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- Dépêche -
Procés ARB: l’avocat général a dénoncé mardi le
En ouverture de son réquisitoire, qui durera près de six heures, l’avocat général a dénoncé mardi 23 mars le " discours militant " (" le discours militant doit légitimer l’acte, le présenter comme le sillon sur lequel l’avenir va germer. Il doit être porteur d’espérance, d’enthousiasme… ") et la pression
Philippe Argouarch Par Skoazell Vreizh le 24/03/04 20:07

En ouverture de son réquisitoire, qui durera près de six heures, l’avocat général a dénoncé mardi 23 mars le " discours militant " (" le discours militant doit légitimer l’acte, le présenter comme le sillon sur lequel l’avenir va germer. Il doit être porteur d’espérance, d’enthousiasme… ") et la pression générale qui existe en Bretagne pour, selon lui, peser sur la totalité des personnes impliquées de près ou de loin auprès du mouvement breton en général et de l’Armée révolutionnaire bretonne en particulier.. Ce qui conduit par exemple les personnes interrogées par la police à ne dénoncer personne et, si elles le font au cours d’une garde à vue, à revenir en arrière aussi tôt que possible.

Dans le cadre de ce système de " pression ", il évoque Skoazell Vreizh – sans toutefois citer le nom de l’organisation – " association de soutien aux prisonniers politiques bretons " qui " propose des conseils " aux personnes mises en examen, dans " un climat pesant ". " Je suis persuadé ", précise-t-il, que les avocats en question dans cette affaire sont eux aussi manipulés . "

En revanche, il ne fera aucune allusion à tout ce qui a été entendu depuis le début du procès sur les pressions subies par les accusés et divers témoins au cours de leurs gardes à vue.

Un historique romantisé

L’avocat général reprend un à un les 17 attentats concernés par ce procès, sur les 40 commis de 1993 à 2000 en Bretagne, attribués à l’ARB. Pour cela, 8 des Bretons sont accusés de " terrorisme " et les 3 autres d’appartenance à " une association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ". Il présente ces diverses actions sous un jour commun – l’ARB en général, et Kristian Georgeault en tant que fil conducteur – dans une démonstration très personnelle. A la suite de quoi il définit les accusations à l’encontre des accusés et requiert ou non des condamnations.

* Yann-Hervé S.

est accusé d’avoir participé à la réalisation de la disquette contenant le " faux communiqué " de l’ARB imaginée selon leurs propres aveux par Gaël Roblin et Kristian Georgeault quelques jours après l’attentat mortel de Quévert, en avril 2000, pour " manipuler la presse " (selon leurs propres termes) et obliger l’ARB à réagir. Yann Hervé S. a largement fait état de son désarroi suite à la mort de Laurence Turbec, de sa démission d’Emgann à qui il reproche de ne pas condamner assez vite l’attentat. Bien qu’il ait accepté d’aider Roblin et Georgeault à réaliser la disquette, il n’est, pour l’avocat général, " coupable de rien ".

* Paskal Scattolin

avait reconnu lors de sa garde à vue avoir participé aux côtés de Kristian Georgeault à la tentative d’attentat contre la perception de Combourg, et l’avait confirmé devant le juge Thiel. Lors du procès, il avait révélé qu’il avait subi en garde à vue une pression terrible, et qu’on lui avait assuré qu’il ne ferait que quelques mois de détention préventive s’il accusait Georgeault. Il était effectivement sorti relativement rapidement de prison, et ne savait plus comment sortir de cet engrenage. Lorsque Kristian Georgeault a reconnu devant la cour d’assises spéciale être effectivement membre de l’ARB, il a signalé avoir commis cet attentat, mais sans Paskal Scattolin. " Scattolin n’est probablement pas accusé du bon crime ", conclut l’avocat général. " Il me paraît n’être pas coupable… ".

* Solenn Georgeault

n’est mêlée à rien jusqu’à l’incident qui l’a opposée en mars 2000 à une postière rennaise qui lui refuse un chèque en breton. Cet incident, qui avait provoqué des interventions de la part d’un représentant de Stourm ar Brezhonneg et de Gaël Roblin, a-t-il un rapport avec la tentative d’attentat commis contre un autre bureau de poste rennais le 19 avril 2000, le même jour que l’attentat contre le MacDo de Quévert ? Rien ne permet de l’affirmer, estime l’avocat général. Et donc de condamner Solenn Georgeault.

* Jérôme Bouthier

est le seul gardé à vue des années 99 et 2000 dont les traces ADN ont été trouvées dans des matériels liés aux attentats attribués à l’ARB. En l’occurrence le sac plastique contenant des explosifs, trouvé devant La Poste de Rennes. Ce qui lui a valu deux ans et demi de détention " provisoire ". " Ce n’est pas possible ", reconnaît l’avocat général. " Ou Bouthier a été manipulé, ou il est le dernier des imbéciles ". Aurait-il été assez stupide pour manipuler à mains nues un sac contenant des explosifs ? " Je suis dans le doute le plus total ". L’avocat général considère que ce sac a été " emprunté " chez Jérôme ou dans sa voiture ou à son bureau ou ailleurs par l’auteur de l’attentat. Que Jérôme sache ou non qui en est responsable, il n’en est pas l’auteur. L’avocat général le laisse aux jurés " en ballotage pour sa culpabilité principale ".

