges en croyant avoir vu une faible mobilisation. Les leaders sont critiqués pour leur «démarche populiste». Il fait appel à une démonstration de l'Histoire qui infirmerait des «propos irresponsables». C'est cette même Histoire qui dira, si les Bonnets rouges se réduisent aux propos de leurs porte-paroles.

Le 1er mars, les Bonnets rouges se manifesteront, de nouveau, publiquement et, le 8 mars, ils tiendront les Etats-Généraux de la Bretagne. Les politiques bretons auront donc encore du grain à moudre, à défaut d'exorciser ce qu'ils espèrent être un fantôme.

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