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Refonder la gauche en Bretagne dès 2004
Texte d’appel à la constitution d’une liste bretonne de gauche, autonome et ouverte, pour les élections régionales de mars 2004.
Philippe Argouarch Par UDB le 30/10/03 18:00

Texte d’appel à la constitution d’une liste bretonne de gauche, autonome et ouverte, pour les élections régionales de mars 2004.

Les 21 et 28 mars 2004 les Bretons seront appelés à renouveler pour 6 ans le Conseil régional de la Bretagne administrative, encore amputée hélas de la Loire-Atlantique. Cette élection sera-t-elle utile ? Oui, nous le pensons, s’il s’agit de construire une Bretagne plus autonome et responsable, une Bretagne adulte, une Bretagne au niveau des grandes régions européennes (Catalogne, Ecosse...), une Bretagne qui trouvera le chemin de sa réunification. C’est notre volonté.

Décider au pays avec les gens du pays, c’est l’ambition que nous, signataires de cet appel, avons pour la Bretagne. C’est une grande ambition.

La droite qui dirige depuis toujours le Conseil régional n’a pas d’ambition pour la Bretagne. Comment pourrait-il en être autrement avec un président choisi par défaut, chef du groupe UMP au Sénat, qui réside à Paris ? Dans le cadre du débat sur une nouvelle étape de la décentralisation, si mal engagé il est vrai par le gouvernement Raffarin, Josselin de Rohan a refusé de saisir l’opportunité qu’offrait le nouveau droit à l’expérimentation inscrit dans la Constitution depuis le 17 mars 2003. De Rohan et sa majorité n’ont réclamé aucune compétence expérimentale pour la Région Bretagne en matière de politique culturelle et linguistique, pas plus que dans le domaine maritime ou qu’en matière de logement social. Et la seule compétence réclamée, dans le domaine de l’eau, n’a-t-elle pas pour but de faire payer au contribuable breton le traitement industriel des déjections animales excédentaires du système productiviste ?

A gauche le choc du 1er tour de l’élection présidentielle a laissé des traces. En Bretagne comme ailleurs l’élimination du candidat Jospin fut le résultat du fossé qui s’était creusé au fil des années entre le Parti socialiste et les préoccupations des électeurs de gauche : stagnation des petits salaires et dégradation des conditions de travail comme conséquences d’une législation sur l’ARTT mal conçue, développement de la précarité malgré les emplois-jeunes, difficultés à se loger avec une montée de la spéculation immobilière (jusqu’en centre-Bretagne !) et un déficit important de logements sociaux. Si l’émotion suscitée par la présence de Le Pen au second tour de la présidentielle a provoqué quelques semaines plus tard un réflexe de vote « utile » aux législatives, cette émotion est très vite retombée comme en témoigne le désintérêt constant des jeunes pour la politique traditionnelle.

Mais ce désintérêt n’est pas synonyme d’indifférence face aux problèmes de la société. De nombreux jeunes et des moins jeunes se mobilisent pour défendre l’intérêt général ou améliorer le sort des plus faibles. Les causes sont diverses : droit au logement, droit d’asile, antiracisme, défense des services publics de proximité, commerce équitable avec les peuples du Sud, préservation de l’environnement et de la santé, agriculture paysanne (durable et bio). En Bretagne la défense et la promotion de l’identité bretonne dans sa pluralité et sous ses aspects linguistique et culturel s’inscrit totalement dans ce mouvement qui, au-delà de la simple contestation, veut participer à la construction d’un monde plus libre et plus solidaire. Justice sociale, environnement préservé, sécurité sanitaire, agriculture paysanne, commerce équitable et identité bretonne sont des valeurs que partagent plusieurs centaines de milliers de Bretons. Ce mouvement est fondamentalement positif, c’est un mouvement constructif.

