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Bruno Carrère, maire de Uztaritz
Bruno Carrère, maire de Uztaritz
- Dépêche -
Le basque ne peut pas être langue co-officielle d'une ville du Pays Basque français
Le Tribunal administratif de Pau a annulé aujourd'hui une délibération du Conseil municipal d'Ustaritz, une ville de 6 200 habitants près de Bayonne, qui faisait du basque une des deux langues
Philippe Argouarch pour ABP le 27/01/15 18:29

Le Tribunal administratif de Pau a annulé aujourd'hui une délibération du Conseil municipal d'Ustaritz, une ville de 6 200 habitants près de Bayonne, qui faisait du basque une des deux langues officielles de la ville. La liberté d'expression, une valeur de la République ?

Le communiqué AFP se garde bien de parler de bilinguisme et certains médias pourront penser qu' Ustaritz voulait substituer le basque au français, ce qui n'est pas du tout le cas.

Le 26 juin 2014, le Conseil municipal d'Ustaritz avait adopté une motion par 22 voix pour, quatre contre et trois abstentions dans le but de rendre le bilinguisme officiel. Il déclarait "la langue basque, l'euskara, langue officielle de la commune, au même titre que le français."

Faire bouger les lignes

Le maire Bruno Carrère (abertzale gauche nationaliste) avait indiqué que l'officialisation de la langue basque était "un engagement électoral" et avait évoqué une "volonté de faire bouger les lignes".

Le 27 novembre dernier, le Conseil municipal avait aussi adopté un programme pour renforcer l'utilisation de la langue basque au sein de la ville, un programme, celui-ci, tout à fait légal, mais audacieux.

"Afin de rendre bilingue (euskara/français) la vie sociale de la commune, la mairie encouragera les processus visant à intégrer la langue basque dans les différents secteurs. A cette fin, elle organisera des manifestations culturelles et de loisirs en euskara à l'attention des enfants, des jeunes et des adultes, en partenariat avec les associations ½uvrant en faveur de l'euskara. La mairie mettra en place des campagnes afin de promouvoir l'usage de l'euskara dans tous les secteurs de la vie sociale et culturelle, et plus particulièrement dans les secteurs commerciaux, des métiers, culturels, sportifs. Pour cela, elle s'adressera aux organismes ½uvrant dans ces secteurs. Le principal objectif de ces campagnes sera d'encourager les entreprises, les commerces et autres organismes de tout type à mettre en place des Plans de normalisation de la langue basque. "

Voir dans le PDF des délibérations du Conseil municipal du 26 juin 2014, tous les arguments juridiques basés sur les Droits de l'Homme et autres conventions internationales, présentés lors du vote en faveur d'une commune bilingue.

Extrait :

"-Vu la Convention sur la protection et la promotion de la diversité des expressions culturelles de l’UNESCO ratifiée par l'État français le 20 octobre 2005,"

"- Considérant l’article 1 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme déclarant que: Tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Ils sont doués de raison et de conscience et doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité."

"- Considérant l’article 2.1 de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme précisant que: Chacun peut se prévaloir de tous les droits et de toutes les libertés proclamés dans la présente Déclaration, sans distinction aucune, notamment de race, de couleur, de sexe, de langue, de religion, d'opinion politique ou de toute autre opinion, d'origine nationale ou sociale, de fortune, de naissance ou de toute autre situation."

"- Considérant que la langue basque, l'euskara, est langue autochtone de notre commune et qu’elle est à l'origine du nom de notre territoire (le Pays basque), mais que les droits linguistiques de ses locuteurs ne sont jusqu'à aujourd'hui, pas respectés, Le Conseil municipal, après avoir entendu l’exposé des rapporteurs et en avoir délibéré :"

"- DECLARE la langue basque, l'euskara, langue officielle de la commune, au même titre que le français."

