-->
Le samedi 26 octobre 2013, pour la troisième fois plusieurs centaines de manifestants (agriculteurs, artisans, ouvriers, professionnels du transport) faisaient face, certains en famille, aux forces de l'ordre.
Celles-ci envoyèrent des grenades explosives sur un groupe de personnes inactives et ce qui pouvait arriver, arriva : le jeune Mikael, soucieux de protéger une famille, ramassa une grenade pour l'envoyer plus loin. Mal lui en prit, car celle-ci explosa lui arrachant la main droite. Il dut être transporté en urgence à l'hôpital et être amputé à 5 cm au-dessus du poignet. Lors de sa convalescence, il laissa son père, René, expliquer sa situation : « Mon fils a ramassé cette grenade qui n'explosait pas, il voulait protéger une famille dans son dos et ses copains qui l'entouraient. Et malheureusement, elle lui a explosé dans les mains et mon fils n'a plus sa main. L'emploi de fumigènes aurait largement suffi, surtout que eux n'avaient que des ½ufs dans les mains ». Il ajoutait : qu'on (avait) tiré (sur les manifestants) comme des lapins mais avec des calibres pour éléphants'. Mon fils n'avait pourtant que des ½ufs dans la main. »
Mikael s'est donc retrouvé au chômage, alors qu'il était venu pour tenter de l'éviter à ses camarades de Lampaul-Guimiliau, où est situé l'abattoir Gad qui allait fermer quelques mois plus tard, malgré des manifestations imposantes de Bonnets rouges qui avaient inauguré leur couvre-chef, qui fera la une des médias, justement, ce samedi-là à Pont-de-Buis.
Pour retrouver une qualité de vie minimale et, donc, un travail, il fallait collecter une somme de 60 000 euros et faire appel à la solidarité légendaire des Bretons et de bien d'autres personnes dans le monde. Lors de la manifestation de carhaix, le 30 novembre, une première somme importante a pu être récoltée en vendant aux enchères des morceaux du portique écotaxe de Guiclan qui avait été, curieusement, abandonné par son propriétaire.
Ce lundi 1er septembre, la nouvelle main de Mikael a été mise en place et une nouvelle vie s'ouvre devant lui. Il a déclaré n'avoir rien à regretter d'un geste qui était fait pour protéger.
Christian Rogel