A l’occasion des élections municipales de 2001 ce mouvement, que certains ont baptisé « altermondialiste » (par opposition à la mondialisation inégalitaire à la sauce libérale), a trouvé une première traduction électorale. Ce fut singulièrement le cas en Bretagne, aussi bien dans de grandes villes comme Rennes ou Saint-Nazaire que dans des villes plus petites comme Carhaix, Guingamp, Lannion ou Sarzeau. Nous, signataires de cet appel, pensons qu’il est possible et nécessaire de permettre à ce mouvement de transformation de la société de trouver une traduction dans les futurs choix politiques de la Bretagne.

Certaines formations politiques ont compris ce nouvel enjeu pour la gauche en Bretagne. Les adhérents de l’Union démocratique bretonne (UDB) et de Frankiz Breizh partagent le souci de tous les signataires de renouveler la vie politique à gauche en s’ouvrant à de nouvelles formes de participation distinctes des partis, dans un respect mutuel.

Etre acteurs du changement

Nous, signataires de cet appel, sommes convaincus que la défaite de la droite le 28 mars prochain en Bretagne et la réalisation d’une politique vraiment différente supposent une refondation de la gauche.

Cette refondation passe par la présentation le 21 mars d’une liste de gauche alternative, différente de celle du Parti socialiste.

Sur quelles bases ? Les principes fondamentaux qui réunissent les premiers signataires de cet appel sont les suivants :

- 1) Nous nous présentons devant la société bretonne pour défendre l’idée d’une autonomie (politique, financière, culturelle) large pour la Bretagne avec la mise en place d’un statut particulier. Ce statut particulier devra permettre à la Bretagne de faire valoir elle-même ses intérêts économiques, sociaux, environnementaux et culturels en France et dans l’Union européenne.

- 2) Nous voulons que la lutte démocratique pour l’émancipation de la Bretagne se mène conjointement avec la lutte pour une évolution positive des conditions sociales des femmes et des hommes. Si nous reconnaissons l’efficacité productive de l’économie sociale de marché, nous refusons le libéralisme sauvage qui aggrave les inégalités et empêche le progrès social. Nous nous inscrivons donc dans une démarche progressiste.

- 3) Nous constatons que depuis le milieu des années 80 la Bretagne a pris du retard dans son développement économique par rapport à la moyenne française et européenne. La cause en est la concentration géographique des richesses et des investissements de l’Etat dans la région parisienne (cf. les données produites par le Groupe d’Etude et de Réflexion Interrégional de Jacques Voisard, par le sénateur Jean François-Poncet dans son rapport sur « L’état du territoire » ou par l’économiste Jean Ollivro et le sociologue Jean Elegoët).

Nous considérons qu’il faut donc développer le pouvoir d’initiative régional pour donner un nouveau souffle à l’économie bretonne, en veillant scrupuleusement à l’inscrire dans un développement durable respectueux de l’environnement, ce qui passe en premier lieu par une meilleure valorisation sur place des produits de base, notamment dans le secteur agroalimentaire (très exposé aux délocalisations), par de nouvelles ambitions maritimes ( pour la pêche, les cultures marines et le transport maritime) et par une application industrielle en Bretagne des découvertes scientifiques et des innovations technologiques qui s’y réalisent.

- 4) Nous considérons qu’il est absolument nécessaire d’élaborer un nouveau contrat social entre les agriculteurs bretons et la société bretonne tout entière, contrat basé sur la concertation et le dialogue et non sur la culpabilisation et l’affrontement.

Ce contrat devrait concilier plusieurs exigences : maintien de l’emploi agricole et du nombre d’exploitations, amélioration des revenus agricoles, reconquête de la qualité de l’eau, restauration de la confiance sanitaire, revalorisation de l’image de l’agriculture et des agriculteurs. Il pourrait reposer sur plusieurs moyens d’action : encouragement au traitement complet et localisé sur les exploitations des effluents d’élevage, valorisation des produits agricoles par la recherche de la qualité, soutien à la reconversion vers l’agriculture durable et l’agriculture biologique, soutien aux contrats locaux d’objectifs liant les agriculteurs, les collectivités locales et les acteurs de la restauration collective, généralisation des programmes de découverte du monde agricole et rural dans les écoles, régionalisation du contenu des enseignements et des formations dans les lycées agricoles.

