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Une expérience souverainiste unique en Bretagne : " La République de Saint-Malo"
Les Bretons ont tout tenté dans leur désir d'indépendance et de souveraineté, même une République à Saint-Malo qui a duré 4 ans du 11 mars 1590 jusqu'en 1594. En cette date anniversaire nous rendons hommage à cette initiative unique et malheureusement sans lendemain en Bretagne.
Chronique de L'Alliance Souverainiste Bretonne

Publié le 7/03/22 20:41 -- mis à jour le 08/03/22 16:50

La République de Saint-Malo a duré 4 ans du 11 mars 1590 jusqu'en 1594. L'indépendance a été proclamée vis-à-vis de la France dans une époque de grande prospérité liée aux grandes découvertes. C'est probablement à cette République que l'on doit les devises officieuses de la ville, « Ni Français, ni Breton, Malouin suis. », et la plus répandue « Malouin d'abord, Breton ensuite... et Français s'il en reste qu’un ». Quand Henri de Navarre, chef du parti protestant, devient l’héritier légitime du trône de France en 1562 , la Bretagne passe progressivement dans le camp de la Ligue catholique.

Les habitants de Saint-Malo s’organisent alors pour préserver leurs intérêts économiques. Ville fortifiée et épiscopale, siège d’un grand évêché s’étendant jusqu’à Ploërmel, elle est aussi une ville commerçante tournée vers la mer et les marchands sont des personnes riches et influentes.

Les Malouins élisent en 1585 douze conservateurs, futur Conseil de la République de Saint-Malo. Quand Henri III est assassiné, en 1589, les Malouins refusent de reconnaître le nouveau roi, Henri IV, et se retrouvent en conflit avec le gouverneur royaliste de Saint-Malo. Henri IV se rapprochant de Saint-Malo, le gouverneur de Fontaines annonce son intention de lui ouvrir les portes de la ville. La rupture est complète. Les principaux notables de la ville montent donc un plan pour s’emparer du château, où réside le gouverneur. Le château protège la cité malouine mais sert aussi à la contrôler. L’assaut, au cours duquel périt le gouverneur, est effectué dans la nuit du 11 au 12 mars 1590. C’est le début de la république de Saint-Malo.

Le Conseil prend dès lors toutes les dispositions pour s’autogouverner, jusqu’à l’accession d’un roi catholique. Il élit le procureur-syndic Jean Picot de la Gicquelay « chef et président du Conseil au gouvernement de la ville et château » de Saint-Malo. Progressivement, Saint-Malo met en place tous les traits de la souveraineté, le Conseil s’accaparant des domaines que l’on dirait aujourd’hui « régaliens » comme la défense, les relations extérieures, les finances, la police, la justice ou encore le commerce.

Dès fin mars 1590, s’élabore même une véritable politique extérieure autonome. Le négoce avec les partisans du roi est interdit. Les cités de Morlaix, Lannion, Saint-Brieuc et Roscoff reçoivent au contraire la visite d’un député malouin, chargé de les informer du changement politique et de les assurer de la poursuite des relations habituelles. Au niveau international par contre, Saint-Malo veille à préserver de bonnes relations commerciales avec l’Angleterre, la république des Provinces-Unies et la Ligue hanséatique, les prévenant du changement politique à Saint-Malo, mais les rassurant sur leur volonté de maintenir la liberté de commerce malgré les divergences religieuses.

Si Saint-Malo ne reconnaît pas Henri IV, elle ne reconnaît pas non plus l’autorité du duc de Mercœur, et ne lui ouvrira jamais les portes de la cité. Les Malouins, ne voulant dépendre de personne, délèguent un député auprès du duc de Mayenne, chef de la Ligue en France, de même qu’auprès du roi d’Espagne faisant « jouer la concurrence ».

