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- Présentation de livre -
La Vallée des Saints à la croisée des chemins ?
Dans son livre Un rêve de pierre. Du Tro Breiz à la Vallée des Saints, paru aux éditions Salvator, Philippe Abjean rappelle l’histoire de ces deux aventures et la vision qui les a portées. Il s’explique aussi sur sa démission en janvier dernier suite à des désaccords sur des choix de gestion.
Philippe Argouarch pour ABP le 25/06/20 15:17
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<-- Philippe Abjean est un bâtisseur [...] Tout d’abord avec le Tro Breizh remis au goût du jour en 1994 et dont le succès grandissant va bien au-delà d’une quête spirituelle : des personnes de tous âges, de toutes opinions et de toutes origines sociales redécouvrent ensemble leur patrimoine et leur identité. Et puis est né ce projet encore plus fou de rassembler sur le même site, à Carnoet, les sculptures monumentales du millier de saints qui ont dessiné le visage de la Bretagne. [Présentation de l’éditeur]

Philippe Abjean, fondateur de la Vallée des Saints, est un homme à contre-courant. Si, à la fin du Moyen-Age, il y avait des Galilée et des Giordano Bruno qui s’opposaient à l’Église et finissaient parfois sur le bûcher, aujourd’hui on a des Philippe Abjean qui vont, eux, dans le sens contraire, à contre-courant de la déchristianisation générale qui sévit en Europe.

Les origines de la Bretagne sont bercées par deux grands mythes fondateurs. L’établissement de légionnaires britto-romains démobilisés, en particulier dans le Léon (qui veut dire « légion »), avec son premier roi breton, Konan Meriadek, issu de ces prétoriens (voir Léon Fleuriot). L’autre centré autour des sept saints fondateurs est une vaste épopée d’évangélistes prosélytes et prédicateurs venus pour la plupart aussi de cette Brittania, mais aussi d’Irlande, qui ont fait que cette Armorique, ou Brittania minor, a servi de tremplin pour reconvertir l’Europe après les invasions des « barbares ». Ce mythe fondateur est d’autant plus glorieux et sujet de fierté puisque au Ve siècle tout l’empire romain d’occident a été submergé par ces peuples venus du nord de l’Europe et du Caucase --sauf l’Armorique. Nous avons été submergés par des saints ! Du moins des chefs spirituels qui accompagnèrent les migrations des Bretons en Armorique.

Du passé faisons une vallée

Arrivé en Bretagne à Saint-Pol-de-Léon où se trouve justement le sarcophage de Konan Meriadek, constatant que les églises se vidaient, Philippe Abjean s’est penché sur ce lointain passé pour essayer de faire revivre une vie spirituelle, du moins une vie spirituelle visible car beaucoup ont une vie spirituelle que bien sûr personne ne voit.

Dans son livre Un rêve de pierre. Du Tro Breiz à la Vallée des Saints, paru aux éditions Salvator, Philippe Abjean rappelle l’histoire de ces deux belles aventures et la vision qui les a portées. La Vallée des saints est un « projet fou » visant l’érection de 1000 statues issues de ce patrimoine breton religieux dont les traces sont partout dans la toponymie bretonne. Chaque statue est financée par un ou des mécènes. Contre toute attente et contre les avis défavorables de la hiérarchie catholique et même des élus, le projet est devenu une destination touristique de premier plan. Cela a marché.

Chasser les marchands du temple ?

Difficile de garder le cap. Philippe Abjean n’avait sans doute pas prévu que viendrait se greffer sur l’association : une entreprise, un restaurant, des parkings, une librairie, des toilettes, un ou des spécialistes du marketing. Des pressions mais aussi des glissements moins visibles qui s’exerceraient sur l’association pour laïciser et rentabiliser le projet.

Sauf que, en janvier dernier, Philippe Abjean a démissionné de son poste de président de l’association de la Vallée des Saints, suite à des désaccords sur des choix de gestion. Il reste cependant membre du Conseil d’administration tel que le prévoient les statuts. Elie Guéguen, vice-président, a aussi démissionné mais reste secrétaire... Gilles Guymare, président de Terre de Granit, la SAS filiale de la Vallée des Saints, a aussi démissionné mais Sébastien Minguy en reste le directeur.

