L'échec évident de la politique linguistique menée par la région Bretagne est la manifestation d'un manque flagrant de volonté politique. Le plus exécrable est ce jeu de dupe que mènent la région et l'Etat français au préjudice des Bretonnes et des Bretons. A la Région, comme du côté de l'Etat, la survie de la langue bretonne ne figure pas au rang des priorités.
Les récents chiffres concernant le nombre d’élèves scolarisés en filière bilingue, qui est tombé sous la barre des 20 000, soulèvent des questions cruciales sur les raisons de cet échec, lourd de conséquences pour la Bretagne. L’importance de cette politique linguistique est évidente pour tous, et pourtant, nous constatons un recul, ce qui remet en question la capacité du pouvoir régional à défendre les intérêts bretons.
Dès la signature de la Convention spécifique sur les langues en 2022, nous avions souligné le déséquilibre flagrant entre l’objectif affiché de 30 000 élèves et l’absence d’engagement précis de l’État à former un nombre suffisant d’enseignants déjà en poste. Pourquoi un tel déséquilibre entre l’objectif et les moyens ? Peu après cette signature, l’État a réduit drastiquement le nombre de postes ouverts aux concours d’enseignants du second degré en langue bretonne, manquant ainsi à ses engagements. La région a-t-elle réagi avec véhémence ? Absolument pas.
Dans un cadre contractuel normal, le manquement aux obligations de l’État aurait nécessité une mise au point ferme, voire une dénonciation de la Convention spécifique par la région Bretagne. Comment espérer que l’État avance sur ce terrain lorsque la Région ne réagit pas à ses manquements ? Nos représentants régionaux et leur président, Loïg Chesnais-Girard, sont-ils de piètres négociateurs ? Je ne le crois pas. Ils agissent au strict minimum dans un système politique qui reste hostile à nos langues.
Ambivalence de la politique linguistique
Le Parti Socialiste en Bretagne a toujours été marqué par une ambivalence entre les vieilles lunes jacobines et les bienfaits de la diversité culturelle. Souvenons-nous de Pierre Maille, maire de Brest, qui affirmait qu'il n'y avait rien à faire pour sauver notre langue. Les défenseurs de la langue bretonne et les associations culturelles sont devenus pour ce pouvoir une clientèle, tout comme les enseignants qui votent traditionnellement à gauche. Bien qu'il soit facile d'évoquer des concepts tels que la diversité et l'altérité, il n'est pas dans la mentalité des membres du PS de défendre le peuple breton ni d'associer ces deux termes.
Le rapport Quernez sur l’autonomie n’est qu’un document flou qui ne mentionne pas la seule justification à l’autonomie : l’existence même du peuple breton. Ce n’est pas la diversité qui justifie la survie de la langue bretonne, mais le peuple breton lui-même. Ce n’est pas au nom de la diversité culturelle que l’on apprend le français aux jeunes de ce pays ; pour nous, Bretons, c’est la même chose.
Une situation insupportable
L’ambivalence caractérise la politique linguistique du Parti Socialiste en Bretagne, qui raisonne avant tout en termes de clientèles. D’où ce jeu de rôle insupportable avec l’État français. La Région fait semblant d’agir en proposant des objectifs élevés, qu’elle sait inaccessibles en raison du manque de moyens. L’État fait mine de consentir, mais n’agit pas. Nos élus dénoncent l’État qui a fauté, mais il s’agit là d’une collusion frauduleuse ou d’un jeu de dupes au préjudice des Bretonnes et des Bretons, orchestré par des acteurs d’un même système de pouvoir.
L’avenir de la Bretagne et la mise en œuvre d’une véritable politique linguistique nécessiteront un véritable tremblement de terre. Il faudra briser ce système de pouvoir pour instaurer un pouvoir réellement démocratique, capable d’agir de manière responsable au nom du peuple breton. La marque de la clientèle, c’est la dépendance. Faut-il rappeler que le peuple ne réagit pas vraiment lorsque l’échec est évident ? Le passage sous la barre des 20 000 élèves aurait largement justifié une manifestation publique pour demander des comptes à Loïg Chesnais-Girard sur cet échec. Au lieu de cela, il n’y a eu presque rien.