Document PDF cm_26_juin_20141_01.pdf Délibérations du 26 juin 2014. Source : Mairie de Ustaritz
Voir aussi :
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Philippe Argouarch est un reporter multi-média ABP pour la Cornouaille. Il a lancé ABP en octobre 2003. Auparavant, il a été le webmaster de l'International Herald Tribune à Paris et avant ça, un des trois webmasters de la Wells Fargo Bank à San Francisco. Il a aussi travaillé dans des start-up et dans un laboratoire de recherche de l'université de Stanford.
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Vos 8 commentaires :
Job LE GAC Le Mardi 27 janvier 2015 21:45
C'est comme ça que l'on tue une Culture . .. ! ! !
Vive la Démocratie, et non les républiques bananières . . ! ! !
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Lucien Le Mahre Le Mercredi 28 janvier 2015 11:29
Selon les règles européennes et au delà : celles des Droits Humains, le droit du citoyen à sa langue historique est imprescriptible et devrait donc s'appliquer dans tout Etat de Droit digne de ce nom.
Ainsi en République Française, la traduction de ces principes devrait aboutir naturellement à la co-officialité des langues historiques (dites régionales) là où elles ont cours, avec la langue commune : le français, parlé à présent par tous.
Pas d'opposition entre langue historique régionale et langue commune, sauf à vouloir faire de la "langue commune" une "langue unique", ce qui est démocratiquement frauduleux.
Le truc étant alors d'en donner un minimum aux langues régionales pour ne pas encourir les foudres des démocraties extérieures, mais pas suffisamment quand même (quasi exclusion du domaine public) afin de bien s'assurer de leur rapide agonie.
L'acharnement aveugle de l'idéologie jacobine française à résister sur tout le territoire aux principes démocratiques de base en la matière, de nature objectivement obscurantiste, se révèle de surcroit totalement désespéré chez nos amis Basques ou Catalans qui voient respectés outre Pyrénées, à quelques kms de leur domicile seulement, tous les droits qui leurs sont refusés ici.
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Louis Le Bars Le Vendredi 30 janvier 2015 10:30
Très bonne idée de rappeler le décalage entre l'interdiction du basque dans les assemblées délibératives du pays basque et celle de la liberté d'expression et de la Démocratie...on a là une contradiction évidente.
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Yann LeBleiz Le Vendredi 30 janvier 2015 17:00
Félicitation au conseil municipal d'Ustaritz!
Il ne vous reste plus qu'à appliquer votre décision de manière illégale vis à vis de la République ce qui n'est rien étant donné que vous serez en conformité avec le droit international!
Et à inciter les autres conseils municipaux à vous suivre!
Mieux vaut être illégal, qu'immoral!!!
En Bretagne vos alter égo, si la même idée leurs venait à la tête ce qui est fort improbable, il foncerait demander l'avis du PS en Bretagne, qui demanderait au PS à Paris, qui rigolerait un bon coup, et cela s'arrêtait là...!
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Younn Talec Le Vendredi 30 janvier 2015 21:23
Il y a je crois une mairie qui édite illégalement des livrets de famille bilingue, la mairie de Carhaix, le préfet de la ripoublique je crois préfère laisser faire plutôt que ça fasse du bruit à l'international.
Ya pas de mairie bretonne à s'unir avec des mairies basques, occitanes, corses...etc pour co-officialiser "illégalement" le breton en Bretagne et le basque en Euskadi etc...?? La désobéissance civile pronée par Thoreau, Gandhi, Luther King...a pourtant balayé des des appartheid culturels et des régimes autoritaires que l'on croyait invincibles...
Vive les causes justes et les pays ou le mot Liberté a encore un sens !
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Pierre Souris Le Mercredi 4 février 2015 04:23