On ne va pas faire de l’hypocrisie de l’entrée gratuite avec un parking payant, c’est se moquer du monde...C’est gratuit car ça repose sur du mécénat, donc faire du profit à partir du mécénat, je trouve que ça pose problème d’un point de vue éthique__Philippe Abjean dans BRETONS de juillet 2020

Le nouveau restaurant perdrait de l’argent et déjà avant le confinement l’association devait combler les déficits, ce qui ne se passait pas très bien, avoue Philippe Abjean. Il a donc été proposé par le Conseil d’administration sous la présidence de Philippe Abjean de rendre les parkings payants. Oui, comme à la pointe du Raz ! Les parkings sont devenus payants après un vote de l’asso en juin 2019. Depuis le 27 juillet 2019, il vous faut payer deux euros pour garer votre voiture. En décembre dernier, le Conseil d'administration toujours présidé par Philippe Abjean a finalement voté pour l'installation de barrières automatiques, ce qui est chose faite depuis le 16 juin.

L’ex-président s’inquiète aussi du glissement sémantique vers une Vallée des Géants. « Le glissement vers une Vallée des Géants s’inscrirait de plus en plus dans les brochures au motif que cette dénomination heurterait moins certaines oreilles laïques», déplore l’auteur.

Trop de contradictions ?

Il aurait certainement été préférable de conserver le dépouillement et la gratuité des lieux quitte à installer des troncs pour collecter les dons au lieu de portails payants. Il serait peut-être préférable, admet le directeur Sébastien Minguy, d’aiguiller une partie des dons pour la création des statues vers le fonctionnement du site, puisque légalement 15% des dons peuvent être prélevés à cet usage.

La construction du restaurant, une énorme bâtisse qui a coûté la bagatelle de 1,2 million d’euros, financée à 50% par les collectivités territoriales, a pu être une erreur, une trop grande contradiction avec la simplicité, la modestie, voire l’ascétisme des personnages qui dominent cette colline, et dont le message, rappelons-le, est tout à fait actuel ( voir l'article ). La librairie était-elle nécessaire à l’époque d’internet et de wikipedia ? Selon le directeur, elle, ne serait pas en déficit et il faut reconnaître qu’elle permet a de nombreux touristes de découvrir l’histoire de Bretagne en plus de pouvoir se munir d’un des guides de la vallée plutôt bien faits. Selon le directeur, ce qui poserait problème, ce serait des coûts non prévus comme la construction et la maintenance de toilettes publiques obligatoires pour un montant de 30 000 euros par an.

Ce livre est à la fois la biographie d’un visionnaire et un témoignage sur les enjeux et les difficultés de la construction du sacré.

