Publié le 12/03/20 0:22 -- mis à jour le 11/06/20 19:55

Le prix Nobel de littérature d'origine bretonne, et qui assume cet héritage breton comme d'ailleurs les autres "facettes" de son identité, a tenu hier soir des mots puissants et justes à propos de cette Bretagne qu'il aime tant et où il passe de plus en plus de temps dans sa maison du Cap Sizun.
Invité dans une émission spéciale de la Grande Librairie qui lui était consacrée à l'occasion de la sortie de son nouveau livre Chanson bretonne, qui sort demain, Jean-Marie Le Clézio a expliqué son enracinement ou selon ses mots "son rhizome" dans cette terre de légendes où l'on côtoie des survivances du néolithique. C'est ici qu'est le Penn ar bed, le début du monde, comme le prouve ce vieux massif Hercynien sorti de l'eau il y a 400 millions d'années et qui nous relie aux Appalaches en Amérique, et à l'Oural en Russie.
Si je devais choisir un pays auquel je serais attaché par quelque chose qui ressemblerait à une racine, mais pas vraiment une racine mais une sorte de rhizome, ou quelque chose de souterrain comme les ronces qui courent et qui se resèment le long d'une terre, ça serait ce pays-là__JM. Le Clézio.
Le Clézio a parlé de Sainte-Marine au Pays Bigouden où il passait de merveilleuses vacances d'été avec son frère et où il a eu la chance de connaître une Bretagne des années 50 où l'on entendait parler breton partout et où la nature, la terre, comme la mer, berçait le quotidien.
C'est une grande tragédie, c'est un drame important lorsqu'une langue disparaît, je regrette beaucoup la disparition de la langue bretonne, telle qu'elle a été organisée sciemment par l'Education nationale [...] Cette langue, qui, lorsque j'avais une dizaine d'années, était parlée par tout le monde, on l'entendait partout. C'est une musique la langue bretonne. C'est une musique très différente de la musique de la langue française. Cette sonorité du breton fait défaut maintenant. Quand vous allez en Bretagne, vous n'entendez plus cette langue. C'est comme si une tempête avait soufflé sur la Bretagne et éparpillé les mots.__JM Le Clézio
Le Clézio est un immense écrivain qui a exploré lui-même les richesses des sous-cultures de l' Afrique au Mexique. Il a compris depuis longtemps que la culture bretonne en faisait partie. A ce sujet on ne peut que citer l'Académie suédoise lors de l'attribution de son Prix Nobel : "Un écrivain de la rupture, de l'aventure poétique et de l'extase sensuelle, l'explorateur d'une humanité au-delà et en-dessous de la civilisation régnante".
- Jean-Marie Le Clézio souhaiterait une Bretagne autonome par Philippe Argouarch le 11/06/2020
- Jean-Marie-Gustave Le Clézio's lecture in Stockholm par Philippe Argouarch le 08/12/2008
- Le Nobel de littérature à un Breton universaliste : Jean-Marie Gustave Le Clézio par UDB le 10/10/2008

Il pourrait constituer avec d'autres écrivains et intellectuels "bretons" assez timorés, une sorte de club des vieilles canailles en itinérant et ...militant!
S'exprimer au plus près du biotope où meurent les facettes et les rhizomes! Ou plutôt finissent de mourir!
L'homme, l'intellectuel qui nous manque c'est une évidence? C'est certain.
Pour ma part , j'ajouterai volontiers le vent est en train de semer les mots du breton pour qu'ils germent sur de plus vastes territoires tels des akènes qui sont des fruits qui donneront des arbres .
La nature de cette culture bretonne : c'est d'attendre son printemps qui viendra . Le vide n'est pas , cette semence de mots bretons trouvera son terreau pour renaitre . J'en suis certain ! Certes , le vent est parfois fou , mais l'espoir aussi ! Un avel mat zo ganeomp !
Malheureusement, je croix que c'est l'un des derniers "intellectuels" d'origine bretonne à s'émouvoir de ses racines. Un jeune écrivain de 2020 n'a plus la possibilité de s'en apercevoir tant les preuves de la Bretagne ont disparues.
Bretagne démembrée à la géographie trompeuse, langues bretonnes quasi éradiquées que l'on n’entend plus dans les rues et entre amis, l'identité même oubliée pour se fondre dans une grand vide "moderne" et peuple breton dispersé pour le travail.
Triste république ... comme Tristes tropiques.
@anholldud, Concernant le multiculturalisme c'est une idéologie en fin de vie, le Danemark et le gouvernement sociale-democrate de Mme Frederiksen une femme de gauche ont mit un terrible coup de frein à l'immigration afin de sauver l’état providence et regagner la confiance du vote populaire parti à l’extrême droite, la-bas si vous êtes immigrationniste vous n’êtes plus élu.
Il faut savoir que le Danemark est le pays d'Europe le plus avancé sur l'immigration et le multiculturalisme et que ce cycle se termine.
Si Le Clezio est vraiment féru des migrants alors sur ce point il appartient au passé c'est son droit le plus légitime.
Bretons nous sauverons Breizh en regardant plus loin que le crépuscule idéologique de paris.
@Jo, La misère même si elle a exister n'a pas concerner tout le monde en Bretagne, moi même mes ancêtres s'en sont plus ou moins bien sortis, je n'ai jamais entendu ma famille parler de famine, de vivre dénuder ou d’être au chômage.
D’ailleurs je pense qu'il vallait mieux vivre ici même pauvre que de finir prostituer comme une des très nombreuses bretonnes dans les rues de paris ou trimer dans une usine qui te fais crever à 60 ans pour une paie de merde et vivre dans un clapier à lapin...quelle humanité ces bons colonisateurs...nous envahir, nous ruiner, nous exploiter et nous faire crever.
Non , la langue bretonne n'est pas morte. An avel zo ganeomp ! comme dit Xavier. Merci M. Le Clezio. C'est lorsqu'on a la chance d'avoir des identités multiples que l'on peut parler avec autant de force, de vérité et d'émotions de chacune d'entre elles. Et puis comme il faut bien être de quelque part pour aller vers d'autres ailleurs, Pen Ar Bed est un bon port d'attache. Vraiment merci. Je vais aimer votre livre.
J. FISHMAN d'après la thèse de Anna TRESHOLAVA:
"Il voit le coeur du maintien et de la vitalité dʼune langue dans la transmission
intergénérationnelle et propose les recommandations pratiques suivantes :
- commencer « par le bas » - donc, par la famille et les relations de proximité comme
voisinage, communautés et réseaux amicaux
- ne pas gaspiller ses efforts en voulant atteindre tous les buts souhaités à la fois
- viser à tout moment lʼobjectif principal : la transmission intergénérationnelle
Pour Fishman, lʼassistance par le haut fait partie de la revitalisation, mais nʼa pas dʼeffet si
les structures de proximité ne sont pas renforcées en amont (Fishman 1991 : 4-12). Le point
de départ de toute action de ce type se trouve dans la conscience et la volonté collective dʼune
population donnée"
Paul MOLAC a raison quand il dit qu'il faut travailler sur la population Bretonne.