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Victor Moreau en uniforme de lieutenant-colonel en 1792.
Huile de françois Bouchot (1835)
Musée du Château de Versailles
Victor Moreau en uniforme de lieutenant-colonel en 1792. Huile de françois Bouchot (1835) Musée du Château de Versailles
- Chronique -
Rappeler le souvenir du Breton Victor Moreau, c'est lutter contre la dictature
À propos du 200ème anniversaire de la mort du maréchal morlaisien Moreau En France, on adore les dictateurs comme Robespierre et les Napoléons et on a beaucoup aimé Pétain.
Christian Rogel pour ABP le 1/09/13 0:16

À propos du 200ème anniversaire de la mort du maréchal morlaisien Moreau

En France, on adore les dictateurs comme Robespierre et les Napoléons et on a beaucoup aimé Pétain

Vous savez quoi? En France, on admire tellement les dictateurs que l'on peut passer sous silence dans les livres d'histoire l'un des meilleurs militaires qui aient existé, et, en tout cas, le premier à avoir eu une réputation qui ait traversé l'Océan. ( voir l'article ) et ( voir l'article )

Quel est le général, dont le souvenir positif a été conservé aussi bien en Allemagne, qu'en Autriche et aux États-Unis? C'est le même que celui sur lequel les historiens français répètent, en bêlant, les absurdes opinions de Bonaparte et de ses affidés. S'il s'est mis au service d'un dirigeant en guerre contre Napoléon Bonaparte, écrivent-ils, c'est qu'il était indécis, sans personnalité, et, prétendent-ils, il n'était pas aussi bon chef militaire que le Corse.

C'est aussi le même que sa ville natale de Morlaix n'avait jamais eu, jusqu'à l'exposition de la médiathèque municipale de décembre prochain, le courage d'honorer, inquiète d'être critiquée par les faiseurs d'histoire(s) chauvins, adorateurs de chefs d'État nimbés de légendes dorées .

Qui était Victor Moreau?

Victor Moreau, né il y a 250 ans, a mené le début de la Révolution à Rennes, puis, alors qu'il n'avait pas de formation militaire, s'est vu confier des corps d'armée, puis, des armées entières, et il a vaincu ses adversaires en les traitant avec honneur et en interdisant à ses soldats de mal se conduire vis-à-vis des populations. Il maîtrisait un des arts militaires les plus délicats, celui de la retraite sans perdre de vies et de biens. Sa victoire écrasante à Hohenlinden (Allemagne du Sud) en décembre 1800 a été connue et admirée dans toute l'Europe et au-delà.

C'est parce que son génie militaire lui fait de l'ombre, que Napoléon Bonaparte, qui instaure la dictature, comme consul, puis, comme empereur, commence à le persécuter, car, Moreau, qui n'est pas intéressé par un rôle politique, persiste à se moquer de lui en privé.

Exilé aux États-Unis pendant plusieurs années après un procès fabriqué, il est fêté partout aux États-Unis par des foules enthousiastes. Apprenant le désastre de Russie en 1812 et le fait que Napoléon a remis en place sa machine à tuer qu'est la Grande Armée, il brûle de venir au secours du camp de la Paix. Il a toujours été très critique de la manière dont Bonaparte encourageait ses généraux à dépouiller les populations conquises.

L'homme qui a voulu mettre fin aux massacres

Pour rester fidèle à son idéal républicain, au nom duquel un seul homme n'a pas le droit de décider tout seul la mort de millions d'autres, il parcourt 7 000 km, afin d'aider la coalition réunie par le Tsar, Alexandre Ier, l'empereur d'Autriche, François Ier, Frédéric-Guillaume III de Prusse et le Béarnais, Bernadotte, roi de Suède, à mettre fin au massacre et au pillage de tout le continent.

Conseiller à titre privé du Tsar, il meurt du fait d'un tir de canon 15 jours après son retour.

D'après sa correspondance et ses propos, Alexandre Ier, très méfiant vis-à-vis du futur Louis XVIII, qui se révèlera effectivement un incapable, était prêt à restaurer une République française, dont Moreau aurait été le garant moral. Ce dernier était, pourtant, prêt à accepter une monarchie constitutionnelle qui garderait l'esprit citoyen.