Je suis traducteur interprète de profession, bilingue français grec moderne, avec une excellente connaissance de l'anglais et du russe au niveaux oral, écrit et parlé. En outre je lis sans problèmes onze autres langues, exclusivement des Pays d'Europe Centrale et Orientale, plus le turc et le grec ancien. J'ai justement quelques notions rapides en occitan version rouerguate, en breton KLT, en basque et en corse. Aussi trouvé-je totalement stupide, aberrante, ubuesque et arbitraire cette annulation de la décision du Conseil municipal d'Ustaritz. Je vais relayer cette triste nouvelle auprès de mes "fellow members", mes confrères et consoeurs du Syndicat Français des Traducteurs à Paris et nous pourrions nous mettre en contact avec les conseils municipaux prêts à faire de même, proclamer une ville bilingue, pour agir ensemble. Nous devons faire comprendre aux pouvoirs publics français que l'état de bilinguisme d'un individu ou d'une population, même très localement,n'est qu'un bienfait pour l'éveil culturel, psychologique, social et sociétal d'une population, je veux dire surtout des jeunes générations qui baignent dans un univers franco-français dans notre pays. Et puis ces mêmes pouvoirs publics tendant désespérément de faire de nous tous des soi-disant bilingues anglais français (voir l'échec patent de l'enseignement des langues étrangères en France) doivent comprendre qu'une ou une bilingue breton-français, basque français, corse-français, catalan français, occitan français, alsacien français, etc. surtout s'il eu elle l'est depuis l'enfance (preuve de son bilinguisme réel), il ou elle, habitué(e) à d'autres fréquences, à une autre grammaire, bref à une seconde Weltanschauung (vision du monde selon les philosophes allemands), n'en pourra que mieux et plus facilement apprendre l'anglais, l'allemand, l'espagnol, l'italien, le russe, le chinois, etc.. Claude Hagège le grand linguiste de chez nous dit d'ailleurs que miser tout sur l'anglais dès la maternelle n'est qu'un leurre, sauf si cet enseignement est accompagné d'un éveil à l'Autre, à toutes les autres cultures, à commencer par nos cultures traditionnelles bien de chez nous dans l'Hexagone. Pêr Jakez Hélias le disait bien dans son Cheval d'Orgueil sur le pays bigouden, écrit d'abord en breton, il avait une vision francophone du monde et une autre bretonnante. Nos gouvernements devraient savoir que lutter contre le racisme, l'antisémitisme et la xénophobie passe par un éveil à des cultures très différentes de la nôtre. Il ne faut sur le territoire français pas aller bien loin pour trouver des mentalités, des "visions du monde" comme je disais, très différentes de celles de la capitale jacobine. Il ne s'agit pas ici de mettre Paris en porte à faux, mais de rééquilibrer le "pouvoir culturel" aux mains des deux rives de la Seine. Il ne s'agit pas non plus d'une fronde quelconque, puisque derrière ces revendications culturelles, identitaires et linguistiques ne doit se cacher aucune velléité plus politique au sens d'une revendication indépendantiste. Je pense que nous sommes tous assez attachés à la République, à la Marseillaise, au drapeau tricolore, au Chant des Partisans qui me fait frissonner d'émotion pour ne pas tomber dans ces ornières faciles. Parler breton, occitan, catalan, basque, corse etc. sur notre territoire national est un droit historique donc légitime. J'ai l'impression que l'exercice réel et non "folklorique" de ce droit fait peur à tous les diplômés de l'ENA et de Sciences-Po qui se reproduisent entre eux depuis leurs hautes sphères au mépris du "bas" peuple. Les pouvoirs publics français doivent laisser respirer les régions périphériques "différentes" du "centre de gravité". Ces mêmes autorités prennent les revendications linguistiques et culturelles en question comme une menace comparable à ce qui s'est passé en Yougoslavie et en Union soviétique. Mais l'on est aux antipodes Messieurs Mesdames. C'est justement en empêchant les Corses (question la plus épineuse) d'être totalement bilingues dans leur vie quotidienne que l'Île de Beauté finira par péter les plombs contre Paris. Moi qui suis auvergnat de naissance et qui regrette que notre dialecte occitan ne soit plus qu'un souvenir sur nos terres, je pense que les professeurs et formateurs en langues, les traducteurs, les interprètes, les écrivains, les chanteurs, les acteurs de théâtre et de cinéma, les conseils municipaux en régions en partie allophones etc. doivent proposer une exception culturelle bretonne, occitane, basque, corse ,catalane sur notre beau territoire national. Je n'ai aucune possibilité de me faire entendre plus loin que les bars de mon quartier pour le moment, mais je vous propose ici d'inventer ce que j'appelais les "exceptions culturelles régionales en France".