Voir aussi :
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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
Voir tous les articles de de Philippe Argouarch
Vos 7 commentaires
Marie Anne Page Le Jeudi 25 juin 2020 17:47
J’y étais mardi dernier. Ce projet est formidable, franchement et ces statues impressionnantes.
En revanche, de quoi rester perplexe devant certains… « anachronismes » ?
Comme les environs immédiats du bâtiment qui sont un vrai chantier : monticule de gravats, ferrailles, baraques Algeco et j’en passe. Sans parler du talus carrément dangereux pour accéder aux statues cause parking en chantier…Pour ce qui est de l’esthétique, c’est raté. Ne savais pas que le bâtiment avait représenté un tel investissement. Pourquoi pas ? mais alors, on soigne l’ensemble de ce que va voir le public !!!
PS : Coté parking, attention. Se munir de pièces pour le payer car sinon, quelques bouchons à prévoir si la boutique est fermée.
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Alain E. VALLÉE Le Jeudi 25 juin 2020 20:18
Parking payant Oui si nécéssaire.
NON, NON et NON au changement de nom. La Vallée des Saints doit rester.
Elle est ainsi mondialement connue.
Même s'il faut se passer d'une subvention après chantage de la laïcocratie !
AV
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Jacques Le Vendredi 26 juin 2020 16:12
Ce n'est pas la première fois que j'entends le terme ''Vallée des Géants'' à la place de ''Vallée des Saints''.
Je me souviens d'une personne dont un ami travaillait sur le site et qui me soutenait que la ''Vallée des Saints'' n'était pas une œuvre religieuse mais qui me bassinait avec le coté ''ouvert sur le monde'' du projet...
Il existe une capacité actuelle, en occident, plus particulièrement en République et en Bretagne de faire du révisionnisme de notre histoire selon des critères actuels probablement éphémères.
Comme l'évoque clairement le début de l'article, les 2 grands mythes fondateurs de la Bretagne continentale sont l'élément militaire et l'élément religieux qui ont forgé ce pays, l'un des plus anciens d'Europe.
Or la composante militaire n'est plus accepté, notamment chez les Européens (soumis aux Américains) ni chez les Bretons (soumis aux Français)... Avoir disposé d'une puissance militaire, apporte l'information qu'un jour les Bretons (le peuple) disposaient de la capacité de la violence légitime pour se protéger... (et à l'époque, il s'agissait de se protéger des invasions germaniques : franc / saxon).
Avoir été fondé par un avènement religieux n'est plus accepté, au nom d'une laïcité (qui est surtout une démarche iconoclaste de la culture occidentale) et d'une fascination pour la culture exogène (là aussi une démarche iconoclaste).
Ces 2 éléments, rappelant que la Bretagne continentale est par son histoire au cœur de l'histoire occidentale et peut-être même l'un des éléments les plus fondateurs de cette civilisation (ce n'est pas sans raison, si légende du roi Arthur, légende bretonne, est la plus connue des légendes occidentales au-travers du monde... une légende à la fois militaire et religieuse, comme la Bretagne continentale).
L'occident est malade, la Bretagne par sa dimension extraordinairement occidentale est au cœur de cette maladie (je ne pense pas que ce soit la Bretagne qui contamine l'occident, mais j'imagine volontiers qu'une partie de la guérison parte d'ici...). Cela peut sembler présomptueux, mais je ne crois pas... La Bretagne a joué un rôle essentiel dans l'identité occidentale... reste à avoir le courage de s'en rappeler!
Si l'aspect militaire est globalement absent de la ''Vallée des Saints'' l'aspect religieux est lui totalement au cœur... Cette évocation nous rappelles l'importance du christianisme dans l'identité bretonne et occidentale... mais il rappelle aussi que ce n'est pas un christianisme ''romain'' (rome) mais un christianisme celtique fortement imprégné de l'ancienne religion... tellement imprégnée de l'ancienne religion que celle-ci a continué à vivre au sein de cette chrétienté jusqu'à nos jours... Faisant un pont, un lien, entre la civilisation européenne d'avant l'empire romain et celle d'après l'empire romain.
On ne parle plus de 19 siècle d'histoire occidentale mais de plus de 30 siècles d'histoire occidentale, se perdant dans la nuit des temps et dont la connaissance reste un chantier à défricher...
La Vallée des Saints est donc une opposition brutale et directe à l’amnésie de l'occident vers laquelle l’oligarchie financière occidentale et apatride voudrait nous conduire, avec les soutiens des mouvements dit ''progressistes''... un progrès que l'on constate comme de plus en plus obscurantiste.
