Les gouvernements français aiment commémorer. Lorsqu’ils viennent en Bretagne, le plus souvent, c’est pour y saluer l’armée où y faire des promesses non-tenues. Cette fois, le Premier ministre a trouvé un autre prétexte. C’est dans le cadre de la Journée nationale des mémoires de la traite, de l’esclavage et de leur abolition, qu’il est venu à Brest, ce samedi 10 mai 2025. François Bayrou s’est rendu au pied de la statue « Mémoires » . Il était accompagné de Jean-Marc Ayrault, président de la Fondation pour la mémoire de l'esclavage, ancien Premier ministre bien connu pour ses préoccupations à soutenir le Peuple Breton dans sa volonté de réunification de son territoire...
Une cinquantaine de spectateurs : « Ils sont moins nombreux que les officiels » , nous dit le journaliste d’Ouest-France. Le journaliste précise aussi : « Il faut dire que le lieu est bien choisi. Il n’y a qu’un seul chemin, piéton, pour y accéder, et les policiers n’ont aucun mal à quadriller la zone. » A noter également qu’au préalable, le préfet du Finistère avait pris un arrêté pour modifier les conditions de circulation, de stationnement, et de navigation autour de la zone concernée par la cérémonie.
Peu de monde donc et une cérémonie entre soi ! Ce type de commémorations dont raffolent les présidents de la République, François Hollande en son temps, aujourd’hui Emmanuel Macron, servent à se donner bonne conscience et à détourner le regard des citoyens des problèmes de société actuels. Sauf qu’aujourd’hui, les gens n’en peuvent plus de toutes ces leçons de morale à géométrie variable.
L’opération ne consiste pas uniquement à s’acquitter d’un devoir de mémoire qui, en soi, est une bonne chose. Il s’agit aussi d’inclure les Européens d’aujourd’hui, et donc les Bretons, dans une nasse de culpabilisation éternelle. « Ces Bretons, en fin de compte, qu’ont-ils donc à se plaindre ? » , peut-on comprendre en substance. Nous ne sommes pour eux que du folklore. Voilà ce que nous rappelle, une fois de plus, cette visite d’un Premier ministre pour qui la Bretagne n’est qu’un simple décor de communication.
Au moment où l’insécurité culturelle et physique gagne du terrain en Bretagne, cette visite hors-sol donne la mesure de l’indifférence des élites françaises aux difficultés quotidiennes des gens ordinaires. Au moment où toutes les structures culturelles bretonnes, et principalement celles liées à la pérennité de la langue bretonne, sont en grave difficulté, cette visite sonne faux. Nous ne sommes pas - nous - au stade de la mémoire, nous sommes au stade de notre survie en tant que peuple distinct. D’où la question suivante : avons-nous les bonnes organisations bretonnes pour nous faire entendre et relever la tête ?