Aurions-nous baissé les bras ? Aurions-nous oublié que le principe de la Convention spécifique sur les langues a été acquis grâce à la mobilisation populaire des Bonnets rouges ? Les associations bretonnes fonctionnent désormais sur la base de subventions et ne sont plus en mesure d’exiger de la région une autre politique que celle qui nous afflige. Il est toujours tentant d’espérer que de bonnes relations avec la Région porteront leurs fruits.
Quitter le navire
Le Parti Socialiste excelle dans sa capacité à fidéliser des personnalités fortes qui entretiennent la confiance. La seule critique que l’on pourrait formuler à l’encontre de Paul Molac, inattaquable dans ses convictions, serait de légitimer par sa seule présence avec la majorité au Conseil régional, un pouvoir en faute et de le conforter dans son inaction. Cette situation justifierait pleinement qu’il quitte un navire en perdition, comme l'a fait Christian Troadec.
Alors, on me demandera : que feriez-vous à leur place ? Eh bien, dans le respect du droit, j’aurais ouvert une crise politique avec l’État français en refusant d’assumer les charges de construction et d’entretien des locaux des lycées tant qu’un véritable plan de formation des enseignants en place n’est pas mis en œuvre, au même niveau que celui de la Corse. La même pression aurait été mise sur l’enseignement privé qui se trouve aujourd’hui à la dérive complète sur le terrain de l’enseignement bilingue. On appelle ça la volonté politique qui n’a plus cours en Bretagne depuis si longtemps déjà. Si plus personne n’ignore l’échec de la politique linguistique menée par Loïg Chesnais-Girard, sa responsabilité politique mais surtout historique doit être soulignée avec force désormais. S’il a choisi de se taire, il n’échappera pas à sa responsabilité pour autant.
Yvon Ollivier
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Commentaires (16)
Met evidon-me, ar Vreizhis a zo ken kablus ha Chesnais-Girard. A neb a fell dezhan a c'hell deskin hor yezh, implijout anezhi ar muian posubl, kas ur c'hlemm d'ar rannvro evit goulenn-grons ma vo doujet ouzh ar steunv stad-rannvro, desevel e vugale e Brezhoneg m'a'z eo gouest d'henn ober... Diskouezhomp splann d'an holl, hor youl evit ur brezhoneg bev ha neuze e vimp selaouet. Trist eo da welet disoc'hoù ar votadegoù e breizh. Dilennet e vez gant ar bobl enebourien d'ar brezhoneg ha war lerc'h, an holl a gustum lenvan hag huchal en ur zisplegan ez eo bet touellet gant ar bolitikerien. Poent braz eo d'en em sellet ouzh ar melezour.
A galon.
-la filière électronique / télécommunications avec Lannion et Rennes (Orange)
-la filière numérique à Rennes, y compris la cybersécurité civile et militaire.
-la filière mer à Brest
-l'automobile à Rennes. En 2007, 12 000 salariés travaillaient sur le site de la Janais, moins maintenant, il est
vrai, sans compter la Barre Thomas.
-et, bien évidemment, les très nombreuses implantations des armées :
-région militaire - commandement - Rennes
-marine : Arsenal / base Navale de Brest, Ile longue, Landivisiau, Lann-Bihoué, Naval Group.
-terre : Coëtquidan, Meucon, Vannes
-air : Brest-Loperhet
-gendarmerie : Ecole de gendarmerie de Châteaulin.
Et j'en oublie certainement.
Colette TRUBLET, je vous trouve bien ingrate vis à vis des gouvernements français successifs.