La Vallée des Saints a donc au moins 3 adversaires (le mot exact serait : ennemi) : le milieu oligarchique financier, l'église romaine et la masse populaire des gens de progrès dont l'altruisme est détourné/piloté par l'oligarchie.
Vouloir faire grandir la ''Vallée des Saints'' c'est d'augmenter sa dépendance aux aides de l'état (donc de l'oligarchie financière), c'est troquer cette aide contre le ''politiquement correcte'' (la laïcité), c'est aussi faire appel à trop de bénévoles (dont beaucoup sont sincères mais imprégné de progressisme...)
En clair, c'est donner les clés du projet à des gens qui vont le dénaturer pour lui faire perdre sa substance avec si possible un gain financier au passage...
Un tel projet ne peut durer dans le temps que s'il existe une autonomie financière face aux institutions étatiques et une autonomie face aux bénévoles progressistes...
Un minimum d'activité commerciale est toutefois nécessaire, pour financer les coûts mais il s'agit là de réaliser une activité maîtrisée et responsable (c'est presque qu'un message écolo, et c'est logique si on y pense...).
Oui, il me semble qu'il serait sain de chasser les marchants du temple (oligarchie financière)...
La Vallée des Saints n'est pas du domaine mercantile mais du domaine du sacré...
L'histoire d'une nation, d'une religion et même d'une civilisation (l'occident) est du domaine du sacré, car elle représente la vie des milliers/millions de personnes qui ont vécu avant nous et qui ont forgé ce que nous sommes...
Il va falloir à l'occident et aux Bretons le courage de retrouver le sens du respect, du respect de soit... du respect des anciens (ceux qui ont vécu avant nous, un concept si cher autrefois au cœur des Bretons).
Parler du respect des ''autres'' quand on n'a plus le respect de soit, c'est une fumisterie...
Il est temps que l'occident torde le cou à cette fumisterie, et le cœur de l'occident c'est en très grande partie en Bretagne qu'il bat!
Ne trahissons pas qui nous sommes pour de l'argent!
Mais nous respecter nous rendra prospère de manière durable et responsable!
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Naon-e-dad Le Samedi 27 juin 2020 09:38
« un christianisme celtique fortement imprégné de l'ancienne religion».
Je ne sais pas trop ce que cette phrase veut dire. @Jacques semble insinuer qu’il y aurait curieusement une sorte de syncrétisme, par exemple avec des aspects religieux antérieurs  (les druides)?
Il faut ici redire que le fond de la foi chrétienne n’a rien d’ «identitaire ». Si l’on veut être audacieux et juste, on ira jusqu’à dire que la foi chrétienne permet de s’affranchir du « religieux ». Le sociologue, par exemple, peut seulement en observer les manifestations extérieures organisées – la liturgie -, vues comme pittoresques, sans en saisir la signification ni surtout la portée.
Cela dit, et ce n’est pas contradictoire, il est inévitable que des colorations spirituelles ou culturelles puissent être constatées – il n’est que de prendre part à un office orthodoxe (rite oriental), pour s’en convaincre. Doit-on pour autant parler de dimension « identitaire » ? Superficiellement seulement, mais pas au fond.
Le Christianisme celtique se distingue d’abord par son organisation. En consultant la collection de la revue bilingue éditée par le Minihi Levenez, le lecteur intéressé trouvera des articles sur ce sujet. En furetant il m’est arrivé de dénicher en occasion un petit ouvrage sérieux sur ce thème, preuve qu’il y a ou qu’il y a eu dans l’Eglise des personnalités de remarquable culture.
Il est évident et presque inévitable que le Christianisme qui peine à imprégner les cultures locales, même après plusieurs siècles, ait été parfois mêlé de superstitions voire de paganisme résiduel dans les populations (ne pratiquait-on pas des sacrifices humains infanticides dans les Andes sud-américaines jusqu’au début du XX° siècle, parait-il?). Sans aller jusqu’à cette extrêmité, en Bretagne on trouvera forcément ponctuellement des traces superstitieuses. Raison de plus pour admirer nos saints authentiques. Hon sent kozh !
Pour finir, ne pas oublier que l’adjectif « kozh » en breton signifie « vieux » tout autant que « ancien », deux notions distinctes pourtant.
Aussi, ne pas imaginer nos saints fondateurs avec le dos voûté et une grande barbe blanche – façon Moïse, au tard de sa vie -, ils furent plus prosaïquement des saints anciens, les premiers à débarquer avec la foi au coeur. Car les chemins de la mer prévalent en rapidité et aisance de communication sur les chemins de la terre. Et c’est pourquoi la Bretagne insulaire d’abord, puis la Bretagne armoricaine par rebond, furent très tôt christianisées en Europe hors Méditerranée. En Bretagne, il y aurait pu même y avoir des contacts locaux dès le premier siècle. Ce qui paraît logique.