Pas de grande figure morale pour une France abonnée à la dictature

La mort de Moreau, le 2 septembre 1813, il y a 200 ans, a, peut-être, fait plonger la France dans une Restauration stupidement revancharde, bigote et policière, ce qui, malgré les répits de la Monarchie de Juillet et la courte Seconde République, fera retomber le pays dans l'ornière de la dictature de Napoléon III. Le système préfectoral (et son prolongement dans l'ENA) est le legs empoisonné de Napoléon et la tache indélébile de l'antidémocratie au sein de la démocratie. Un État profond à la française, qui continue de brider les énergies et de déséquilibrer un Hexagone à la capitale hypertrophiée.

Idolâtrer les grands hommes n'a aucun intérêt, mais le jugement de l'Histoire doit être équilibré.

Tout ce que Napoléon a entrepris n'était pas absurde, mais, il est le modèle même du dictateur et doit être désigné comme tel.

Moreau est-il un traître ou un «chevalier de l'Humanité» comme dit l'inscription sur son tombeau à Saint-Pétersbourg? La même question se pose pour le soldat US, Bradley Manning, qui a dévoilé l'hypocrisie des États qui disent respecter la vie privée et espionnent tout le monde sans limites.

Moreau a été un grand Breton, probablement détesté par une grande partie d'entre eux, mais, il n'y a pas de raison autre que le chauvinisme mal placé pour le mettre à l'écart de l'histoire de la Bretagne, même si les dirigeants français n'en veulent pas.

Il a pourtant été élevé à la dignité de maréchal de France à titre posthume et son nom est inscrit sur l'Arc de Triomphe de l'Étoile en compagnie de ceux qui ont combattu avec lui ou qu'il a (très brièvement) combattus.

Christian Rogel

Notes :

A Paris, il a acheté un hôtel particulier, au 20 de la rue de la Chaussée d'Antin. C'est cachées dans un mur de ce bâtiment que l'on a retrouvé les têtes des statues des 21 rois de Judas qui avaient été arrachées à la cathédrale Notre-Dame.

En juillet et en août 2013, les Venelles de l'Histoire, animées par le Théâtre de la Corniche, ont consisté dans des déambulations dans Morlaix avec le maréchal Moreau comme fil conducteur.

A partir du 5 décembre 2013, la Ville de Morlaix se décide, enfin, à rappeler le souvenir d'un des enfants, qui fut l'un des plus populaires de son temps.

Une exposition de la Médiathèque municipale, dans sa section historique et patrimoniale, «Les Amours jaunes», qui est située dans l'Hôtel de ville, présentera de nombreux éléments de la vie et de la carrière de Moreau, y compris des objets personnels.

Voir aussi :
Christian Rogel est spécialiste du livre, de la documentation et de la culture bretonne.
Voir tous les articles de de Christian Rogel
Vos 5 commentaires
SPERED DIEUB Le Dimanche 1 septembre 2013 15:16
Votre article m'a amené à m'informer davantage sur le général Moreau ,signe avant coureur de la révolution de 1789 des troubles avaient éclatés à Rennes en 1788 ,et à ce moment c'est encore bien le tiers qui défend les libertés bretonnes ,un passage de l'article ci dessous reflète bien la confusion qui régnait à cette époque que notre logique d'aujourd'hui ne peut pas comprendre aisément
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Victor_Marie_Moreau
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SPERED DIEUB Le Dimanche 1 septembre 2013 17:02
Un autre Moreau que j'ai trouvé comme par hasard ,bien que hors sujet ,je ne pense pas que ma trouvaille soit pour autant inintéressante ,elle serait même à expédier d'urgence à une certaine FM !!
http://www.lyceechaptal.fr/telechargement/Concours_de_la_Resistance_2010/Pour_01-03-2010/Cederom_la_Resistance_en_Lozere/_xml/fiches/20313.htm
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Jean Cévaër Le Lundi 2 septembre 2013 14:40
Christian,
Félicitations pour ce rappel historique concernant l'un de nos Bretons mémorables.
A ce propos Michel Mourre dans son Dictionnaire historique me semble honnête dans l'article sur Moreau et Georges Duby dans son Histoire de France lui attribue un travail intéressant sur les chartes dans le cadre de recherches sur les sources de l'histoire de France.
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FREDERICO ITALIA Le Mercredi 4 septembre 2013 17:12
TRADITORIA.
VIVA IMPERATOR
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Christian Rogel Le Mercredi 4 septembre 2013 18:44
@Frederico Italia
Patrom an treitourien e oe Napoleon pa 'zeas da vestr dreist muzul ar Frañsizien.
Noi, Brètoni, non amiamo gli imperatori.
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