Il reste donc aussi à se demander ce qu'aurait pu faire de cette liste une institution bretonne démocratiquement élue : la Bretagne et les Pays-Bas avaient presque la même population en 1840 (2,86 millions vs 2,60 millions env.).
Aujourd'hui environ 18 millions vs 5 millions ...
Le positionnement géographique : Bretagne = péninsule isolée vs positionnement au coeur des flux économiques (Pays-Bas).
Le développement économique, porté, outre le positionnement géographique, par une "mentalité" très différente liée, notamment, à la religion.
-Pays-Bas (et Europe du Nord en général) : protestants calvinistes = valorisation du travail, légitimation de l'épargne, de l'investissement, morale économique... Développement des activités dans le commerce, la banque...
-Bretagne, France et Europe du sud : catholiques - Diabolisation de l'argent.
Le développement économique des Pays-Bas a d'abord été par une démographie dynamique.
Naturelle dans la première moitié du 20ème siècle, puis par les immigrations liées à la décolonisation puis africaines et de plus en plus intra européennes et mondiales.
D'où le différentiel d'évolution de la population que vous mentionnez.
Le dynamisme économique est la cause principale du dynamisme démographique.
Cette influence de l'impulsion économique industrielle, portée par les protestants a été très marquée à Nantes au début du 19ème siècle dans les industries de la basse-Loire.
Positionnement de la BRETAGNE.
Plutôt que, de nos pauvres conditions actuelles, s’épancher accusateurs ou larmoyants, sur des « causes » civilisationnelles, culturelles, des tares psychologiques ou des conditionnements politiques et religieux, et tutti quanti…
Celles-là passées, et celles de conditions que nous vivons aujourd’hui sont totalement dépendantes de nos volontés collectives et historiques, et de celles des générations auxquelles nous succédons toujours cahin caha , et bien entendu perpétuons, et perpétrons toujours !!! Malgré les pauvres vélleités superficielles et totalement théoriques, hypothiques, lointaines et le plus souvent trompeuses, de disposer totalement un jour de son avenir.
Le Passé celui de jadis des plus lointains est le grand père de notre Présent , et de ce présent, nôtre, le passé de naguère n’est que son pauvre père ! Nous présents, de notre présent ne continuons et emplifions toujours les déchéances, sans que de France ne vienne de progrès, sauf illusoires !
La BRETAGNE n’est-elle pas, n’était-elle pas jusquà aujourd’hui sur la route, les routes commerciales venant du Sud, de l’Est et de l’Ouest depuis des siècles ? Voire depuis deux ou trois millénaires ?
De nombreux navigateurs méditerranéens, comme Pythéas, n’ont-ils pas « butté » dessus, sur cette ARMORIQUE au fil de de leurs aventures et découvertes ? Quasiment inévitablement ?
Et si sans remonter jusque des âges trop anciens mais bien plus enrichissants par exemple, sans non plus parler seulement d’une BRETAGNE indépendante depuis toujours, mais quand même depuis un certain temps, il serait bon de tenter au moins d’imaginer qu’elle serait le visage de la BRETAGNE si le projet, l’ambition de Fouquet de construire un très grand port de commerce dans le golfe du Morbihan, sous ce Louis XIV afin de capter le trafic de ces routes commerciales au lieu d’en laisser la Richesse par des volontés, jalouse de droit divin, obscurantistes d’un roi et de son ministre Colbert dans/par des jeux pervers contre Fouquet, à Anvers, Rotterdam, Amsterdam, Hambourg et Brême ?
Pauvre « fou des bois », submergé par les suffisances que lui apportait la fortune s’il ne s’était pas attiré la jalousie et son rejet par le tout jeune « C-Lovis XIV », en lui jetant à la figure son Vaux le Vicompte !...
Pas bien positionnée la BRETAGNE, la déficience de ceux qui la gèrent et l’ont gérée est criminelle ; et que dire d’aujourd’hui dans toutes les cours où il n’y a plus que l’irresponsabilité qui domine et est servie, qui appauvrit et tue !
