- Communiqué de presse -
Qui veut la peau du breton en Haute-Bretagne ?
Le vol des panneaux bretons de Vitré, clairement revendiqué par des défenseurs du gallo anti-bretons.
Par Émile Granville pour Action Pays de Redon le 11/04/23 18:33

Le 24 octobre 2022, je publiais un texte intitulé : Ils utilisent le nom d’Albert Poulain pour détruire des panneaux bretons ( voir notre article ). Albert Poulain, conteur gallo bien connu du Pays de Redon, défendait aussi le breton en Haute-Bretagne. En commentaire de cet article, un de ses fils, Tangi Poulain écrivait alors : nous, Ronan, Armel et moi, fils d’Albert Poulain désapprouvons et ces actions clivantes et l’usage du nom de notre père. Rien n’y a fait, la dite Brigade Albert Poulain récidive en enlevant des panneaux bretons de Vitré, Rennes et Vern-sur-Seiche, panneaux mis en mairie de Carhaix, le 9 avril dernier.

Cette opération anti-bretonne est un succès pour ces militants anti-bretons.

1) Un succès médiatique. Cette opération anti-bretonne a été largement relayée par F3 Bretagne et par Ouest-France et d’autres journaux aussi avec moins de complaisance.

2) Un succès pour les Jacobins français. Le vol des panneaux bretons à Vitré a pu ainsi servir d’argumentaire, par exemple, pour Benjamin Morel, auteur du livre La France en miettes, régionalismes, l’autre séparatisme, lors du débat avec Aziliz Gouez sur F3 Bretagne, le 19 mars dernier. En filigrane : l’image bretonne de la Bretagne véhiculée par les Jacobins de la langue bretonne est factice. Il fallait y penser !

3) Un succès pour les associations du gallo. Le chantage au gallo a particulièrement bien fonctionné à Vitré, puisque la maire de cette ville s’est sentie obligée à la suite du vol des panneaux de soumettre au conseil municipal la signature de la charte du gallo.

Depuis le début, le breton a servi de marchepied au gallo, et cela dans tous les domaines. Sans les militants de la langue bretonne, on ne parlerait pas de gallo. Parle-t-on des parlers français équivalents au gallo dans les départements limitrophes de la Bretagne ? Non ! Désormais, on ne peut rien faire pour le breton en Haute-Bretagne sans mettre en plus le gallo. Ainsi pour la signature de la charte de la langue bretonne, la maire de Caulnes déclare : rien ne nous empêche de signer aussi la charte du gallo (Le Petit Bleu, 29/09/2022). A croire que la seule demande de gallo ne soit celle induite par la demande sociale du breton. Comme quoi, loin de s’opposer au gallo, le breton est le meilleur outil objectif pour le gallo. Sauf, que désormais, une partie des défenseurs du gallo sont ouvertement et franchement contre la langue bretonne en Haute-Bretagne.

En 2022 s’est constitué Le collectif du galo en Bertègn qui s’oppose au breton en Haute-Bretagne. Le plus cocasse est que le manifeste anti-breton de ce collectif a été signé par plusieurs personnalités et associations de langue bretonne. Il est coutume de dire désormais, à propos du gallo et du breton, en signe d’apaisement, par hypocrisie pour certains, par lassitude pour beaucoup, voire aussi en toute bonne foi : l’un n’empêche pas l’autre. Certes, mais pour l’instant, la guerre au breton que mènent certains défenseurs du gallo en Haute-Bretagne ferait plutôt penser le contraire. Aux associations de langue bretonne, je dirais : ouvrons les yeux ! Aux associations du gallo, je poserais la question suivante : le gallo pourrait-il avoir une quelconque visibilité sans la demande sociale pour le breton ?

Emile Granville, le 11 avril 2023.

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