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- Reportage -
les algues brunes d'estran menacées

La petite algue brune ou fucus vésiculeux qui couvrait tous les rochers de l'estran du littoral breton serait en voie de disparition. Le phénomène a été découvert grâce aux comparaisons

Philippe Argouarch pour ABP le 13/04/12 11:16
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Le fucus vesiculosus. Les vesicules sont des flotteurs remplis de carbone.

La petite algue brune ou fucus vésiculeux qui couvrait tous les rochers de l'estran du littoral breton serait en voie de disparition. Le phénomène a été découvert grâce aux comparaisons d'images satellites, les algues brunes du littoral ou fucales émettant une lumière infrarouge. La faune est aussi affectée, il s'agit de coquillages comme les moules de rochers et les berniques, des crabes verts et autres espèces liées à cet environnement.


La régression du varech aurait commencé au début des années 1980. Elle aurait atteint plus de 50 %, 70 % par endroits, entre Quiberon et Le Croisic. Dans certains secteurs les algues vertes les ont remplacées, dans d'autres il ne reste plus que le sable et la roche nue. Les fucales en voie de disparition comprennent le Fucus serratus, le Fucus vesiculosus, l'Ascophyllum nodosum et le Fucus spiralis. À noter que si la régression est dramatique en Bretagne sud jusqu'à Pornic, elle serait plus faible en Bretagne nord et en particulier dans la zone des abers.

Selon le programme REBENT et le laboratoire Écologie benthique d'Ifremer-Brest qui coordonne un inventaire régional d'habitats remarquables, les cartographies mises à jour de secteurs de références, et le suivi annuel de la biodiversité fait sur une sélection d'habitats ainsi que la cartographie des secteurs de référence, il y a un recul " préoccupant " des populations de fucales. Le Centre d'étude et de valorisation des algues a aussi confirmé une régression préoccupante de la couverture alguale de fucales de l'estran, pas uniquement en Bretagne mais sur toute la côte Atlantique nord. (Le Roux, 2008 ; Madic et Madic, 2005 ; Perrot et al., 2008)

Le déclin des fucales a aussi été décrit sur le littoral de la mer Baltique où la perte de biomass des algues brunes atteindrait 90 % (Kairesalo et Leskinen, 1986 ; Vogt et Schramm, 1991 ; Torn et al., 2006), au nord de l'Irlande (Davies et al., 2007). Une mortalité inhabituelle a également été observée sur la côte canadienne atlantique (MacKenzie, 2002).

Les causes sont toujours débattues par les scientifiques et comprendraient à la fois le réchauffement climatique, la pollution et les épandages des engrais utilisés dans l'agriculture.

À noter aussi que le ramassage des algues en Bretagne par les goémoniers ne concerne que 10.000 tonnes par an et porte sur une autre espèce : les laminaires, des algues brunes aussi, qui font jusqu'à 1,30 mètres de long, et en eau plus profonde. On en voit lors des grandes marées et elles s'échouent après les tempêtes. Le goémon est fauché par les goémoniers, il est interdit de l'arracher, justement pour qu'il puisse repousser. Il est récolté sur la côte nord dans le Léon, une zone moins affectée par la régression des fucales.

ABP se permet de douter de la thèse du réchauffement climatique pour la simple raison que l'archipel des Glénan qui se trouve en dehors de toute activité humaine, n'est pas affecté par cette régression des fucus.

Philippe Argouarch

Document PDF rebent_raf_013_fucales_ed2009_v1r0.pdf Suivi de la couverture en macroalgues intertidales de substrats durs dans le cadre du projet REBENT/DCE. Source : REBENT
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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 3 commentaires
  bernard guyader
  le Samedi 14 avril 2012 08:28
L'activité humaine en Bretagne et surtout tout ce qui touche de près ou de loin à l'agriculture productiviste est rarement abordé de manière objective .... c' est devenu tabou .....pas touche .... pas parlé ; le type d'agriculture ( et ses avatars dans l'agro-alimentaire) qui règne sur notre territoire est un choix qui ne correspond pas aux dimensions étroites du pays ....Un gigantisme pour un mouchoir de poche ( nous sommes un petit pays !!! 37 000 klm2 à la louche ) .....Voilà les conséquences de notre annexion par ce voisin arrogant et hégémonique .... Les algues vertes .....les pesticides ....l'eau polluées ..... et bientôt le béton des pistes d'un inutile aéroport ..... peu de débat ..... beaucoup d'insultes ..... le silence des adhérents de la f(n)sea ....les conséquences seront lourdes à court terme .....Que les modifications climatiques enregistrées depuis plusieurs années soient un réchauffement ou un bouleversement .... l'absence de débat écologique en Bretagne ou hors de Bretagne ( france) confirme que l'essentiel est polémique . Je conseille la lecture de jonathan Safran Foer ( faut il manger les animaux ) Faute de pouvoir débattre ... il nous reste l'abstinence alimentaire et le boycotte ...... et en Bretagne il nous restera les mythes....Bernard Guyader
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  Raymond COANTIC
  le Samedi 14 avril 2012 15:05
Depuis une vingtaine d'années, j'observe la régression très importante du varech sur les rochers de la côte atlantique de Sarzeau, Bretagne Sud. J'ai constaté en même temps l'invasion des roches nues par les huîtres creuses sauvages , venant remplacer les varechs. En même temps les algues dites sargasses sont devenues invasives au grand dam, parfois, des navigateurs, pêcheurs et planchistes. Les crevettes roses dites bouquets, qui abondaient ont quasiment disparu. Ne faudrait il pas imputer ces dérèglements de la nature, au déversement des boues toxiques des ports de plaisance dans la baie de Quiberon ? Les métaux lourds des résidus de peintures antifooling sont certainement l'une des causes, en même temps que le bouchon vaseux du barrage d'Arzal ! Le développement forcené de la plaisance est devenu source de nuisance. A l'école de croisière des Glénans, on nous apprenait à gratter nos coques ; on nous interdisait les peintures
antifooling. Seule l'huile de coude nous était permise. C'est ça naviguer.
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  bernard guyader
  le Dimanche 15 avril 2012 09:26
...C'est vrai ....l'antifooling ....très bonne remarque ( je suis plaisancier != .....Mise à part l'huile de coude ....Y a til une autre alternative ? .Bernard Guyader
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