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Per-Lannig Helias Le Vendredi 6 février 2015 00:40
Pendant ce temps les petits "dictateurs" de wikipedia France bannissent la présentation des noms de villes dans leurs langue d'origine comme c'est pourtant la coutume sur Wikipedia Anglais et Allemand, et fut la coutume sur Wikipedia France. Une armée de bons petits soldats de l'An I.
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Lucien Le Mahre Le Vendredi 6 février 2015 12:24
@Pierre Souris
Merci de votre soutien. Votre analyse de polyglotte éclairé confirmera sans doute la plupart de nos observations, de nos réflexions et de nos expériences de terrain.
Tenez, et même si une hirondelle ne fait pas le printemps, un exemple parmi tant d'autres : il y a deux ou trois ans les deux meilleurs élèves en classe de terminale d'une parente prof d'espagnol dans un lycée public, étaient les deux seuls bilingues franco-breton issus de la filière Diwan.
Pour reprendre le chapitre politique qui sous-tend en permanence la question linguistique : dans une France constituée de peuples différents, finalement réunis par un Etat francien fort et habile (qui poursuivit plus tard sa progression outremer dans l'expansion coloniale) on a souvent tendance à sur-valoriser le rôle de la superstructure étatique au détriment de l'écoute du peuple.
C'est peut-être d'ailleurs là que réside la débat français toujours assez ambigu entre "république" et "démocratie"...
Pourtant, un simple coup d'oeil au réseau des routes et des chemins de fer disposés en étoile comme une toile d'araignée à partir du centre parisien, nous en dit plus que mille explications sur la nature centralisatrice de notre administration. Même s'il y a eu quelques indéniables progrès depuis, la structure n'a pas fondamentalement changé.
Sur ces orientations lointaines, nos élites sont de plus élevées plus ou moins hors-sol dans le culte intégriste d'une République Jacobine rejetant comme impie l'alternative "fédéraliste" (terme générique) option tout aussi républicaine et plus démocratique de surcroit.
Celle-ci mettrait certes un terme à leur vision pyramidale de l'Etat et bouleverserait probablement leurs ambitions carriéristes en rebattant les cartes, mais ne provoquerait absolument pas le chaos ainsi qu'ils le prétendent, prenant leur cercle clos pour un curseur à valeur universelle....
Bien au contraire, n'est-ce pas l'ambition démocratique de se rapprocher de volontés de hommes, d'adapter mieux l'Etat aux réalités des citoyens qui, il ne faudrait pas l'oublier, le nourrissent par leurs impôts ? N'est-ce pas non plus la meilleure garantie d'adhésion ?
Pourtant cette éventualité largement en place dans d'autres pays comparables - de la Suisse aux USA en passant par l'Allemagne et l'Espagne - inquiète non seulement nos élites des grandes métropoles, mais affole jusqu'au lieu-dit la kyrielle de leurs commensaux régionaux qui prospèrent gentiment dans l'acceptation des pratiques actuelles.
Voici donc en résumé pourquoi je verrais au final une autre formulation que celle "d'exception" pour la défense des langues et cultures régionales, le mot impliquant une faveur, une dérogation au droit général que pour ma part je récuse, puisque c'est la co-officialité qui figure dans les Droits Fondamentaux de l'Homme et du Citoyen et qu'il appartient avant tout à l'Etat Français de respecter.
Car pour le moment, c'est lui qui est en état d'exception démocratique pour les limitations qu'il impose à ces langues et cultures légitimes et pourtant pas encore complètement légales chez nous. Ce n'est donc pas à nous de demander une exemption au non-droit, mais bien à lui d'établir le droit.
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