Pour le citoyen lambda, la politique française de gestion des demandeurs d'asile se résume souvent à des images entrevues à la télévision : Calais, les CAO, les CRA, et les sigles qui se multiplient avec les nouvelles mesures qui s'appliquent, les "dublinés", les migrants économiques, les migrants qui fuient les guerres, les bons et les méchants...
Alors que la France acceptait 80% des demandeurs d'asile, elle en régularise aujourd'hui 20%. Les sorties de CADA (centres de demandeurs d'asile) sont donc douloureuses, avec des mises à la rue quasi-quotidiennes avec enfants et familles entières. La maire de Paris, en liaison avec d'autres grandes villes d'Europe comme Barcelone, tente à sa manière des solutions qui s'avèrent en vérité aider davantage la police que les personnes concernées...
Alors qu'en Catalogne, un million de personnes manifeste en solidarité avec les migrants, la France est bien frileuse, et accepte petit à petit des mots qu'on aurait autrefois jamais osé prononcer tels que "gestion des stocks" pour parler d'êtres humains, que l'on considère comme une marchandise déplaçable d'un bout à l'autre de l'Europe. Ici, dans la vidéo captée lors d'une table ronde des collectifs d'accueil de migrants en Bretagne, un responsable de La Ligue des Droits de l'Homme, explique à quel point la politique française ne résout rien, renvoie en Italie les migrants qui retournent vers l'enfer, et ne propose aucune solution positive en concertation avec les habitants, les citoyens, les maires qui ne demandent qu'à intégrer des personnes représentant... 0.02% de la population française.
Alors que 120 000 personnes des boat people ont été intégrées en France, plus de 200 000 réfugiés espagnols après la guerre d'Espagne (et là aussi, la France n'a pas brillé par un accueil exemplaire), quelle réaction la population aura-t-elle face à ce phénomène qui n'est pas une "invasion" pas plus qu'une "radicalisation" de la société, mais bien un problème de société et de sa capacité à réagir face à des bouleversements mondiaux ?