Si Saint-Malo privilégie la diplomatie, elle constitue également une puissante force militaire, possédant une des meilleures flottes de l’époque. Saint-Malo parvient ainsi à préserver les intérêts commerciaux des puissantes familles commerçantes qui dominent le Conseil. Tout au long de la période, le commerce est florissant, ce qui contraste avec la crise que traverse le reste de la Bretagne. Saint-Malo devient un véritable entrepôt où viennent s’entasser munitions, armes, toiles, quincaillerie et même oranges ! Alors qu’ailleurs en Bretagne on peine à se ravitailler et la famine menace, les denrées sont à profusion dans la République.

Le 25 juillet 1593, Henri IV se convertit au catholicisme. S’étant juré de s’autogouverner pendant l’interrègne en attendant que « Dieu ait donné un roi catholique à la France », le Conseil autonome perd sa raison d'exister. Le 1er avril 1594, l’assemblée de ville nomme une délégation pour discuter avec le roi, dans la perspective de rentrer dans le giron français. Après des mois de négociations, le roi accède au final à la plupart des demandes malouines, ce qui aboutit à l’édit de Réduction, qu’il signe le 4 octobre 1594. C’est la fin de la république de Saint-Malo.

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Vos 5 commentaires
  Mickaël COHUET
  le Mardi 8 mars 2022 10:47
Une autre expérience peu connue :
« De 1815 à 1825, Houatais et Hœdicais élaborèrent une charte, dite charte d'Hoëdic, qui tint lieu de constitution à ces petites « républiques » insulaires. Rédigée en 1822, elle impose l'existence d'un conseil des sages (des anciens) formé de douze membres présidé par le recteur, qui était chargé de son application. Cette charte en 32 articles dit dans son préambule : « La charte protège le faible contre le fort », elle « fait tout concourir au bien général, parce qu'il n'y a rien de plus funeste et de plus odieux que la recherche exclusive d'un intérêt privé ». Ce système a fonctionné jusqu'en 1892. (…)
En 1883, le préfet du Morbihan réforma le Conseil des îles dont faisait partie Hoëdic pour en républicaniser la composition.
En 1891, l’île fut détachée de la commune du Palais (en Belle-Île) et érigée elle-même en commune. L’année suivante le « Règlement » fut abandonné et le recteur perdait sa fonction administrative et temporelle avec l’élection du premier maire. »
Source : (voir le site)
(1) 
  Pierre robes
  le Mardi 8 mars 2022 15:04
A noter qu en 1590 le juriste et historien breton Bertrand d Argenté envoi secrètement des documents, preuves, au roi d Espagne FELIPE 2, comme quoi il n y a jamais eu d union à la France en 1532, que juridiquement ce faut traité n'a aucune valeur et aucun effet au plan du droit international, (islam nullement esse) dit il. Donc que dès lors l'infante Isabel fille du roi d Espagne et descendante d'Anne de Bretagne est juridiquement Duchesse de Bretagne. Aussi Felipe 2 contact le Duc de Mercoeur et ensembles ils font front contre le roi de France. Ils installent un Parlement à Nantes avec l'autre juriste Breton Georges d'Arradon. La femme de Mercoeur reconnaît dans une lettre Isabel comme vrai Duchesse du pays Breton. La Bretagne est coupée en 2 avec 2 Parlements. Mercoueur trahir le roi d'Espagne contre de l argent.
Voir archives de Simancas dévoilées en 1900, car dérobées par Napoléon.
(3) 
  Philippe Perchirin
  le Jeudi 10 mars 2022 19:55
Les institutions politiques bretonnes étaient pré-démocratiques... Autonomie des paroisses et des villes, séparation des pouvoirs... Rien de tout cela n’existe plus en France depuis 1789 !
Certes, seules les élites aristocratiques et roturières votaient, mais ce système est celui qui régnait alors en Angleterre, en Suisse, dans les Pays-Bas et dans les pays scandinaves… c’est-à-dire les pays qui n’ont pas fait de (contre)-révolution à la française mais ont progressivement étendu les droits civiques et politiques à tous en devenant de vraies démocraties… La France ne l’a fait que de manière fictive depuis…