Quant au livre de Philippe Abjean, j’observe qu’il est publié chez Salvator – un éditeur très spécialisé – et qu’il s’intitule « Un rêve de pierre » (référence évangélique?), et non pas « Un rêve de granit ». Comme une réponse ou un avertissement aux dérives possibles, sinon en cours, d’un site qui voudrait se cantonner à une simple dimension « touristique » ? Or, nos « Saints » anciens sont autre chose que des gentils organisateurs de séjours au vert. Un jour les pierres crieront !
Et voilà pourquoi la « Vallée des Saints » n’a rien à voir, mais strictement rien à voir, avec une quelconque île païenne et lointaine, si insolite puisse-t-être cette dernière par ailleurs.
Setu perak n’en deus « Traonienn ar Sent » liamm ebet gant un enezenn bagan lec’hiet er morioù pell.
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Ar Gedour Le Samedi 27 juin 2020 13:19
@Naon-e-dad
Je suis totalement en phase avec ce que vous dites.
Concernant le livre de Philippe Abjean, constatant les dérives par rapport à l'intuition initiale (à commencer par le glissement dans sa qualification de Vallée des Géants et d'Ile de Pâques bretonne, nous sommes plusieurs à lui avoir demandé depuis plusieurs mois de livrer un opus expliquant la genèse du projet et les liens entre les différentes initiatives et intuitions. C'est désormais chose faite, et son interview en avant-première sur Ar Gedour ( https://www.argedour.bzh/philippe-abjean-publie-un-reve-de-pierre-du-tro-breiz-a-la-vallee-des-saints/ ) puis dans le magazine Bretons de ce mois-ci, pour ne citer que ceux-là, remet l'église au milieu du village. Il est certain qu'il n'y va pas avec le dos de la cuiller, mais ca à le mérite d'être clair. Car la lecture de ces initiatives (Vallée des Saints, Tro Breiz, Oeuvre de St Joseph, Cité de la paix...) ne peut se faire que dans une lecture globale et qui se résume dans les mots de Calloc'h "Apprends-moi, ô mon Dieu, les mots qui réveillent un peuple, et j'irai - messager d'espérance - les annoncer à ma Bretagne endormie".
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Alain E. VALLÉE Le Mercredi 1 juillet 2020 13:52
Puis-je recommander de relire Ernest RENAN :
« Dès le IIIe siècle, (…) les Celtes sont déjà de parfaits chrétiens. Pour les Germains, le christianisme ne fut longtemps qu’une institution romaine imposée du dehors ; (…) Chez les Celtes, au contraire, le christianisme ne vient pas de Rome ; ils ont leur clergé indigène, leurs usages propres, ils tiennent leur foi, de première main. On ne peut douter, en effet, que dès les temps apostoliques, le christianisme n’ait été prêché en Bretagne, (…). Partout ailleurs, le christianisme rencontra comme première assise la civilisation grecque ou romaine.» (in : "L’âme bretonne", PRNG, Éditions, 2011 - 2014, p. 73, Extrait de : "Essais de morale et de critique" )
D'où l'on déduit que de nombreux et authentiques saints bretons ne sont pas reconnus par le Vatican. Et comme ils ne sont évidemment pas plus admis dans le système légal officiel, ils n'ont pour plaire que leur indéniable légitimité auprès des Bretons.
AV
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Ar Gedour Le Samedi 4 juillet 2020 20:41
@Alain Vallée,
Merci de citer Renan. Je me permets simplement de corriger votre propos : si nombreux sont ceux qui déduisent que les saints bretons ne sont pas reconnus par le Vatican, ils ont cependant tort sur cette question. Nous avons publier un article sur ce sujet ( https://www.argedour.bzh/beaucoup-de-saints-bretons-ne-sont-pas-reconnus-par-rome-vrai-ou-faux/ ) mais pour résumer, la procédure de canonisation - toujours en vigueur de nos jours - est celle mise en place par Rome uniquement à partir du XIIème siècle (et qui a subi au fil du temps quelques liftings adaptés aux époques). Alors qu’auparavant, la réputation de sainteté faisait le saint et rejoignait ainsi ce qu’on appelle la vox populi, et ce à travers le monde connu (et pas qu’en Bretagne), le Saint-Siège se réservait désormais le droit exclusif de canoniser. Rome n’a jamais re-canonisé les saints des premiers siècles, que ce soit en Bretagne ou ailleurs. Il n’y en avait pas besoin, le tout s’inscrivant dans ce qu’on pourrait appeler en quelque sorte un développement organique. Mais, histoire de bien cadrer les choses, par un décret de 1215 (IVème concile de Latran), tous les saints vénérés depuis un siècle au moins ont été acceptés et reconnus comme tels. En bref, un package général a régularisé la situation urbi et orbi, Rome ayant ainsi pris acte des saints qui étaient déjà vénérés… et dont le culte existait encore.
Il faut donc tordre le cou à cette idée que les saints ne sont pas reconnus.
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