Le but final est d'acheminer un produit du producteur au consommateur.
La partie maritime, pour les produits manufacturés outre-mer, n'est qu'un maillon de la chaîne.
Et c'est là que la situation est la plus défavorable pour la Bretagne.
Par ses lignes ferroviaires, ses canaux, les ports de l'Europe du nord sont beaucoup plus proches des zones de destinations finales (Allemagne, Pays-Bas, Flandre Belge, Danemark...) plus nombreuses et dynamiques sur le plan économique.
Et en France, Le Havre et Dunkerque plus proches de la région parisienne, du Nord et de l'est français.
Le raisonnement tient également dans le sens inverse pour les produits fabriqués en Europe et expédiés outre-mer.
Ce Passé dont je parle ...son avenir est devenu notre présent! Notre problème!
Á la fin de l'année 1958 je bouclais mon premier tour du monde sur un cargo, et les plus grands ports du monde je les ai très souvent fréquentés, ceux bien sûr cités plus haut, mais aussi aux Amériques et en Asie et pendant plusieurs années sans n'avoir jamais connu un seul des ports français. Du canal de Suez nous allions directement aux ports déjà cités en Europe. Lors que pour la première fois j'ai en fin accosté dans l'hexagone, j'ai bien été surpris par la taille de Marseille, Bordeaux, Nantes , Brest, le Havres Dunkerque, et donc du petit nombre de navires, et de la masse des frets débarqués, et a embarquer dans ces ports qui n'avaient absolument rien à voir avec des Singapour, Yokohama etc...de l'époque. Alors aujourd'hui, de ces petits ports français que j'ai nommés que reste-t'il? Et en BRETAGNE?
-Brest (+3% en 2023/2022)
-Lorient (-12% en 2023/2022)
-Saint-Malo (-15% en 2023/2022)
tous localisés en région Bretagne, est en plein développement !!!
(Source : Ports de la région Bretagne - Bilan d'activité 2023)
-Lorient (-12% en 2023/2022)
-Saint-Malo (-15% en 2023/2022)
tous localisés en région Bretagne, est en plein développement !!!
Pour sûr le développement, là est très positif, quant à Brest les + 3 % mériteraient que l’on analyse les domaines qui sont concernés(?)
Lorient, pêche ? Ou la partie commerce qui devrait tenir dans, dans un abri de jardin,et/ou un aquarium du port de Rotterdam ! Etrezek An Oriant, c’était du temps de Fouquet qu’il fallait booster. Petit commerce qui ne risque pas d’affoler la Ligue Hanséatique …
St Malo quels secteurs ? Pas de tourisme en baisse je suppose ? Et quoi d’autre à St Malo ?
Donc un port breton qui végète, sans autres projets sans doute, juste une implantation à vocation limitée par Paris ! Implantation qui pour devenir un terminal recevant gaz, et hydrocarbures n’a pas été décidé de BRETAGNE, ni pour en plus favoriser le développement de la région au delà des nécessités du terminal sur l’environnement du port, pas plus apporter de l’activité aux populations locales, ni activités plus élargies à une bonne part de la BRETAGNE. Ce qui, on peut bien l’imaginer,aurait été (ou devrait l’être) une préoccupations (parmi d’autres) des pouvoirs bretons qui se seraient succédés, et qui serait de gérer l’économie, le social dans et par les développements et les créations économiques dans l’intérêt de son espace géographique « national ».
C'est ecrit dans tout les manuels descriptifs du socialisme ainsi celui de Von Mises 1922. Le socialisme c'est la centralisation, l'etatistme, la planification ...
La Bretagne est convaincue par le socialisme francais, aucune surprise que ce domaine linguistique echoue.
https://www.lexpress.fr/culture/les-vraies-causes-de-la-domination-des-grandes-langues-YWAHUEZLXBBAJOIPXKVW2Q5BRE/