" Tous les autres sont coupables… "

* Arno Vannier

a été arrêté en décembre 1999 dans le cadre de l’enquête sur le vol des attentats de Plévin, et il a fait deux ans de détention " provisoire ". Il est accusé dans le dossier ARB de " participation à une association de malfaiteurs ", pour avoir transporté dans sa voiture deux sacs d’explosifs et de matériels semblables à ceux ayant servi aux autres accusés de ce dossier, ce qui relève du délit et non du crime. " Il a beaucoup de chance ", grogne l’avocat général, qui décrit Arno comme un membre actif de l’ARB. Pourtant, Paskal Laizé confirme que c’est bien lui qui a demandé à Vannier de cacher ces matériels dans sa voiture, car lui-même se pensait surveillé par la police. Arno Vannier a toujours nié toute appartenance à l’ARB. L’avocat général requiert contre lui 8 ans d’emprisonnement, dont 4 ans de sûreté, avec une mise en exécution au terme du délibéré (c’est-à-dire son incarcération immédiate, même s’il dépose appel).

* Philippe Jaumouillé

ne se serait sans doute pas retrouvé devant la cour d’assises si les attentats de 2000 n’avaient pas relancé les enquêtes sur les anciens attentats de l’ARB. C’est en effet en 1993 qu’il reconnaît avoir participé à une tentative contre la perception de Saint-Brice en Coglès avec Kristian Georgeault, une autre à Louvigné du désert. Depuis, selon les propres termes de l’avocat général, " il a fait la preuve de ce qu’il jette désormais un autre regard sur les faits ". Moyennant quoi, l’avocat général réclame contre lui 5 ans de prison, avec mise en exécution à la fin du délibéré.

* Alain Solé

est arrêté en octobre 1999 dans le cadre de l’enquête de Plévin, et inculpé plus d’un an après dans le dossier de l’ARB. Il est en détention depuis quatre ans et demi, et gravement malade. On lui reproche d’avoir commis de 1998 à 1999 plusieurs attentats : la perception de Matignon (le seul témoignage est celui d’un bistrotier), la gendarmerie de Gouarec et la perception de Guichen (avec Paskal Laizé qui le nie), la perception de Callac, le tribunal de Mayenne (reconnu par Georgeault sans Solé)… Alain Solé nie toute participation. L’avocat général réclame contre lui 6 ans d’emprisonnement. " Eu égard à son état de santé, sans période de sûreté ".

* Stefan Philippe et Paskal Laizé

sont en détention " provisoire " depuis mai 2000. Stéfan Philippe est accusé d’avoir remplacé Alain Solé dans l’ARB après son arrestation. Il reconnaît avoir participé à plusieurs attentats avec Paskal Laizé. Paskal Laizé est en outre accusé d’avoir fabriqué les minuteurs utilisés par eux ou par d’autres, y compris dans les attentats contre les MacDo d’avril 2000. L’avocat général réclame contre Stefan Philippe 10 ans de réclusion criminelle, dont 6 ans de sûreté, et contre Paskal Laizé 12 ans de réclusion criminelle, dont 8 ans de sûreté.

* Gaël Roblin

, porte-parole d’Emgann, est arrêté en mai 2000 pour sa participation à la réalisation du " faux communiqué de l’ARB ", sur dénonciation du journaliste à qui a été remise la disquette. Il a toujours nié la moindre participation à l’ARB. Devant la cour d’assises spéciale, il a toutefois reconnu avoir accepté, début 2000, de transmettre aux journalistes avec qui il était en rapport, certains communiqués de l’ARB, ce qui lui vaut d’être nommé devant la cour " le porte-parole parole clandestin de l’organisation clandestine ". Pour l’avocat général, sa responsabilité est tout autre. Il aurait remplacé Denez Riou, arrêté en octobre 1999, à la tête de l’ARB, et inspiré de nouvelles cibles, comme les MacDo, à cette époque où l’anti-mondialisation était hypermédiatisée. L’avocat général le considère comme entièrement responsable des attentats contre les deux MacDo en avril 2000 : " Je n’ai pas la preuve que Gaël Roblin a lui même personnellement déposé la charge, mais j’ai la conviction que son rôle est décisif. " Il réclame donc contre Roblin 15 ans de réclusion criminelle, dont 10 ans de sûreté.

* Kristian Georgeault

enfin a reconnu devant la cour d’assises spéciale appartenir à l’ARB depuis 1993, et avoir réalisé ou commandité plusieurs attentats et tentatives, avoir distribué à des militants des explosifs qui lui avaient été remis par " son contact " de l’ARB. Il reconnaît avoir participé avec Gaël Roblin à la rédaction du " faux communiqué " de l’ARB. Mais il nie toute participation aux attentats d’avril 2000. L’avocat général réclame contre lui 18 ans de réclusion criminelle, dont 10 ans de sûreté.

La conclusion de ce réquisitoire a provoqué une stupeur générale dans la salle de la cour d’assises spéciale mardi en fin d’après-midi, non seulement chez les familles des accusés, les amis et sympathisants, mais aussi chez les professionnels, notamment les journalistes, qui assistent au procès.

SK VZH : 23/03/2004

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