- 5) Parce que nous aimons ce pays et que nous voulons léguer une Bretagne propre à nos enfants, nous sommes particulièrement sensibles à son environnement et nous nous inscrivons sans hésitation dans la prise de conscience écologique en Bretagne. De ce fait nous entendons, entre autres, développer le cabotage maritime entre les ports bretons et sur la façade atlantique de l’Europe comme alternative aux camions, doter la Bretagne des moyens matériels et humains nécessaires à la prévention des marées noires et autres pollutions maritimes (prévention indispensable pour l’avenir de la pêche artisanale et des cultures marines), refuser toute activité nucléaire (réacteur ou enfouissement de déchets radioactifs) et investir dans toutes les formes d’économies d’énergie et les énergies renouvelables.

- 6) Nous militons activement pour le rattachement de la Loire-Atlantique à la Région Bretagne. Il s’agit d’une réparation historique mais aussi et surtout d’un droit démocratique. Nous considérons par ailleurs que la Bretagne, une fois réunifiée, pourra participer avec les régions de l’ouest de la France à la construction d’une « eurorégion » fondée sur la coopération pour créer des synergies dans des domaines comme les réseaux de transport, d’énergie ou de télécommunication.

- 7) La langue bretonne est une des pierres angulaires de notre culture. En ce sens elle doit obtenir la co-officialité avec le français en Bretagne et faire l’objet d’une véritable politique de redressement de la part du Conseil régional. Parce que le gallo fait aussi partie du patrimoine linguistique de la Bretagne aux côtés du français et du breton, le Conseil régional devra aider les associations qui oeuvrent à sa promotion en Haute-Bretagne, en particulier dans les domaines de l’édition, de l’enseignement et des médias.

- 8) La culture bretonne dans toute sa diversité doit faire l’objet d’une politique volontariste au sein de l’institution régionale. La « culture en Bretagne » ne doit pas être opposée à la « culture bretonne », sous-entendue traditionnelle et populaire, car l’une et l’autre ont vocation à se nourrir. Dans tous les arts il s’agit de valoriser l’originalité, la qualité et la diversité, l’innovation et l’ouverture, entre échange, tradition et modernité. La politique culturelle de la Région doit respecter l’indépendance des artistes comme de tous les acteurs culturels.

- 9) Nous avons pour ambition de redonner à la Bretagne une vraie vocation internationale qu’elle a perdue en raison d’un centralisme jadis violent et répressif, aujourd’hui étouffant. Pour cela nous voulons encourager fortement les expériences à l’étranger des jeunes Bretons en formation et les échanges internationaux d’enseignants et de formateurs. Nous voulons aussi développer les moyens de communication directs avec l’Europe et le reste du monde. Nous voulons encore favoriser la diffusion internationale des artistes bretons qui sont les meilleurs ambassadeurs de la Bretagne dans le monde.

Cette politique d’internationalisation de la Bretagne est à l’opposé du laisser faire libéral qui conduit à la fuite des jeunes Bretons les plus diplômés et les mieux formés, faute d’emplois à la hauteur de leurs compétences. L’internationalisation de la Bretagne, cela doit être aussi contribuer à changer les rapports Nord-Sud en encourageant, outre le commerce équitable, les actions de coopération décentralisée qui se fondent sur un véritable échange entre les gens et en défendant les droits individuels et collectifs, en particulier ceux des minorités opprimées.

- 10) Sur le plan de la conduite de la campagne électorale nous considérons que toute démarche d’alliance possible après le premier tour des régionales pour battre la droite devra faire l’objet d’une discussion entre les partenaires politiques de la liste et les colistiers. Les négociations devront se faire sur nos engagements en mettant haut la barre et sans rejeter aucune hypothèse. Cette discussion devra se mener très en amont afin de lever toute ambiguïté et favoriser la cohésion de la liste et de ses soutiens. L’essentiel, à travers une action politique responsable, étant de faire avancer les points 1 à 9.

Ces 10 points fondent une stratégie générale. Ils orienteront logiquement les propositions concrètes qui seront présentées aux Bretons, mais celles-ci sont à construire. Nous vous proposons de vous joindre à nous pour le faire.

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