Et la Bretagne était richissime au XVIème siècle…
Mon roman s’étend largement sur tous ces sujets…
Là où la France passe, liberté, prospérité et identité trépasse…
Ah mais oui, la France n’est pas un « État ethnique ou identitaire », j’oubliais !
Il est né de la « volonté de vivre ensemble » (?????) :
- Occitanie : Croisade des Albigeois (1209 – 1229), 20 ans d’atroces massacres…
- Bretagne : « Guerre Folle » de 1487 – 91, faux Traité d’Union de 1532…
- Alsace : Invasion par Turenne en 1635, massacre de la population de Turckheim, siège et bombardement de Strasbourg en 1683…
- Corse : invasion de l’île (État souverain de la République Corse) en 1769
France n’est pas un « État ethnique ou identitaire », tout simplement parce que c’est un empire colonialiste, suprémaciste, esclavagiste et génocidaire…
Alors il paraît que l’ogre russe a envahi l’Ukraine pour la conquérir ? Oh merde, c’est vrai que la France est en excellente position pour donner des leçons de respect de valeurs qu’elle n’a jamais appliquées chez elle…
(0) 
  Philippe Perchirin
  le Jeudi 10 mars 2022 19:56
Petite note de bas de page (245) de mon roman : [...] Dédition (au royaume de France) signée par Saint-Malo le 20 novembre 1596 dans des conditions très avantageuses : maintien de la religion catholique, dispense de toute garnison, amnistie complète, entière liberté du commerce avec tous les États, paradis fiscal… [...]
La République de Saint-Malo a donc existé jusque fin 1596 et non 1594.
Cela est dû au fait que le maréchal d'Aumont a évité toute attaque de Saint-Malo (impossible par la terre) lors de sa première offensive du printemps 1594 (reconquête du Penthièvre, du Trégor, du Léon et de la Cornouailles) et a trouvé la mort au printemps 1595 tout au début de sa seconde offensive.
Du coup, la situation militaire s’est trouvée figée à partir de 1595 avec :
- Penthièvre, Trégor, Léon et Cornouailles au Roi (sauf l’Île Tristan face à Douarnenez tenue par le bandit ligueur Guy-Eder de Beaumanoir de La Haye, sieur de La Fontenelle)
- Bro-Erec tenu par le corps expéditionnaire espagnol commandé par Don Juan del Águila
- Pays nantais tenu par Mercœur
- et Saint-Malo indépendante
Le Roi, après la prise de Paris et son couronnement, a décidé de régler la situation bretonne par la négociation :
- Départ des Espagnols prévu par la Paix de Vervins, contre une rançon financée à hauteur de 200 000 écus sur les 800 000 écus octroyés à Henri IV par les États de Bretagne le 9 septembre 1598
- Paix des Dames signée entre Gabrielle d’Estrées, maîtresse d’Henri IV et Marie de Luxembourg, duchesse de Penthièvre et d’Étampes et vicomtesse de Martigues, la duchesse de Mercœur épouse de Philippe-Emmanuel de Lorraine duc de Mercœur (maison de Vaudémont issue de la maison souveraine de Lorraine) - gouverneur de Bretagne depuis 1582 ; cette paix prévoit les fiançailles de César de Vendôme (futur gouverneur de Bretagne), fils bâtard de Gabrielle d’Estrées et d’Henri IV avec Mademoiselle Françoise de Mercœur, fille de la duchesse et du duc de Mercœur
- Dédition de Saint-Malo signée le 20 novembre 1596 entre la République de Saint-Malo et le Roi
- Nomination de la Fontenelle gouverneur de l'Île Tristan avec amnistie de tous ses crimes
NB : il y a aussi eu une République de Morlaix jusqu’au printemps 1594, mais plus ou moins bidon…
Ces procédures ont coûté en tout 3 millions de livres bretonnes à la province, financés par emprunt et remboursés sur 10 ans...
(2) 
  Per Manac'h
  le Jeudi 10 mars 2022 20:10
Merci monsieur Pierre robes de mentionner ce faux traité d'union de la Bretagne à la France, traité qui n'a aucun effet en droit international...
A wir galon
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